L’Université de Maurice cherche une solution à l’amiable concernant ses chargés de cours qui enseignent sans autorisation dans d’autres institutions. L’institution pourrait s’attaquer à la confusion existant entre les statuts de maître de conférences et de consultant.
Vu le nombre considérable de chargés de cours qui exercent dans d’autres universités sans autorisation, l’Université de Maurice (UoM) espère parvenir à convaincre ces derniers de régulariser leur situation. Une réflexion sur la manière de procéder a déjà démarré avec, à la clé, une analyse des raisons qui poussent les maîtres de conférences à chercher un second emploi.
« On travaille sur une nouvelle politique pour encourager les chargés de cours à venir s'enregistrer volontairement », explique un des décideurs de l’UoM. Ce dernier précise que cette option est actuellement à l'étude en comité restreint et n’a pas encore été présentée au Conseil. La vice-chancelière, Romeela Mohee, confirme : « Nous voulons revoir nos procédures mais il faudra des consultations avec tous nos lecturers au préalable. »
Un autre interlocuteur insiste cependant sur l’urgence de la situation et donne une indication de la voie à suivre : « Dans le monde entier, les chargés de cours sont aussi des maîtres de conférences. Ici, on considère l’enseignement comme du ‘consultancy’. Il faudrait peut-être clairement séparer les deux à l’avenir. »
C'est peut-être la source du problème : un tiers des revenus provenant d’un contrat de ‘consultancy’ doit automatiquement entrer dans les caisses de l’UoM. « Un chargé de cours peut toucher entre Rs 800 et Rs 1 000 par heure dans ces institutions, explique notre source. Si on enlève les 15% de la taxe, le coût du déplacement, plus les 33% qui reviennent à l’UoM si l’enseignant est enregistré, il ne reste plus grand-chose à ce dernier. » Ce qui encouragerait les chargés de cours à travailler au noir. Une révision de leur statut pourrait donc les pousser à régulariser leur situation.
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Expansion
Ce n’est toutefois pas la seule explication. Un membre de la direction de l’UoM estime que la politique gouvernementale de ces dernières années est également à blâmer : « Il y a eu une politique d'expansion de ce secteur avec des institutions privées. Or, nous n'avions pas les ressources humaines nécessaires pour soutenir cela. Même l’UTM, à l’époque, n’avait pas de facultés complètes. » Comme le nombre de chargés de cours à Maurice est restreint, les universités doivent donc se les partager. Selon notre interlocuteur, les autres responsables d’universités ont admis – de manière informelle – que leurs chargés de cours se retrouvent dans la même situation que ceux de l’UoM. « Malheureusement, on ne peut échanger des informations pour débusquer les coupables parce qu’on est lié par le Data Protection Act. » Ce qui n’empêche pas l’UoM de songer à avoir recours à la Tertiary Education Commission pour obtenir la liste complète des chargés de cours des autres universités et de poursuivre son enquête officieuse. Récemment, un relevé effectué auprès du département des ressources humaines de l’établissement d’enseignement supérieur a indiqué que le nombre de demandes pour avoir l’autorisation d’enseigner dans une autre institution a diminué. Un fait interprété par certains comme une indication claire que de plus en plus de chargés de cours ne se donnent même plus la peine de respecter les règles.
Un haut cadre dénoncé à l’Icac
Après les trois lecturers de la faculté de Law & Management, c’est au tour d’un haut cadre de la direction de se retrouver sur le banc des accusés. Lundi, l’Independent Commission Against Corruption (Icac) a reçu une lettre de dénonciation dont les auteurs allèguent que ce haut cadre serait de mèche avec les trois lecturers incriminés. Qui plus est, il aurait même travaillé pour une autre université. « She has been providing her services to the University of Technology of Pointe-aux-Sables, a competitor of the UoM, and has been remunerated for same for the past years without authorization », peut-on lire dans la lettre. Les dénonciateurs prétendent que ce haut cadre a enfreint l’article 6 de la réglementation régissant l’institution. C’est pour cette raison qu’ils ont décidé de dénoncer ce cas à l’Icac. Sollicitée, cette personne confirme « avoir travaillé à l’Université de Technologie pour une supervision » mais précise qu’elle « n’a pas été mieux rémunérée au moment d’accéder à son nouveau poste à l’UoM ». <Publicité
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