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Dégradation du tissu social : le public a peur

Drogue, violence, accidents fatals et meurtres sont des fléaux qui gangrènent la société mauricienne. Récemment, le meurtre du petit Ritesh Goorbin a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La dégradation sociale a-t-elle atteint un point de non-retour ? La parole au public.

Yuvna Ramgoolam, 31 ans : « Je constate que la peur s’installe »

Yuvna RamgoolamPour Yuvna Ramgoolam, gérante d’une société, on ne se sent plus en sécurité à Maurice. Ce n’est pas seulement à cause de ce meurtre ou le nombre de crimes, mais à cause de l’atrocité avec laquelle ils sont commis.

« C’est vraiment triste, ce qui est arrivé au petit Ritesh. Cela a choqué plus d’un. Un groupe d’individus s’est mobilisé pour un candlelight, mais est-ce que cela suffit ? C’est certes un bon point de départ, qui démontre que la population est révoltée par ce meurtre, mais moi, je constate que la peur s’installe. Peut-on vraiment faire confiance aux autres ? »

Maurice était connu comme une île paradisiaque, mais est-ce toujours le cas ? s’interroge Yuvna Ramgoolam. Elle estime qu’il est temps d’apporter des amendements à la loi : « Bon nombre de Mauriciens n’ont pas confiance en nos institutions, en la force policière. Il faut réintroduire la peine de mort, surtout pour les meurtres prémédités. Il est temps de prendre conscience, de protéger nos enfants et nous-mêmes. Se servir des réseaux sociaux pour faire de grands débats ne sert à rien, il est temps d’agir. »

« C’est la responsabilité de chaque citoyen de voir comment il peut contribuer à sauver notre société, qui est à la dérive. Un changement de mentalité s’impose. On ne peut plus dire : Ce n’est pas mon problème, ou : Cela n’arrive qu’aux autres », affirme-t-elle.


Asif Aullybux, 22 ans : « Trop, c’est trop »

Asif Aullybux« Trop, c’est trop. Égorger un enfant de 11 ans est impardonnable. Mais où va-t-on dans ce pays ? La drogue synthétique, les accidents fatals, les drames familiaux et la violence sont des problèmes qui font la Une des journaux au quotidien. »

« Plusieurs personnes évoquent la réintroduction de la peine capitale, mais je ne pense pas que ce soit la solution. La drogue synthétique fait des ravages, même si le gouvernement continue à opter pour la répression. En tant que jeune, j’estime que certaines lois sont dépassées », estime-t-il.

« De plus, il ajoute que le Metro Express n’est pas une priorité. La création d’emploi et de loisirs pour les jeunes changera les choses. Il faut encourager les jeunes à prendre des initiatives et à contribuer à l’avancement du pays », suggère-t-il.


Kamla Bhiwa, 62 ans : « Ce n’est pas l’île Maurice que j’ai connue »

Kamla BhiwaIl n’y a moins de respect envers son prochain. C’est l’avis de la sexagénaire Kamla Bhiwa. Elle nous confie qu’elle est offusquée, quand elle voit le comportement des jeunes. « Les jeunes décident d’agir comme bon leur semble. Ils fument et boivent en public et se comportent comme des vagabonds. »  

« Aujourd’hui, tuer son prochain est devenu un acte banal pour certains. Il faut laisser les autorités, les policiers faire leur travail. Il ne se passe pas un jour sans qu’on n’entende parler d’un crime, d’un accident ou d’un problème. Quand j’apprends que les jeunes se droguent et mettent en péril leur vie, cela m’attriste profondément. Pour moi, c’est un autre univers. Ce n’est pas l’île Maurice que j’ai connue. »

« Auparavant, les enfants avaient peur des aînés. Maintenant, les enfants connaissent leurs droits et leurs parents ne peuvent rien faire pour les corriger. Or, on ne peut blâmer uniquement les parents. Ceux-ci n’ont pas de contrôle sur leurs enfants, une fois qu’ils quittent la maison », dit-elle.  


Ronald Modeley, 72 ans : « Il faut commencer par redéfinir le rôle des parents »

Ronald ModeleyRonald Modely parle de responsabilité parentale. Pour lui, il faut commencer par redéfinir le rôle des parents. La surexposition des adolescents aux nouvelles technologies est alarmante. « L’éducation commence à la maison. Les personnes âgées, nous constatons, parfois avec effroi l’évolution de la société. De nos jours, les deux parents travaillent et les enfants sont livrés à eux-mêmes. C’est vrai que les parents ne sont pas formés. Ils apprennent sur le tas, mais il faut se préparer avant le mariage. »

Selon lui, il faut une sensibilisation à tous les niveaux, si on veut d’une meilleure société. Il est temps que chacun revoie son rôle dans la société. « Si la violence existe à la maison, au sein d’un couple, l’enfant va reproduire la même chose. Il faut qu’il y ait des paramètres et s’assurer que l’enfant grandisse dans un environnement sain », insiste-t-il.


Rashna Pandea, 24 ans : « Je m’inquiète pour les jeunes de mon âge »

Rashna Pandea« La drogue est devenue un fléau qui gangrène notre société. Elle fait des ravages parmi les jeunes », lance Rashna Pandea, assistante de direction.

« Quand je vois cette situation, je m’inquiète pour les jeunes de mon âge. Les autorités doivent absolument tout mettre en œuvre pour éradiquer ce qui nuit à la société. Je prône une île Maurice sans drogue pour un avenir meilleur. Pour ma part, le meurtre de Gros-Cailloux a créé une grande frayeur. Il faut que la loi punisse sévèrement les personnes qui commettent ce genre d’atrocités. Prendre la vie d’un enfant innocent est ignoble. Enfermer le coupable derrière les barreaux ne rendra jamais justice. La sentence pour un meurtre doit être la pendaison, comme auparavant », dit-elle.

 

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