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Devises - Thierry Hebraud, CEO de la MCB : «Nous ne pouvons pas donner les dollars qui ne sont pas les nôtres»

La disponibilité de devises continue de faire débat. Dans le dernier podcast MCB Talk, Thierry Hebraud, le CEO de la MCB, fait le point sur le marché du forex et répond aux critiques selon lesquelles les banques seraient responsables du problème de manque de devises.

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L’origine du problème 

La question du manque de devises étrangères sur le marché a évolué au fil du temps, indique Thierry Hebraud. « Si l’on prend l’exemple de la période de la covid-19, le secteur de l’hôtellerie et de la restauration - l’une des principales sources de devises étrangères pour le pays - était presque à l’arrêt. Dans le même temps, nous avons continué à avoir des besoins d’importations », explique le CEO de la Mauritius Commercial Bank (MCB). Le pays avait besoin d’énergie et de marchandises, entre autres. « Ainsi, durant cette période, il y avait un déséquilibre évident entre nos revenus et nos dépenses en devises étrangères », ajoute-t-il. 

Facteurs qui ont contribué à la situation actuelle  

Depuis, il y a eu une reprise de l’économie, en particulier dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. L’immobilier et d’autres secteurs qui apportent des devises étrangères dans le pays ont suivi le pas. « Nous pouvons considérer aujourd’hui que les recettes en devises étrangères ont augmenté de manière substantielle. Mais en même temps, nous avons été exposés à plusieurs problèmes qui ont conduit à la situation actuelle », fait observer Thierry Hebraud. 

Premièrement, poursuit-il, comme c’est le cas dans de nombreux pays du monde, les gouvernements ont injecté et imprimé énormément de liquidités pendant la période de crise, afin de préserver leurs économies et leurs populations. « Ce qui a eu deux conséquences majeures pour un pays comme Maurice : l’inflation et la dévaluation de la roupie par rapport au dollar américain et à d’autres devises étrangères », explique-t-il. 

Le deuxième problème auquel le pays a été confronté est que, dans le même temps, ces liquidités injectées ont soutenu l’augmentation de la consommation, souligne Thierry Hebraud. « Notre pays importe presque tout ce qu’il consomme... Ce qui a donc creusé l’écart entre les revenus et les dépenses en devises étrangères. Enfin, durant cette période, les taux d’intérêt sur le dollar américain et l’euro en particulier ont augmenté de manière substantielle et à un niveau plus élevé que les taux d’intérêt sur la roupie », explique-t-il. 

Ainsi, aujourd’hui, les exportateurs qui possèdent des devises étrangères n’ont aucun intérêt à changer leurs dollars en roupies. « Car pourquoi le feraient-ils s’ils étaient moins bien rémunérés ? Voilà l’ensemble des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui », résume Thierry Hebraud. 

Réponse aux critiques vis-à-vis des banques 

Thierry Hebraud est conscient que les banques sont pointées du doigt face au problème de disponibilité de devises. « Je tiens à dire que chaque devise étrangère, chaque dollar que nous gagnons dans le cadre de nos propres activités, nous le fournissons à nos clients pour répondre à leurs besoins. » Et de poursuivre : « Mais ce que nous ne pouvons pas faire - et il y a souvent une confusion de nos clients et de la population à ce sujet -, c’est que nous ne pouvons pas donner les dollars qui ne sont pas les nôtres. Par-là, je veux dire les dollars qui sont sur les comptes de nos clients ». 

Solutions

Le CEO de la MCB est convaincu que la situation est gérable. « Si toutes les parties prenantes - la Banque centrale, les exportateurs, les banques - travaillent vers un même objectif, nous serons en mesure de trouver une solution pour aller progressivement vers la normalité », recommande Thierry Hebraud.

Chiffres à retenir 

1,2 million de clients

La MCB compte aujourd’hui environ 1,2 million de clients sur une population de 1,3 million d’habitants.

1er banque en Afrique de l’Est

La MCB est désormais la première banque en Afrique de l’Est et la 13e sur le continent, avec une présence significative dans des marchés niches, comme le Private Equity, le Trade Finance et le financement du pétrole et du gaz.

Les deux principaux défis de la MCB…

  • La congestion dans les agences due à l’afflux de clients 
  • Les difficultés à répondre à leurs requêtes avec suffisamment de diligence

…et les mesures prises pour remédier à la situation

  • Création des groupes de travail afin d’analyser la situation en profondeur et trouver des solutions efficaces et pérennes. 
  • Mise en place d’un département bancaire spécifique l’an dernier, celui du Domestic Banking qui regroupe le Retail Banking et le Business Banking, pour améliorer la cohérence opérationnelle de ces deux segments qui regroupent les clients locaux (individuels et PME), et de mieux répondre aux spécificités de ces marchés.

Il a aussi dit 

  • « La satisfaction des clients est un indicateur clé de performance pour les employés de la MCB » 
  • « Aujourd’hui, la MCB est quasiment une banque publique… nous avons perdu notre capacité à nous adapter à la situation et nous ne nous sommes pas équipés de la bonne façon. »
  • « Il y a  l’hypocrisie des pays du nord qui tentent de limiter le développement socio-économique du continent. Le continent doit rassembler ses forces afin de défendre ses droits au développement durable, via l’approche de la Just Transition. »
  • « Il est encore trop tôt pour évaluer les effets du gouvernement de Donald Trump sur l’Afrique… Nous sommes entrés dans une configuration dans laquelle les superpuissances imposeront leurs points de vue et les négociations bilatérales prendront le pas sur les accords globaux. »

Notation de Moody’s

La MCB a réagi face à la décision de Moody’s de revoir ses perspectives de « stable » à « négative ». « Tout en maintenant la note souveraine de Maurice à Baa3, Moody’s a modifié la perspective de stable à négative, entraînant un ajustement similaire pour la perspective de la MCB, première banque du pays », soutient la direction de la MCB dans une déclaration le jeudi 6 février. Il est important de souligner que la MCB conserve son rating Baa3, reflétant sa solidité financière, ajoute la direction. « Ainsi, la MCB demeure l’une des rares banques du continent africain à être Investment Grade. Selon Moody’s, la confirmation de la note de la MCB, reflète la capacité de la banque à générer des bénéfices, ainsi que ses solides réserves de capitaux et de liquidité », a conclu la direction. La MCB  a été élue banque africaine de l’année 2024.

 

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