Culture chinoise: la cérémonie du thé, c’est tout un art

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"19915","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-34418","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Bang Kok Lam apprend \u00e0 rincer la vaisselle pour le th\u00e9 aux fleurs."}}]] Bang Kok Lam apprend à rincer la vaisselle pour le thé aux fleurs.

</div> [row custom_class=""][/row] Vêtue d’une qipao rose saumonée, Fei Fei signale à ses dix élèves d’enfiler leur écharpe rouge. Le groupe se met en parallèle avec le mur de miroir. Une musique douce donne le ton. Avec la main droite placée sur la gauche devant l’abdomen, chaque élève marche lentement vers son tabouret respectif. L’instructrice chinoise, âgée de 29 ans, nous explique qu’il s’agit d’une séance de pratique où chacun devra montrer ce qu’il a appris au cours des deux dernières semaines. [row custom_class=""][/row] Les participants se préparent à travailler avec trois types de thé pendant un peu plus d’une heure et demie. Ils commencent par le thé vert, suivi de celui aux fleurs avant de terminer avec le thé rouge. À chaque infusion, sa vaisselle. « Chaque thé a ses caractéristiques. En se servant des ustensiles appropriés, nous pouvons mieux profiter de ses vertus », fait ressortir Fei Fei. La méthode de préparation et le service restent plus au moins les mêmes, ajoute-t-elle. Tous les gestes sont importants et exigent des mouvements gracieux. Fei Fei allume d’abord un bâton d’encens pour préparer le thé rouge. Les participants lui emboîtent le pas. Ils se mettent dans la peau de l’hôte. Bang Kok Lam, 67 ans, verse de l’eau frémissante dans la tasse (gong dao bei) pour la rincer. Elle indique que c’est la première fois qu’elle apprend l’art de servir le thé. [row custom_class=""][/row] « Au cours de ces dernières années, j’ai appris le tai-chi, le chant et la danse pour mieux connaître la culture chinoise. La cérémonie du thé en fait partie. Le rituel n’est pas si simple qu’il paraît. Il requiert de la patience. Il faut être attentif. J’attends de recevoir des convives pour mettre en pratique tout ce que j’ai appris ici », explique cette habitante de Port-Louis, avant de jeter l’eau. La tasse est de nouveau remplie à un tiers de sa capacité. De la poudre de thé dans un récipient creux est ensuite montrée aux invités. Puis, elle est mise dans le gong dao bei. L’infusion durera une trentaine de secondes. Entre-temps, Jacques, un autre participant, rince une petite tasse en forme cylindrique (wen xiang bei) et un petit bol (xiao bei). L’hôte les tient à l’aide d’une pincette en bambou.

Comme une séance de méditation

Le contenu du gong dao bei est versé dans le wen xiang bei avant d’être recouvert avec le xiao bei. Les deux récipients sont retournés en un tour de main. Jacques indique que la cérémonie du thé se présente comme une séance de méditation. « Chaque étape sollicite la concentration. Il est important d’être en harmonie avec cet instant par respect pour le thé mais aussi pour nos invités. D’ailleurs, servir le thé est considéré comme un art martial », soutient cet instructeur d’arts martiaux du groupe IP Man Wing Chun. [row custom_class=""][/row] « Buvez s’il vous plaît », demande Premila Bhujun à son invité. Elle est l’une des deux participantes qui ne parlent pas le mandarin. L’invité enlève le xiao bei et roule le wen xiang bei entre ses paumes pour dégager l’arôme du thé. Celui-ci doit être bu en trois gorgées pour pouvoir savourer son bon goût. « J’observe les gestuelles de l’instructrice pour comprendre. Je ne maîtrise pas encore la langue, bien que mes filles étudient en Chine. Souvent, les autres élèves m’aident en traduisant les étapes en kreol », indique la prof de yoga. Fei Fei demande ensuite à ses élèves de répéter les étapes et elle insiste sur les gestes sensuels. Cela fait plus de 13 ans que cette originaire de Chengdu, capitale de la province du Sichuan, en Chine, enseigne la cérémonie du thé. « Ma famille possède des vastes cultures de thé à Chengdu. Le thé est considéré comme une boisson sacrée qui, autrefois, n’était consommée que par les élites. La cérémonie du thé s’est installée comme un art de vivre et existe depuis plus de 2 000 ans », dit-elle. Pour faire perdurer cette tradition, Fei Fei est invitée à travers le monde pour enseigner le rituel qu’elle a appris durant ses années de collège. Il s’agit de sa première visite à Maurice. « La cérémonie du thé exige le port d’un habit traditionnel. Comme je ne connais pas la taille de chacun de mes élèves, je leur ai offert une écharpe rouge », conclut-elle.