Quel avenir pour Agalega ? Le thème a été débattu lors de l’émission Au Cœur de l’Info, avec Jean-Luc Emile, sur Radio Plus, mardi. Il a été notamment question des infrastructures construites sur l’île et aussi de la difficulté de mouvement des habitants entre Maurice et Agalega et vice versa.
Intervenant par téléphone d’Agalega, Franco Poulay, un habitant de l’archipel, se dit surpris du résultat des travaux entrepris par le gouvernement indien, notamment la construction d’une piste d’atterrissage de trois kilomètres et de sa tour de contrôle, de son terminal pour passagers, d’un hangar et d’une nouvelle jetée, entre autres. « Il y a des bâtiments impressionnants, lesquels sont barricadés par des clôtures métalliques et fermés par des portails. Nu mem pa kone ki sa bann batiman-la. Ban abitan poz kestion », dit-il.
Franco Poulay révèle que même si les travaux sont achevés, il y a toujours des travailleurs indiens, de la compagnie Afcons, sur l’île. « Ils sont en train d’ériger un centre pour les Agaléens dans le Village 25. Me pe mont sa ek feray, tol, alor ki ban lezot batiman an beton ».
L’habitant d’Agalega soutient que les Agaléens n’ont reçu aucune communication officielle sur ce qui va se passer une fois les travaux achevés. Déjà, souligne-t-il, que c’est à travers la radio qu’il a su qu’une cérémonie d’inauguration des nouvelles infrastructures est prévue en décembre. « Reste à savoir si nous allons obtenir notre part. Mais jusqu’ici, aucune formation n’a été offerte aux jeunes pour qu’ils puissent y travailler », dit-il.
Mouvements
Le problème de mouvement entre Maurice et Agalega a aussi été abordé. Présent sur le plateau, Laval Soopramanien, président de l’Association des amis d’Agalega, dit comprendre l’inquiétude et la colère de ceux qui ne puissent faire le va-et-vient. Selon lui, la priorité aurait dû être accordée aux femmes qui doivent accoucher ou à ceux qui ont besoin d’une assistance médicale urgente. « Pou mwa, ena dimounn ki al Agalega me ki pa ti bizin ale. Zot ti kapav sed zot plas », estime-t-il.
Yéline Poulay vit à Maurice. Elle laisse entendre que depuis 2015, elle multiplie les démarches pour pouvoir rejoindre ses fils à Agalega, en vain. « Sak fwa [dir] pena plas dan bato », allègue-t-elle. Or, Yéline Poulay soutient que cela nuit aux familles. « Lafami disperse, poz boukou problem », soutient-elle. Et d’ajouter : « J’aurais aimé passer plus des temps avec ma famille. Mes enfants sont à Agalega et moi, je suis à Maurice. Monn deza retouv mwa tousel dan enn fet », soutient-elle.
Shakeel Mohamed, député travailliste de la circonscription Port-Louis Maritime/Port-Louis Est (3) - dont Agalega fait partie -, a rappelé que les discussions pour la construction des infrastructures à Agaléga avaient commencé sous le gouvernement travailliste avant 2014. Cependant, il juge « inacceptable » qu’aucun candidat dans cette circonscription n’ait pu entreprendre un voyage dans l’île en marge d’une élection générale.
Or, selon le député rouge, c’est un quelque chose d’élémentaire. « Il faut que les Agaléens puissent écouter ce qu’il a à dire de sorte à pouvoir faire un choix sur le représentant au Parlement », estime-t-il. Shakeel Mohamed avance qu’il a dû « trimer » pour avoir l’autorisation du Bureau du Premier ministre pour pouvoir se rendre à Agalega. « Alors que j’envisageais de porter l’affaire en Cour suprême, estimant qu’il s’agit d’un viol de la Constitution, je reçois une lettre m’indiquant que je pouvais faire le voyage par bateau à condition que je fasse une réservation auprès de l’Outer Islands Development Corporation. An dot mo, res atan ek enn labouzi rouz ! », déplore-t-il.
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