Bilan économique 2020 : une année assaillie par les effets néfastes de la pandémie

Dans une année 2020 chamboulée par les conséquences négatives de la pandémie, nul doute que les économistes dressent un bilan alarmant de la situation sur la scène locale. Pierre Dinan, Pramode Jaddoo et Anthony Leung Shing dépeignent, en effet, un tableau sombre de l’état actuel de l’économie locale, tout en évoquant leurs prévisions pour l’année prochaine.

Pierre Dinan, économiste : «Il faut travailler main dans la main pour progresser»

Difficile de faire l’impasse sur l’irréfutable impact de la Covid-19 sur l’économie locale. « Avec la Covid-19, l’année 2020 a été ce que ça a été », concède d’emblée Pierre Dinan. Élaborant sa réflexion, l’économiste avance qu’une expression anglaise pourrait définir adéquatement le bilan économique de 2020 : « An act of God ». Ceci dit, Pierre Dinan est d’avis qu’il faut être inventif. Chaque être humain a ses qualités.

L’adaptabilité est primordiale, alors que la nature s’est rebellée. « Plus rien n’est comme avant. Le danger est que nous sommes prêts à crier très fort pour faire part de nos droits », fait-il comprendre. Cependant, explique-t-il, chaque citoyen a également des devoirs envers son pays. Bien que ce soit pénible, chacun devra y mettre du sien. « L’épidémie a repoussé l’exercice de nos qualités humaines. Notre manière d’agir aura des conséquences », argue-t-il. Par ailleurs, Pierre Dinan trouve déplorable le fait que certaines personnes regardent uniquement leurs droits. Il souligne l’importance de travailler collectivement pour le progrès. La progression, ajoute-t-il, passera notamment par la jeune génération qui est particulièrement plus inventive au niveau technologique que les personnes âgées. 

Anthony Leung Shing, Country Senior Partner de PwC Mauritius : «La reprise  sera très dure»

Anthony Leung Shing est catégorique. Maurice a connu un recul important cette année, avec une contraction de 15 % en 2020, comparativement à l’année précédente. En termes de bilan global pour l’année 2020, Anthony Leung Shing soulève le fait que les conditions étaient difficiles. Le tourisme et le textile sont parmi les secteurs qui ont été les plus affectés par la pandémie. L’économie locale a également été atteinte par le ralentissement de l’activité économique globale. « Maurice est une économie ouverte qui dépend du marché international », explique le Country Senior Partner de PwC Mauritius. Ceci étant, la reprise devrait également se faire en fonction de l’évolution de l’économie mondiale. « Maurice n’est pas comme la Chine avec une économie intérieure. La reprise sera donc très dure », fait-il ressortir. Toutefois, il fait observer que le gouvernement a bien géré la crise sanitaire, même s’il estime qu’en termes économiques, « il y a certaines choses qui auraient pu être mieux faites ».   

Pramode Jaddoo, économiste : «Il ne faut pas se berner avec un optimisme trop rapide»

2020 a été une année de crise avec des difficultés dans tous les secteurs productifs de l’économie. C’est du moins l’avis de Pramode Jaddoo. L’économiste constate qu’hormis le secteur financier, aucun secteur n’a été épargné. « Le tourisme, les PME, les coopératives, l’agriculture pour ne citer que ceux-là ont subi l’impact de la Covid-19 de plein fouet. En sus de cela, il y a eu du retard au niveau des réformes pour l’industrie cannière », soutient-il. L’économiste souligne également l’influence néfaste de l’épidémie sur l’emploi et le coût de la vie. « La crise a provoqué un manquement de certains produits sur le marché et une hausse des prix », avance-t-il. Pour Pramode Jaddoo, ce sont des symptômes d’une dépression économique. Se projetant dans l’année 2021, il craint que l’année suivante soit d’autant plus difficile que celle qui tire à sa fin. En cause : la pandémie prend une proportion alarmante. « Cela a causé la fermeture des frontières avec l’Afrique du Sud et le Royaume-Uni. Il se peut que les pays d’Europe emboîtent également le pas », précise-t-il. Pramode Jaddoo table ainsi sur une relance en 2023. « Cela va prendre du temps et il ne faut pas se berner avec un optimisme trop rapide », tient-il à ajouter.