
Le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, a annoncé à l’Assemblée nationale le mardi 8 avril qu’il écrira au président américain Donald Trump pour engager des discussions sur la taxe de 40 %. Celle-ci frappe les exportations mauriciennes vers les États-Unis depuis ce 9 avril.
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Cette décision survient après l’entrée en vigueur d’un décret présidentiel américain fondé sur l’International Emergency Economic Powers Act, ciblant les pays responsables d’un important déficit commercial vis-à-vis des États-Unis. Maurice, qui a enregistré un déficit de 186,5 millions de dollars en 2024 avec ce partenaire économique stratégique, fait désormais face à des droits de douane qui menacent la survie de ses filières d’exportation.
« Cette taxe est une menace directe pour notre économie. Elle affecte le textile, le sucre, les poissons et la recherche biomédicale. Et elle met en péril plus de 16 700 emplois et 41 entreprises mauriciennes qui dépendent du marché américain », a déclaré le Premier ministre lors des débats à l’Assemblée nationale.
Jusqu’à présent, Maurice bénéficiait d’un accès préférentiel au marché américain via l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), un accord qui exonérait de droits de douane plus de 6 000 produits. Le Premier ministre a critiqué cette décision unilatérale du gouvernement de Trump, qui remet en cause des acquis durement négociés. Il a rappelé que l’objectif initial de l’AGOA était de renforcer les relations économiques entre les États-Unis et les pays africains, en particulier les nations vulnérables comme Maurice, et de permettre un développement économique équitable. Selon Navin Ramgoolam, la nouvelle politique s’écarte de cet objectif en imposant des mesures contraires à la réciprocité et au principe de justice économique.
« Les vingt principaux produits que les États-Unis exportent vers Maurice ne sont pas soumis à des droits de douane. Où est la réciprocité que le gouvernement de Trump évoque ? », demande le Premier ministre. Il dénonce un déséquilibre dans les échanges commerciaux. Selon lui, cette taxe fait partie d’une politique plus large qui pourrait avoir des répercussions dramatiques sur d’autres secteurs sensibles.
Face à cette urgence économique, le gouvernement a déclenché une riposte coordonnée. Il a consulté le ministère des Affaires étrangères, celui des Finances, la Chambre de commerce, Business Mauritius, la MIGSA et le Syndicat du sucre. Trois axes d’action ont été définis. Il y aura un dialogue bilatéral direct avec les États-Unis, une alliance africaine des pays AGOA, dont Madagascar, le Lesotho et le Botswana. Des négociations seront ouvertes en vue d’un accord commercial qui restaure un cadre de stabilité pour les échanges.
Mais c’est la lettre que le Premier ministre adressera personnellement à Donald Trump qui constitue l’élément central de cette riposte diplomatique. L’objectif est d’exprimer les préoccupations de Maurice, de plaider en faveur d’un réexamen de la mesure et de proposer une solution diplomatique avant que les conséquences ne deviennent irréversibles.
Navin Ramgoolam se positionne aux côtés de l’OMC qui met en garde contre un effondrement du commerce mondial.
« Il est encore temps d’éviter le pire. Mais nous devons le faire avec fermeté, lucidité et unité. Ce qui est en jeu, ce ne sont pas que des chiffres. Ce sont des familles, des entreprises et l’avenir de notre économie », dit le chef du gouvernement.

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