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Chikungunya : le test PCR suspendu, mais la vigilance reste de mise

Les mesures de contrôle et de surveillance des moustiques et des passagers sont renforcées, affirment les autorités sanitaires.

Face à la flambée de chikungunya à La Réunion, Maurice avait annoncé un test PCR obligatoire pour les passagers réunionnais. Critiquée, la mesure a été suspendue. Les autorités assurent que la surveillance sanitaire reste renforcée.

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L’annonce d’un test PCR obligatoire pour les passagers en provenance de La Réunion a provoqué un tollé. Le ministère de la Santé a rapidement dû faire marche arrière. Initialement prévue pour entrer en vigueur ce mercredi 9 avril, la mesure a été suspendue à la suite des réactions des autorités réunionnaises et de l’Ambassade de France à Maurice.

Dans un communiqué diffusé le 7 avril, le ministère a expliqué que « suite aux doléances reçues par les autorités réunionnaises et l’Ambassade de France à Maurice, concernant la mise en application du décret No. 34 de 2025, relatif au test PCR requis par les passagers réunionnais en provenance de La Réunion, il a été décidé de reporter l’entrée en vigueur du décret à une date ultérieure ».

Le Dr Ashwamed Dinassing, directeur général par intérim des services de santé, a précisé au Défi Quotidien que cette décision initiale visait à prévenir une éventuelle propagation du virus à Maurice. « Cette mesure avait été prise car il a été constaté que des enfants à l’île de La Réunion ont été affectés par le virus et nous ne voulions pas que Maurice connaisse la même situation », a-t-il déclaré. Il souligne que si la maladie devait affecter les jeunes enfants, ce serait une situation « assez grave » nécessitant des « actions appropriées ».

La Réunion : 6 000 cas chaque semaine et des enfants hospitalisés

Le contexte à La Réunion est en effet préoccupant : près de 6 000 cas y sont recensés chaque semaine. Selon le Dr Dinassing, si l’épidémie y sévit depuis l’année dernière, c’est la première fois que des hospitalisations d’enfants sont enregistrées. Cela a motivé la mise en place d’une mesure qu’il qualifie de « drastique », mais qui a été « reportée » pour des raisons logistiques. Les autorités réunionnaises ont indiqué qu’il leur était difficile de réaliser des tests PCR dans un délai de 48 heures, vu l’ampleur des cas.

Dans l’attente d’une solution concertée, Maurice a renforcé ses dispositifs. « À défaut de ce test PCR, les mesures sanitaires autour de chaque cas de chikungunya détecté, de lutte contre la prolifération des moustiques ainsi que de surveillance à l’aéroport ont été renforcées », affirme le Dr Dinassing. Il rappelle que le virus n’est pas contagieux d’homme à homme, mais transmis par les moustiques. D’où l’importance, selon lui, pour la population de se protéger activement des piqûres. Il se veut rassurant également et soutient que le service de santé est préparé à faire face à une éventuelle épidémie car des mesures avaient été prises en amont.

Cependant, cette décision ciblée n’a pas manqué de soulever des interrogations. Le virologue Shameem Jaumdally considère la mesure comme « illogique ». Pour lui, les Mauriciens revenant de La Réunion auraient également dû être concernés : « Même les Mauriciens de retour de La Réunion devraient produire un test PCR ou passer un test rapide », soutient-il.

Il met en garde contre les risques liés aux personnes asymptomatiques, qui pourraient infecter les moustiques locaux, lesquels transmettraient ensuite le virus à d’autres personnes. Pour lui, même si un test PCR généralisé n’est pas nécessaire, un meilleur suivi s’impose. « Les cas importés peuvent augmenter les infections locales », dit-il.

Conditions climatiques

Autre élément d’inquiétude : les conditions climatiques actuelles. Le Dr Fazil Khodabocus, directeur par intérim des services de santé, rappelle que les averses fréquentes favorisent la prolifération des moustiques. Il révèle que des cas isolés de chikungunya ont été détectés à Souillac, La Preneuse et Roches-Brunes, des régions auparavant épargnées.

Il affirme que les autorités sanitaires disposent de suffisamment de personnel pour assurer la surveillance des passagers. Il lance également un appel à la collaboration du public : « Il est primordial que les voyageurs donnent leurs coordonnées exactes pour faciliter le suivi sanitaire ». Ils sont aussi priés d’informer les autorités compétentes au moindre signe ou symptôme de dengue ou de chikungunya afin que le diagnostic puisse être établi rapidement.

De nouveaux cas isolés détectés

Depuis le 15 mars, Maurice a enregistré 41 cas de chikungunya, dont 34 cas locaux et sept cas importés, selon le Dr Fazil Khodabocus. Certains cas isolés, identifiés dans de nouvelles régions, ne semblent pas liés aux foyers précédents. Des mesures ciblées sont mises en œuvre pour contenir le virus dans les zones concernées.

Quant à la dengue, aucun nouveau cas n’a été détecté ces deux derniers jours, le nombre total restant à 19 cas.

 

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