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Agression mortelle de Sébastien Saumou : dans les champs de légumes, une colère larvée contre les voleurs

  • Kreepalloo Sunghoon : « Une véritable mafia s’est mise en place »

Le drame survenu samedi à Riche-Mare, Flacq, où un homme a été battu à mort après avoir été surpris en train de voler des piments, continue de faire des vagues. Si les planteurs – que ce soit ceux du Nord, de La Prairie, ou même de l’Est – ne cautionnent pas l’acte de violence, plusieurs d’entre eux affirment néanmoins ne pas être surpris par un tel dérapage. Pour eux, cet incident souligne un problème bien plus vaste : les vols à répétition dans les champs, exacerbés par la flambée des prix des légumes sur le marché.

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Le drame s’est produit lorsque Danraj Ram, un planteur de 53 ans, a surpris Sébastien Saumou, 34 ans, en train de dérober sa première récolte de piments, la plus précieuse du cycle de production, soit 35 kilos estimés à Rs 14 000. Selon ses aveux à la police, l’agriculteur, dont le fils, un policier en congé traitait alors les champs au pesticide, a tenté de maîtriser le voleur. Il l’aurait frappé à plusieurs reprises avec le manche d’une pioche. Sébastien Saumou, blessé, n’a pas survécu à l’agression.

Dans les milieux agricoles, l’émotion est palpable, mais les langues se délient. Pour nombre de planteurs, ce n’est qu’un épisode tragique d’un phénomène de plus en plus répandu. « Ce n’est que le sommet de l’iceberg », affirme Kreepalloo Sunghoon, secrétaire général de l’Association des planteurs de Maurice. « Je comprends la colère de ce planteur. Il a travaillé dur pendant des mois dans l’espoir de vendre sa production et subvenir aux besoins de sa famille. Quand tout est volé en une nuit, cela pousse certains à bout. Même si je ne justifie en rien cet acte, il faut comprendre cette colère et ce désespoir. »

Pour lui, le problème est à la fois économique et sociétal. « Il y a des gens désespérés, des toxicomanes, des voleurs organisés. Une véritable mafia s’est mise en place. Ils sillonnent les campagnes, repèrent les champs prêts à être récoltés, viennent avec des camions la nuit et emportent tout. Ensuite, ces légumes sont revendus aux enchères à Wooton, ou encore à des marchands des foires et marchés qui sont tout autant complices. »

Il évoque même l’existence d’un système de commandes. « Des encanteurs ou des maraîchers passent commande de certains légumes. Les voleurs se débrouillent pour les obtenir, peu importe comment. Ils les revendent à bas prix, et les revendeurs font du profit sur le dos des petits planteurs », affirme Kreepalloo Sunghoon.

Pour lutter contre ce fléau, Kreepalloo Sunghoon préconise une solution : la traçabilité. « Il faut exiger des documents prouvant l’origine des produits, que ce soit à Wooton, dans les marchés ou même auprès des marchands de rue. On doit leur demander d’où viennent les légumes, qui les a livrés, où sont les reçus. Mais pour cela, les institutions doivent sortir de leurs bureaux et agir sur le terrain. »

Il conclut avec un exemple criant : « Lors de la récolte des melons d’eau, les voleurs attendent que les planteurs rentrent chez eux après une nuit de veille, puis ils récoltent tout et vont les revendre à l’encan. Ce genre de pratique est connu. Ce qu’il faut, c’est de la volonté politique pour que cela cesse. » 

L’Agro-industrie se penche sur le dossier 

Bien qu’aucune déclaration officielle n’ait encore été émise, des sources au sein du ministère de l’Agro-industrie laissent entendre que le problème des vols dans les champs est pris très au sérieux. Selon nos informations, des discussions sont en cours pour identifier des solutions concrètes afin de protéger les récoltes des planteurs, de plus en plus ciblées par des réseaux organisés. « Toutes les options sont sur la table », fait-on comprendre.

 

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