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Budget 2024-25 - Changement climatique : l’absence d’un plan d’action et de mesures audacieuses décriée

Photo d’illustration
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Le Budget 2024-25, présenté par le ministre des Finances Renganaden Padayachy, est critiqué pour son manque de mesures audacieuses face au changement climatique. Bien que plusieurs initiatives aient été annoncées, les experts estiment qu’elles ne sont pas suffisantes pour atténuer les impacts climatiques. Les experts déplorent l’absence d’un plan d’action clair et cohérent. 

Le changement climatique est une plaie mondiale que subissent tous les pays d’une manière ou d’une autre. S’il est déjà trop tard pour tenter de le prévenir, il existe néanmoins des mesures pour l’atténuer. « Nos actions d’aujourd’hui doivent être audacieuses et efficaces », a déclaré le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, lors de la présentation du Budget 2024-25 le 7 juin dernier. Plusieurs mesures ont été énumérées. 

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Vassen Kauppaymuthoo

Mais bon nombre d’experts interrogés ne les trouvent pas aussi audacieuses que cela. « Un plan d’action est nécessaire et le travail doit se faire sur tous les fronts dès maintenant », font-ils comprendre. Vassen Kauppaymuthoo, océanographe et ingénieur en environnement, souligne l’importance d’avoir une vision globale des conséquences du changement climatique. Il fait ressortir que chaque expert donne son point de vue, mais ce ne sera pas une image d’ensemble. 

« Il faut voir les conséquences du changement climatique sous plusieurs axes : du point de vue scientifique, social, économique ou environnemental », recommande-t-il. Il explique que le monde dans lequel nous vivons est entré en instabilité, change rapidement et nécessite une adaptation à tous les niveaux. « Nos habitudes changent et rien ne sera plus comme avant », prévient-il. 

Karim Jaufeerally, membre de l’Institute for Environmental Studies, fait remarquer que le changement climatique est une dynamique très complexe. « Il est très difficile d’anticiper avec précision quelles en seront les conséquences, car Maurice est un petit territoire. Les modèles mathématiques utilisés pour modéliser ces changements sont parfois hasardeux à appliquer sur de petites échelles », dit-il. 

Il soutient toutefois qu’on peut imaginer qu’avec le changement climatique, nous risquons de subir davantage de conditions climatiques extrêmes, c’est-à-dire plus de périodes de sécheresse, de pluies, de montées des eaux, de cyclones puissants et de maladies infectieuses. « Avec une hausse des températures, il faudra s’attendre à davantage de vagues de chaleur et à des impacts tant sur la santé humaine qu’animale », estime-t-il. 

Bataille intégrée 

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Suresh Boodhoo

Suresh Boodhoo, ancien directeur des services météorologiques, confirme que le changement climatique affectera la vie des gens et les biens. « Chaque année, nous aurons des flash floods non seulement lors du passage d’un cyclone, mais à n’importe quelle période de l’année. Ces calamités continueront si nous ne prenons pas de mesures tout de suite. Nous ne pouvons pas attendre demain ou après-demain », dit-il. 

L’ancien directeur des services météorologiques déplore qu’il est trop tard pour faire un état des lieux. L’heure, selon lui, est à la mise en œuvre de mesures concrètes, particulièrement dans les régions les plus affectées quand il pleut à verse. « Il faut attaquer le problème en amont et rétablir les infrastructures pour les eaux pluviales, là où elles ont été obstruées ou démolies », suggère Suresh Boodhoo. 

Face aux nombreux impacts du changement climatique dont les effets se font déjà ressentir, Vassen Kauppaymuthoo indique que la première bataille contre ce phénomène doit se faire dans les esprits. « Cette bataille doit se faire de façon intégrée. On ne peut pas seulement installer des drains. Il faut que chacun participe de façon active et soit réellement convaincu que ce que nous faisons est correct », dit-il. 

Ce qui n’est pas vraiment le cas, selon lui. Il est d’avis que les intérêts économiques ont tendance à prendre le dessus. Il prend l’exemple de l’annonce de l’extraction de sable dans le lagon. « On sait que c’est une farce et que cela augmentera l’érosion, mais cette proposition a quand même été intégrée dans le Budget », dit-il. 

« Belles paroles » 

L’océanographe ajoute que les belles paroles donnent l’impression que des actions seront prises contre le changement climatique et que les organisations seront sollicitées pour le financement des projets. « Ces actions doivent être intégrées, car on ne peut pas, d’un côté, créer un fonds pour le changement climatique et de l’autre, faire des constructions sur les flancs des montagnes ou extraire du sable dans le lagon. Il y a une contradiction fondamentale qui fait que la crédibilité de l’approche par rapport au changement climatique est entamée. Il y a un manque de cohérence », dit-il. 

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Karim Jaufeerally

Vassen Kauppaymuthoo considère ainsi qu’il manque de vrais engagements avec des mesures très fortes. « Il ne suffit pas d’avoir les moyens. Il faut aussi un plan d’action », soutient-il. Or, poursuit-il, il se trouve que le plan proposé n’est pas clair. 

C’est également ce que relève Suresh Boodhoo. « Les mesures énoncées ne sont pas suffisantes. Les taxes sont peut-être un début, mais pas suffisantes. Je ne vois pas de plan d’action pour savoir par où commencer », ajoute-t-il. 

Green Belts 

Karim Jaufeerally fait remarquer que les mesures proposées, telles que la démarche de planter des arbres dans les zones côtières, par exemple, pour combattre l’érosion, sont intéressantes. Mais il rappelle que le ministère de l’Environnement s’est engagé dans de tels projets depuis plusieurs années déjà. Cette idée n’est donc pas nouvelle pour lui. 

Avec le changement climatique qui apportera plus de cyclones et plus de pluies, voire moins de pluies avec de longues périodes de sécheresse, il préconise des green belts. Cela consiste à laisser la zone côtière libre de toute construction et à la reboiser. « À Maurice, nous avons les Pas géométriques à l’intérieur des terres. Au lieu d’y faire des constructions, il faut replanter là où c’est possible et faire le minimum d’interventions pour préserver l’intégrité de ces Pas géométriques », explique-t-il. 

Alors que les mesures budgétaires évoquent un reboisement des terres et la réhabilitation des zones côtières, Vassen Kauppaymuthoo propose, de son côté, des « solutions basées sur la nature », telles que les herbiers ou les coraux. « La nature est notre alliée. Elle n’est pas chère et planter permet l’absorption du dioxyde de carbone, diminue la température et donne des fruits. De la même façon, les herbiers contribuent à dissiper l’énergie océanique et produisent du sable. Ce sont eux qu’il faut protéger, et non mettre des murs », explique-t-il. 

Suresh Boodhoo ajoute que c’est d’un reboisement massif dont le pays a besoin. « On a perdu pas mal de forêts. S’il y a de grosses pluies, les terres seront emportées et occasionneront des glissements de terrain », dit-il. Il ajoute qu’il est urgent de protéger les zones côtières à risque. 

Lors de la présentation du Budget 2024-25, le ministre des Finances a notamment annoncé l’introduction d’un Reforestation and Tree Plantation Programme à travers l’île, dont l’objectif est d’augmenter la couverture arborée de 100 hectares par an au cours de la prochaine décennie. Le gouvernement a aussi prévu de mobiliser quelque Rs 300 milliards pour un programme d’adaptation et d’atténuation afin de faire face aux conditions météorologiques extrêmes. 

 

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