« Nous étions face à un gros problème de sécheresse la semaine dernière. Nous voilà aujourd’hui confrontés à de grosses pluies. Ce que nous avons vécu, que ce soit avec la sécheresse et les pluies torrentielles, sont deux situations climatiques extrêmes », indique l’océanographe Vassen Kauppaymuthoo. Pour lui, cela illustre bien les effets du changement climatique.
Publicité
Il ajoute que les pluies qui se sont abattues sur le pays relèvent d’une « situation climatique exceptionnelle ». La situation météorologique a, selon lui, connu un bouleversement tellement important que la terre à Maurice est arrivée à un niveau de saturation importante. « C’est pour cette raison que de plus en plus d’endroits à Maurice sont exposés aux inondations. Des régions qu’on croyait à l’abri des inondations sont aujourd’hui confrontées à de nouvelles réalités », dit-il.
En revanche, la montée des eaux dans pratiquement toutes les régions du pays ne sont pas seulement le résultat du changement climatique. Vassen Kauppaymuthoo montre du doigt le modèle d’urbanisation de Maurice qui crée de sérieux dégâts. « La réalité est qu’il n’y a plus assez de drains à Maurice. Quant aux drains naturels, ils ont été recouverts par du béton. Même si Maurice a eu droit à une très faible pluviométrie ces derniers mois, la pluviométrie est à présent concentrée dans des régions pendant de très courtes périodes mais l’impact est dévastateur », constate-t-il.
Osman Mahomed abonde dans son sens. « Nous faisons face à un bouleversement environnemental incroyable. Nous avons vécu, il y a quelques semaines, une période de sécheresse extrême, pour, par la suite, témoigner d’une pluviométrie extrême », fait valoir le député du Parti travailliste (PTr).
Lui aussi estime qu’il ne faut pas tout mettre sur le dos du changement climatique. S’il concède qu’il est de plus en plus compliqué de prédire l’intensité d’une situation météorologique, il précise, néanmoins, qu’il y a des choses qui demeurent sous la responsabilité des autorités.
« Prenons l’exemple du nettoyage des drains. Nous savons tous que la période s’étalant de décembre à février, en passant par le mois de janvier, est très pluvieuse. Pourtant, les drains de plusieurs régions à risques n’ont pas été nettoyés. Plusieurs zones au sein de ma circonscription se sont retrouvées sous les eaux car des drains étaient en piteux état », fait ressortir le député de la circonscription n° 2 (Port-Louis Sud/Port-Louis Centre).
En somme, selon Osman Mahomed, si Maurice n’arrive pas à mieux se préparer, il s’expose à de graves dangers. Le pays, dit-il, a droit à moins de pluie, mais son intensité est plus conséquente.
David Sauvage, du parti de gauche Rezistans ek Alternativ, préfère parler de dérèglement écologique au lieu de changement climatique. « Il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer cela, dont la température des océans. Nous avons différents courants marins avec des températures différentes. C’est ce qui détermine l’intensité de la pluviométrie à Maurice », explique l’écologiste. Mais il est d’avis que le modèle d’urbanisation de Maurice ne peut pas non plus être occulté. Raison pour laquelle, dit-il, Rezistans ek Alternativ fait campagne auprès du gouvernement pour que le Digital Elevation Model (DEM) soit publié. Il s’agit d’une photographie réalisée pour déterminer les régions qui sont les plus inondables.
« Il est important que ce document soit rendu public pour permettre aux gens d’avoir une indication de la situation des endroit », soutient David Sauvage.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !