Interview

Cédric de Spéville, CEO; GROUPE FOOD & ALLIED : «Notre expertise dans l’aviculture est pertinente pour l’Afrique»

CEO de Food & Allied depuis janvier 2013, Cédric de Spéville dresse le bilan du groupe, qui fête ses 50 ans cette année. Le conglomérat, aux Rs 15 milliards de revenus annuels, dispose de solides compétences pour étendre ses activités en Afrique.

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Après 50 ans d’existence, où commence et où se termine le groupe Food &Allied ?Michel de Spéville, fondateur du groupe, détient 61% des parts. Avec un chiffre d’affaires de Rs 15 milliards, le groupe compte une vingtaine d’entreprises dans six secteurs d’activité.

« Le pays a besoin d’un leadership fort pour rassurer les investisseurs et mener à bien les réformes nécessaires »

La moitié des recettes vient du segment alimentation (Rs 7,5 milliards), suivie du commerce (Rs 5 milliards) et de la logistique (Rs 1 milliard). Nous comptons 4 000 employés à Maurice et dans la région, dont 600 à Madagascar.

Qu’est-ce qui a motivé cette transformation du groupe depuis le démarrage de ses activités ?
Il faut se remémorer le contexte de l’époque : nous venions d’obtenir notre indépendance, mais nous étions à des années-lumière de l’indépendance économique. Des entrepreneurs déterminés, croyant fermement en l’avenir du pays, ont voulu contribuer à sa construction économique et sociale. Mon père était de ceux-là. Il avait un rêve : l’autosuffisance alimentaire. Il a démarré petit, avec un emprunt bancaire de quelques milliers de roupies, dans l’objectif d’offrir un produit de qualité à la population. C’est ainsi qu’est née sa marque-phare : Chantecler. L’entreprise a grandi grâce à une équipe de fondateurs enthousiastes et persévérants.

La diversification s’est effectuée en fonction des besoins du pays ou en anticipant les tendances du marché. Après le poulet, nous avons intégré d’autres secteurs alimentaires (produits laitiers, légumes en conserve et plats prêts à cuire, farine, alimentation animale), puis le commerce (Panagora, KFC), les services (publicité, IT), la logistique et l’hôtellerie d’affaires et, récemment, dans l’éducation à travers notre participation majoritaire dans le Charles Telfair Institute. 

Quels sont les défis auxquels fait face le groupe à Maurice, pour maintenir ou augmenter sa part de marché dans l’agroalimentaire ?
Le focus et la culture du groupe ont toujours été la qualité à tous les niveaux. Certes, il y a une rude concurrence, mais la constance de notre engagement a bâti la confiance que nous témoignent nos partenaires et consommateurs. L’expertise et la compétence ne s’acquièrent pas du jour au lendemain. Nous sommes satisfaits de notre contribution à la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire du pays depuis 50 ans.

Le présent contexte économique est-il favorable à l’expansion des activités et l’investissement ?
Le dernier budget a envoyé, dans l’ensemble, des signaux positifs pour le business et l’investissement. Les projets annoncés sont intéressants : il faut passer à la vitesse supérieure avec leur implémentation. La presse dit beaucoup de choses sur les incertitudes au niveau politique. Ce qui est certain, c’est que le pays a besoin d’un leadership fort pour rassurer les investisseurs et mener à bien les réformes nécessaires pour trouver des gains de productivité : infrastructures, réformes administratives, modernisation… Tout cela avec une politique d’ouverture essentielle. C’est en misant sur ces réformes en profondeur que Maurice retrouvera des gains de productivité et passera à un autre stade de développement.

Le groupe Food & Allied est présent dans l’hôtellerie. Quels sont les projets sur les moyens et courts termes dans ce secteur ?
Notre cluster hôtelier est particulier, car il a créé un segment nouveau dans un contexte mauricien où l’hôtellerie avait toujours été celui des resorts et de la plage. Nous avons contribué à ce que Maurice se dote d’une véritable hôtellerie d’affaires, essentielle pour positionner le pays hors du « seul tourisme balnéaire ». Nous disposons, aujourd’hui, de quatre établissements reconnus gérés par Indigo [Le LabourdonnaisWaterfrontHotel, Le Suffren Hotel and Marina, Le Hennessy Park Hotel, The Address Boutique Hotel]. Nous sommes à un stade de consolidation et restons à l’écoute de nouvelles opportunités.

Un aquarium à Rs 500 millions. Pourquoi ?
Ce projet d’aquarium me tient particulièrement à cœur. Cela fait plusieurs années que nous y travaillons. Nous sommes ravis que le pays soit prêt pour un tel projet. Cet aquarium sera un espace de loisirs pour les Mauriciens et les touristes. Il contribuera à amener plus de vie et de dynamisme dans la capitale. Il sera aussi un espace de découvertes sur l’océan et notre écosystème marin, et un centre de recherches pour étudiants et chercheurs.

Quelles sont les ambitions régionales de Food &Allied et dans quels secteurs?
Nos revenus à Madagascar (où nous employons 600 personnes) représentent 10 % de notre chiffre d’affaires global. Il est clair qu’il y a du potentiel… Cela étant dit, nous voulons faire les choses à notre manière et nous implanter dans des pays et des secteurs qui ont du sens pour nous et pour les pays qui nous accueillent. C’est sur ce modèle que s’est faite notre implantation à Madagascar avec une filière avicole qui intègre les éleveurs malgaches à travers des franchises.

Nous connaissons bien certains pays d’Afrique de l’Est,  où nous avons depuis vingt ans de nombreux clients et partenaires. Nous souhaitons nous rapprocher d’eux pour mieux les servir, notamment au Kenya, où nous avons ouvert des bureaux et où nous démarrerons une production. L’expertise et le savoir-faire acquis au fil des ans dans la filière avicole sont pertinents pour le continent africain.

Votre vision du groupe à l’horizon 2041, pour ses 75 ans ?
Je vois un groupe où il fait bon travailler, qui a su s’adapter aux défis, qui a su se réinventer pour répondre à ses clients, à ses employés et ses partenaires. Je vois un groupe qui inclut dans son écosystème des petits entrepreneurs afin que son développement bénéficie au plus grand nombre. Je vois un groupe plus ancré localement et favorisant les échanges avec la région. Pour nos 75 ans, j’espère que d’autres franchises 100 % locales tels que Chantefrais et Tamam verront le jour à Maurice et dans la région.

 

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