
- Une baisse de plus de 50 % enregistrée chez certains opérateurs
Face à une baisse généralisée du pouvoir d’achat, plusieurs secteurs commerciaux enregistrent une chute drastique des ventes, poussant opérateurs et commerçants à alerter sur une crise économique imminente.
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Le secteur du commerce à Maurice traverse une période morose, marquée par un net ralentissement des ventes et une baisse significative du pouvoir d’achat des consommateurs. Cette situation inquiète les opérateurs économiques, qui tirent la sonnette d’alarme face à des perspectives de plus en plus sombres pour les mois à venir.
Dans le secteur de la grande distribution, Ignace Lam, PDG d’Intermart, observe un recul notable des ventes. « Ce n’est pas aussi drastique que dans d’autres secteurs comme le prêt-à-porter, mais il est clair que les Mauriciens ont commencé à se serrer la ceinture, même sur les produits alimentaires », note-t-il.
Ce resserrement budgétaire concerne toutes les catégories sociales, y compris les foyers les plus aisés. Il cite l’exemple d’une tablette de chocolat dont le prix est passé de Rs 60 en janvier à Rs 300 actuellement. « Croyez-vous que même une personne qui touche un salaire élevé acceptera de payer ce prix ? » demande-t-il.
Selon lui, le feel-good factor qui prévalait il y a quelques mois s’est dissipé après la présentation du Budget 2025-26. « Les consommateurs privilégient désormais les produits de première nécessité et évitent les achats superflus », fait-il ressortir.
Dans le domaine des matériaux de construction, la tendance est encore plus préoccupante. Hemraz Ramphul, propriétaire de la quincaillerie H. Ramphul, évoque une baisse de plus de 50 % des ventes. « Avant, il fallait faire la queue chez les fournisseurs. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de clients », déplore-t-il. Ce repli s’expliquerait par le ralentissement généralisé des projets de construction, tant chez les particuliers que dans le secteur privé, dit-il.
Chez TFP, un acteur important du secteur des meubles, la situation est tout aussi difficile. Mousheerl Maharaullee, directeur financier, explique que l’entreprise n’a d’autre choix que de proposer des promotions et des facilités de paiement pour maintenir un minimum d’activité. « La survie de notre entreprise est menacée », reconnaît-il.
Raj Appadu, président du Front commun des commerçants, dresse un tableau encore plus alarmant. Il rappelle que la morosité commerciale n’est pas nouvelle. « Depuis l’année dernière, les commerçants faisaient déjà face à la hausse des coûts des matières premières et du fret », indique-t-il. La situation s’est dégradée davantage avec la montée du dollar et la pénurie de devises sur le marché local. « Il faut compter aujourd’hui une chute de plus de 50 % des ventes », alerte-t-il.
Selon lui, l’érosion du pouvoir d’achat, combinée à l’augmentation des loyers commerciaux, des taxes et autres charges, pourrait précipiter de nombreuses fermetures d’entreprises. « Les commerçants ne parviennent plus à joindre les deux bouts. Si la tendance se maintient, on risque de voir une vague de cessations d’activité dans les mois à venir », prévient-il.
Selon nos interlocuteurs, le constat est sans appel : les Mauriciens consomment moins, et les commerçants peinent à maintenir leur activité. Si la situation persiste, elle pourrait avoir des répercussions graves sur l’emploi, les investissements et, plus largement, sur la dynamique économique du pays.

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