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Changement climatique : Maurice aura besoin de 6,5 milliards de dollars à l’horizon 2030

Maurice connaît une moyenne de quatre événements indésirables (principalement des cyclones tropicaux) tous les 10 ans.
  • Le FMI fait une série de recommandations au pays  

Le changement climatique pose un sérieux risque à la croissance et à la résilience de l’économie sur le long terme. D’où la nécessité d’adopter des mesures d’atténuation et d’adaptation. Cependant, le pays manquera de financement pour atteindre les objectifs climatiques fixés jusqu’à 2030. Dans son dernier « Selected Issues Paper on Mauritius », le Fonds monétaire international (FMI) fait une série de recommandations au gouvernement mauricien sur les options à considérer pour lever des fonds. 

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Environ 90 % des ménages à Maurice sont conscients du changement climatique, et une grande majorité le perçoit comme une menace, notamment pour la sécurité alimentaire et la sécurité hydrique. 

Et les faits parlent d’eux-mêmes ! Le niveau moyen de la mer et la température moyenne ont augmenté au fil du temps. Les chocs liés au climat sont fréquents, avec une moyenne de quatre événements indésirables (principalement des cyclones tropicaux) tous les 10 ans. Au cours de la dernière décennie, le nombre de personnes touchées par des chocs liés au climat a augmenté à Maurice, notamment en 2018 avec la tempête tropicale Berguitta. 

Les calculs de l’Emergency Events Database (EM-DAT) démontrent que sur la période 1960-2022, Maurice a connu 22 événements météorologiques extrêmes, chacun causant des dommages socio-économiques d’un coût moyen de 160 millions à 245 millions de dollars (soit 1,5 % à 2,3 % du produit intérieur brut du pays en 2021/2022). S’ils ne sont pas pris en compte, les chocs climatiques risquent de perturber la quête de résilience sociale et économique de Maurice, prévient le Fonds monétaire international (FMI). 

Mais faire face aux menaces du changement climatique comporte un coût. Selon les estimations des autorités mauriciennes, le pays aura besoin de 2 milliards de dollars et de 4,5 milliards de dollars au titre des mesures d’atténuation et d’adaptation respectivement, soit un total de 6,5 milliards de dollars d’ici 2030. 35 % de ce montant seraient couverts par des ressources publiques et des contributions du secteur privé, le reste étant couvert par les fonds apportés à travers des dons et d’autres sources extérieures. 

Actuellement, les dépenses totales réelles liées au changement climatique à Maurice représentent en moyenne 2 % du produit intérieur brut (PIB) par an, dont environ 1,6 % pour l’adaptation. Selon le FMI, le pays devra dépenser, en moyenne, environ 3,6 % du PIB par année fiscale sur la période de 2014/2015 à 2029/2030 s’il veut réaliser ses objectifs en matière d’adaptation et d’atténuation d’ici 2030 (voir les objectifs fixés hors texte). « Ce qui laisse un déficit de financement potentiel de 1,6 % du PIB par an en moyenne, soit environ 180 millions de dollars par an », fait ressortir l’institution de Bretton Woods. 

Pour le FMI, les fonds extérieurs provenant de dons bilatéraux peuvent contribuer à combler le déficit de financement. Le hic, c’est qu’ils sont limités par rapport aux attentes des autorités. « Compte tenu de la marge de manœuvre budgétaire limitée de Maurice et de sa vulnérabilité élevée face à la dette, il faudra combiner subventions et prêts concessionnels pour combler ce déficit », suggère le FMI.  C’est pourquoi il préconise au gouvernement d’intensifier les réformes afin d’obtenir un meilleur accès aux fonds climatiques mondiaux et aux instruments de dette liés au climat, tels que les obligations vertes. Celles-ci ont récemment fait l’objet d’une demande croissante, y compris de la part des petits États insulaires. « Ces réformes pourraient viser à améliorer les antécédents en matière de planification, d’évaluation, d’exécution et de notification des projets liés au climat, qui font partie des principaux critères d’éligibilité au financement climatique », conclut le FMI.

Les initiatives du pays pour faire face aux aléas climatiques 

Pour faire face aux menaces liées au changement climatique, les autorités mauriciennes ont élaboré un cadre politique et se sont engagées dans des initiatives internationales. De plus, une loi sur le changement climatique (Climate Change Act), entrée en vigueur en avril 2021, vise à garantir le respect des accords internationaux sur le changement climatique et à fixer des objectifs nationaux. 

Dans son Nationally Determined Contribution (NDC) de 2021 qui tombe sous l’United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC), les autorités ont aussi fixé des objectifs ambitieux pour soutenir l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. 

En matière d’atténuation, les principaux objectifs d’ici à 2030 sont de réduire de 40 % les émissions globales de gaz à effet de serre, de porter à 60 % la part de la production d’énergie provenant de sources vertes, d’éliminer progressivement l’utilisation du charbon et d’accroître l’efficacité énergétique de 10 % par rapport à 2019. 

En matière d’adaptation, les principaux objectifs sont d’élargir la base de connaissances sur les risques liés au changement climatique et leur impact sur les communautés, et d’accroître la résilience des activités humaines en améliorant la gouvernance et en renforçant la préparation et la réponse aux catastrophes, notamment pour les infrastructures. 

Les principales recommandations du FMI 

  • Maurice pourrait bénéficier de financements plus importants par le biais des fonds climatiques et des obligations vertes en obtenant une accréditation et en améliorant la gestion des investissements publics liés au climat. Les autorités pourraient envisager de mettre en place une feuille de route détaillée en vue (1) d’obtenir l’accréditation auprès des fonds climatiques et (2) de renforcer le cadre de financement vert existant afin de susciter l’intérêt des émetteurs et investisseurs potentiels pour des obligations vertes et bleues. 
  • Le FMI recommande que certaines pratiques et procédures du Public Investment Management soient renforcées tout au long des phases de planification, d’allocation et de mise en œuvre du cycle d’investissement public. 
  • Des réglementations spécifiques doivent être pleinement développées pour soutenir davantage la planification et la coordination des projets d’investissement liés au climat. 
  • De solides considérations relatives au changement climatique doivent être intégrées dans les méthodes et critères d’évaluation et de sélection des projets. « Les grands projets d’infrastructure font l’objet d’une évaluation, notamment d’une analyse de l’impact environnemental. Toutefois, les méthodes d’évaluation ne sont ni normalisées ni publiées, et elles ne comportent pas de dispositions spécifiques au changement climatique. De même, aucun critère spécifique au changement climatique n’est utilisé pour leur sélection », fait ressortir le FMI. 
  • La gestion du portefeuille et le contrôle des investissements publics doivent être renforcés. « Tous les projets d’infrastructure sont inclus dans le Budget, mais leurs réalisations et résultats liés au climat ne sont pas clairement identifiés, suivis ou rapportés », soulève le FMI. 
  • L’impact des risques liés au changement climatique sur les infrastructures publiques doit être systématiquement évalué et suivi dans le Budget. 
  • Les recommandations mentionnées plus haut pourraient faire partie d’un cadre visant à améliorer l’éligibilité et l’accès de Maurice au financement climatique : (1) examiner et réviser les réglementations sur l’utilisation des terres et les codes de construction afin d’y intégrer des dispositions relatives au changement climatique ; (2) améliorer, dans le nouveau manuel d’investissement public, les modèles d’évaluation et de sélection des projets afin de développer davantage les dispositions relatives au changement climatique ; (3) mettre en œuvre un système de classification et de codage des dépenses afin d’identifier, de suivre et de rendre compte des dépenses du secteur public liées au changement climatique, entre autres. 
 

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