Michel Rocard, un socialiste réformiste qui fut à la tête du gouvernement français pendant trois ans (1988-1991) sous la présidence de François Mitterrand, est mort samedi après-midi 2 juillet à 85 ans dans un hôpital parisien, a annoncé à l'AFP son fils Francis.
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Il avait pris ses fonctions de Premier ministre dans la foulée de la réélection de François Mitterrand, juste après une période dite de « cohabitation » pendant laquelle le président socialiste avait perdu la majorité absolue au Parlement, Jacques Chirac (droite) dirigeant alors le gouvernement (entre 1986 et 1988). Michel Rocard, qui se qualifiait de « social-démocrate de dialogue », a notamment signé les Accords de Matignon, qui ont mis fin à des troubles en Nouvelle-Calédonie et accordé le droit à l'autodétermination à ce territoire français du Pacifique. Il a aussi instauré un Revenu minimum pour les personnes sans ressources. Celui qui, selon ses amis, fut le premier à gauche à introduire la notion de rigueur financière voulait incarner une vision rénovée de ce courant politique, portée par une forte exigence morale et la prise en compte des « contraintes de l'économie mondialisée » sans « renoncer aux ambitions sociales ». Le président français François Hollande a rendu hommage à « une grande figure de la République » incarnant un socialisme conciliant « utopie et modernité ». Le Premier ministre Manuel Valls, un socialiste issu de la même mouvance politique que Michel Rocard, a jugé que l'homme qui était à l'origine de son engagement politique incarnait « la modernisation de la gauche et l'exigence de dire la vérité ». Toujours « fier » d'être « rocardien », M. Valls s'est dit « un peu orphelin ». A droite, l'ancien président Nicolas Sarkozy, chef du parti Les Républicains, a salué le refus du sectarisme et le « sens de l'Etat » de Michel Rocard, auquel il avait confié une mission lorsqu'il était au pouvoir. L'ancien Premier ministre conservateur Alain Juppé a lui aussi rendu hommage au disparu, relevant « esprit agile, culture historique, goût du débat sans concessions mais sans sectarisme ». Un hommage national aura lieu à une date encore indéterminée. Dans un entretien publié la semaine dernière par l'hebdomadaire Le Point, Michel Rocard fustigeait la gauche française, « la plus rétrograde d'Europe » à ses yeux, et jugeait que « les droits des citoyens ne se résument pas aux acquis sociaux ». Né en août 1930 près de Paris, Michel Rocard, un fervent partisan de la construction européenne, était diplômé de l'ENA, la grande école qui forme l'élite politique en France. Hostile à la guerre d'Algérie, il a été à la tête de 1967 à 1973 du Parti socialiste unifié (PSU), « laboratoire d'idées » pour la gauche. Candidat à l'élection présidentielle de 1969, il n'avait recueilli que 3,6% des suffrages. Il a rejoint le Parti socialiste en 1974, trois ans après sa fondation. Mais Michel Rocard a défié François Mitterrand (élu chef de l'Etat en 1981) auquel il a reproché son « archaïsme », et la concurrence sans merci entre ces deux hommes a abouti à une cohabitation conflictuelle quand il a été Premier ministre. Ce qui lui a valu d'être « viré » trois ans plus tard, selon son expression. De petite taille - moins d'1m70 -, il donnait une image de fragilité, démentie par beaucoup d'énergie et de pugnacité. S'il a failli périr en 2007 après une hémorragie cérébrale en Inde, cinq ans plus tard, alors ambassadeur de la France pour les régions polaires, il a été le premier octogénaire à se rendre aux deux pôles géographiques du globe. Avec l’AFP
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