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Dans l’attente d’un logement social - Squatters : leurs épreuves au quotidien

Un paysage désolant des familles des squatteurs. Un paysage désolant des familles des squatteurs.

Comme chaque année, un montant a été budgété en vue de reloger les squatters. Le Budget 2017-18 fait état d’un montant de Rs 6,8 milliards, qui sera injecté dans la construction de logements sociaux pour les trois prochaines années. En attendant, les squatters trépignent d’impatience.

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Cité La Cure. Rien ne présage qu’à la lisière de ces bois se cache un véritable « village » improvisé, où vivent une centaine de familles dans des conditions difficiles. Le sentier menant aux modestes abris est éprouvant. Et les décodeurs placés sur les bicoques en tôles cannelées font fausse note avec le décor.

Laetitia, 31 ans, est mère de trois enfants. Son époux vient de se séparer d’elle, il y a quelques mois. Elle perçoit une allocation sociale de Rs 5 200 en tant que mère célibataire, ce qui lui permet  d’élever seule ses enfants. Ces derniers sont âgés de cinq et un an. L’un de ses enfants, confie-t-elle, est atteint de la trisomie 21.

« Cela fait cinq ans que j’ai élu domicile sur ces terres qui appartiennent au gouvernement. Auparavant, j’étais locataire jusqu’au jour où j’ai voulu voler de mes propres ailes en me trouvant un chez-moi. J’ai toujours entendu dire qu’on pouvait construire des maisonnettes dans cette partie de cité La Cure et un beau jour, j’ai fini par m’y installer », dit-elle.

La région de « Crownland Paul et Virginie »,  où Laetitia habite, se situe au pied de la montagne. Le lieu est dépourvu d’eau potable, d’électricité, d’un système de tout-à-l’égout, de canalisation, d’un dépotoir adéquat pour les déchets et chez certaines familles, précise-t-elle, « les toilettes et salle de bains sont improvisées.  »

La vie est très difficile comme squatteur.

 

Démarches infructueuses

« Peu avant mon déplacement vers cité La Cure, soit depuis 2010, j’avais entamé des démarches en vue d’obtenir une maisonnette. Je me suis même fait enregistrer auprès de la National Housing Company Ltd, à Ebène. Mais je ne disposais pas de la somme d’argent de Rs 50 000 réclamée. J’étais découragée », poursuit Laetitia.

C’est le même scénario à Camp Mana, Tranquebar, une autre périphérie de Port-Louis. Le sentier principal, en terre, menant aux bicoques des squatters est étroit. Les décodeurs satellitaires sautent aux yeux et les enfants en bas âge jouent nu-pieds dans la terre…

Tout comme Laetitia, Carlos, un père de famille de 42 ans, paraît s’être résigné à sa condition après avoir fait des démarches en vue d’obtenir un logement du gouvernement. Il a élu domicile dans la région depuis une dizaine d’années. « Mes démarches remontent à 2005. Je me suis fait enregistrer auprès des institutions susceptibles de me donner une maisonnette. Mais je ne détiens pas la somme d’argent requise. D’où le fait que je suis toujours squatteur. » Son plus grand rêve, dira-t-il, est d’avoir un toit. D’ailleurs, il est disposé à régler le montant mensuel, conformément au contrat social proposé par le gouvernement.

Richeby, une Rodriguaise de 55 ans qui a squatté un lopin de terre dans une périphérie de la capitale pendant 21 ans, est propriétaire d’un abri de deux pièces depuis novembre 2016.

Sa nouvelle maison, en dur et recouverte de tôles profilées, est située à Pointe-aux-Sables. Mère de deux enfants et bonne à tout faire, Richeby passe son temps libre à cultiver du maïs, des légumes et des fleurs sur la parcelle de terre qu’elle a bénéficiée avec sa maisonnette de deux pièces. La somme mensuelle qu’elle doit verser est de Rs 1 700 sur une durée de dix ans.

« C’est difficile de vivre en sachant que vous êtes squatteur. Vous êtes constamment harcelée par les autorités et ces derniers ont bien souvent raison. Mais comme je le dis toujours, derrière chaque squatteur se cache une histoire », souligne Richeby. Elle demande à ceux qui sont dans la même situation de ne pas baisser les bras. « La route est longue et cela prendra dès années. Mais le résultat est plus que satisfaisant. J’en suis la preuve. Tout comme moi il y a 98 autres, jadis squatters, qui sont bénéficiaires des maisonnettes du gouvernement. »

Rs 6.8 Md allouées aux logements sociaux

Un montant total de Rs 6,8 milliards sera injecté dans la réalisation de logements sociaux sur une durée de trois ans. Une somme de Rs 1,8 milliard sera utilisée de l’aide indienne alors que le  gouvernement injectera une somme additionnelle de Rs 5 milliards pour les trois prochaines années. Hormis les logements sociaux, l’enveloppe allouée par le gouvernement indien servira à rehausser les conditions de vie dans les 41 unités de la National Housing Company Ltd et au  relogement des squatters des régions telles que La Ferme et de 11 familles de Quatre-Sœurs affectées par les glissements de terrain à Camp-Ithier.

 

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