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[COUP DE GUEULE] Un exercice cynique de survie politique

Ah, nos leaders politiques ! On pourrait les comparer à des adolescents en pleine crise amoureuse lorsqu’ils négocient des alliances électorales. Tellement épris, ils ne voient que les qualités de l’autre, complètement aveuglés par un optimisme béat. L’amour rend aveugle, dit-on, et cela s’applique particulièrement bien à nos chers politiciens, ces tourtereaux de circonstance. Ils croient dur comme fer que leur lune de miel durera éternellement, ce qui explique la formation de ces mésalliances si fréquentes. 

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En vue des prochaines élections, le Parti travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM) tenteront l’aventure ensemble pour la troisième fois. La première cassure dans les années 90 ? Mettons-la sur le compte de l’impulsion juvénile. Le divorce de 2014 ? Inévitable après la défaite cuisante infligée par l’outsider Mouvement socialiste militant (MSM)/ Parti mauricien social-démocrate (PMSD). 

Et maintenant, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger veulent nous faire croire que cette troisième tentative sera un conte de fées grâce à leur prétendue sagesse. Ils essaient de nous convaincre qu’ils ont fait table rase non seulement en effaçant toutes les critiques acerbes et autres échanges d’« insanités » durant leurs périodes de séparation, mais aussi en ensevelissant au fond de l’océan tous leurs différends majeurs. Ils reprennent avec une innocence feinte la vie du troisième âge, libérés du passé et prêts à jouer une nouvelle partition avec de nouvelles notes.
 
Et parlons de la surprise que nous réserve le PMSD. Tout semble indiquer que Xavier-Luc Duval accomplira ce que beaucoup croyaient impossible : une alliance avec le MSM. Il s’agit du même leader qui, en 2016, avec ses ministres et autres députés, avait fait le plus grand sacrifice qu’un politicien puisse faire, en quittant le gouvernement mené par le MSM pour protester contre le projet controversé de la Prosecution Commission. 

Beaucoup se demandent comment Xavier-Luc Duval justifiera un éventuel retour auprès du MSM. D’autant que depuis, le pouvoir en place a montré une hostilité persistante envers le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), allant jusqu’à des conflits judiciaires entre le commissaire de police et le DPP. 

Mais les signes du rapprochement ne trompent pas. Depuis quelques semaines, le secrétaire général du PMSD, Mahmad Kodabaccus, clame haut et fort que son parti sera au pouvoir à l’issue des prochaines élections générales. Nul besoin d’être un génie pour deviner que les bleus retourneront auprès du MSM. 

Il y a deux raisons évidentes à cela. Primo, l’alliance PTr-MMM-ND ne laisse aucune place au PMSD. C’est la seconde fois que les bleus sont des victimes collatérales d’une alliance conclue entre le PTr et le MMM. En 2014, Xavier-Luc Duval avait dû démissionner de son poste de Premier ministre adjoint et de ministre des Finances. Il avait aussi dû prendre ses distances forcées du PTr. Secundo, les partis extraparlementaires n’ont pas le poids nécessaire pour porter le PMSD au pouvoir.
 
Un deuxième signe vient confirmer cette tendance. En commentant le Budget à l’Assemblée nationale mardi dernier, Xavier-Luc Duval a adopté une position dite « neutre », bien différente de celle des autres membres de l’opposition qui font feu de tout bois. En pleine période pré-électorale, cette neutralité ressemble davantage à une approbation tacite d’une alliance avec le parti au pouvoir. 
Il a salué les mesures positives du Budget tout en pointant du doigt quelques manquements. La presse l’a décrit comme étant « tantôt conciliant, tantôt sévère », soulignant qu’il alternait entre « faire les yeux doux au gouvernement » et adopter une attitude « tou siro » envers les mesures budgétaires. Le comble ? Le député de l’opposition a été applaudi par les membres du gouvernement. 

Le ballet des alliances politiques à Maurice évoque une comédie tumultueuse où les acteurs changent de rôle au gré des scènes, sans se soucier de la cohérence du scénario. Les rivalités d’hier se transforment en amitiés du jour. Les ennemis jurés deviennent des alliés de circonstance. Les discours enflammés, les accusations de trahison et les déclarations d’amour au peuple ne sont que des épisodes d’une interminable série de rebondissements où l’intrigue principale reste la même : rester au pouvoir ou y accéder. 
Du coup, les leaders politiques se transforment en véritables maîtres de la justification. Ils emploient une rhétorique sophistiquée pour persuader l’électorat de la légitimité de leurs nouvelles alliances, invoquant tantôt la stabilité du pays, tantôt le besoin de surmonter des crises souvent fictives ou exagérées. Ils manient l’art du retournement de veste avec une finesse digne des plus grands contorsionnistes. 

Ce jeu des alliances, loin d’être une simple stratégie politique, devient un exercice cynique de survie où les principes et les convictions sont les premiers sacrifiés. Et c’est ainsi qu’élections après élections, les mêmes scénarios se répètent inlassablement. Les alliances se font et se défont, laissant les électeurs désabusés et les promesses non tenues en héritage…

 

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