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Dans les corps paraétatiques : une Commission pour mettre fin au népotisme

icac Après la finalisation du rapport, il sera remis à l’Icac qui le soumettra au comité parlementaire.

La politique de recrutement de la Financial Services Promotion Agency remet les débats sur le fonctionnement des corps paraétatiques sous les feux des projecteurs. Une plateforme syndicale milite pour la création de l’équivalent d’une PSC pour s’occuper de tous les recrutements.

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La Financial Services Promotion Agency (FSPA) prend l’allure d’une institution utilisée par les politiques pour caser leurs proches depuis que la Commission anticorruption (Icac) enquête sur le sujet. Ce n’est toutefois pas quelque chose de nouveau : les corps paraétatiques sont utilisés ainsi depuis longtemps. Quand on sait qu’ils emploient 10 913 au total, la situation prend une autre ampleur. Une plateforme syndicale milite pour y mettre un frein en créant une Statutory Bodies Service Commission.

Sanjay Sembhoo, président de la Trade Union Against Corruption Platform (TUACP), explique qu’un rapport complet sur la proposition devrait être soumis à l’Icac au courant de l’année. « Ce qu’on voit actuellement nous donne raison, il faut régulariser le recrutement dans les corps paraétatiques, sinon chacun fera comme il voudra ». L’idée étant que l’Icac fasse suivre le rapport à son comité parlementaire.

Pas de copier-coller de la psc

Il ne s’agit pas de proposer une copie conforme de la Public Service Commission (PSC) pour les corps paraétatiques. « La PSC ne rend de compte à personne, explique Sanjay Sembhoo, il n’y a pas assez de transparence. Il faut que pour lea Statutory Bodies Service Commission, les autorités aient un droit de regard, que ce soit l’Icac ou l’EOC. » Bref, il faut que cette commission puisse revoir ses procédures si besoin est.

Une proposition que Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, accueille favorablement. « J’ai évoqué la possibilité de créer une telle commission avec le Premier ministre lors des dernières tripartites, explique le syndicaliste, il s’est contenté d’écouter, sans dire oui ou non. »

Le syndicaliste ajoute que pour lui, « les ingérences sont la source de la fraude et la corruption, même à la veille de la fermeture de la Central Housing Authority en 1993, les politiciens y plaçaient encore leurs agents. » Il accuse les responsables des corps paraétatiques de ne pas faire valoir la méritocratie. « Parfois, vous verrez un avis pour un poste qui demande une qualification spécifique pour ensuite nuancer en demandant une qualification dans ‘any relevant field’, vous savez alors qu’ils essaient de caser quelqu’un qui ne répond pas aux critères. »

À l’époque de la fermeture de la CHA, Kadress Pillay était le directeur de l’Audit et il avait demandé au gouvernement de faire un « Institutional Audit ». « Je trouvais qu’il y avait un dépérissement institutionnel, il fallait prendre des mesures pour mettre fin au pourrissement.». Il explique que les premières institutions paraétatiques avaient pour vocation de rendre l’action gouvernementale plus efficace en évitant une ingérence des ministres. « Malheureusement, le drame des institutions, c’est que finalement leur probité dépend de la qualité des personnes que vous y mettez », déclare-t-il.

La création d’une Public Bodies Service Commission aiderait-elle ? « Il faut une autorité d’État suprême pour superviser le recrutement dans tous les corps paraétatiques, convient-il, mais l’institution n’est qu’une coquille. Son âme dépendra de la qualité des personnes qu’on y placera. »


Des protocoles «rigides»

« Aucune chance qu’il y ait des recrutements douteux ». C’est ce que soulignent les responsables de deux des plus grandes compagnies du pays. L’une est un corps paraétatique et l’autre est une compagnie dont l’État y est actionnaire. Shamshir Mukoon, le directeur général par intérim du Central Electricity Board (CEB), est catégorique. « Le CEB a un protocole de recrutement régi par un accord entre la direction et le syndicat de la compagnie. Les offres d’emploi sont affichées en interne et s’il n’y a aucun candidat qualifié ou intéressé, le CEB publie l’offre pour le public. Deux « boards » distincts effectuent les entrevues et, si jamais un candidat disqualifié n’est pas satisfait, il peut demander une explication en écrit et la direction du CEB lui répondra », nous dit-il. À Air Mauritius, le protocole de recrutement est très rigide. C’est, du moins, ce qu’affirme une source de la direction. Les critères de recrutement sont rendus publics et les exercices se passent de façon « transparente », dit-on. Les candidats disqualifiés peuvent protester et demander la raison de leur disqualification. « Aucun recrutement flou ou douteux », fait-on comprendre au sein de la compagnie nationale d’aviation. Ce protocole est valable pour les recrutements à tous les niveaux, nous fait comprendre la source.


Une recommandation de l’Icac qui date de 2015

L’Icac a recommandé la création d’une entité pour s’occuper du recrutement dans les corps paraétatiques dans un rapport intitulé Research Study on Recruitment and Selection Practices in Parastatal Bodies depuis 2015. Une recommandation qui est restée lettre morte à ce jour. Le rapport livre également certains enseignements sur le processus de recrutement dans les corps paraétatiques. D’abord, le fait que 40% des employés des corps paraétatiques estiment que le recrutement dans leurs institutions ne sont pas exempts de pratiques corrompues. « They have also argued that the elements of meritocracy, transparency, accountability and good governance do not always prevail in all recruitment and selection exercises », peut-on lire. 32% des institutions qui ont participé à l’étude n’avaient pas non plus une politique pour la gestion des situations de conflits d’intérêt, alors que dans 16% des institutions, les responsables ont participé aux exercices de sélection même après avoir déclaré leurs intérêts. 48% des corps paraétatiques n’avaient pas non plus un code d’éthique.

 

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