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La leçon de courage de Pamela, infirmière et battante

Pour Pamela, cette réussite incarne son refus d’abandonner.

Dans la douceur du service de néonatologie, Pamela Cunniappen a mené deux combats : vaincre la tumeur et décrocher son diplôme. Une leçon de courage et de foi en la vie.

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L’aube se lève sur l’hôpital Victoria. Dans la pénombre du service de néonatologie, une silhouette se penche avec une délicatesse infinie sur un incubateur. Pamela Cunniappen, 46 ans, veille. Comme elle le fait depuis 2011. Comme elle le fera encore demain.

Mais derrière ce geste mille fois répété se cache une histoire qui bouleverse. Une histoire de courage, de chutes et de renaissance.

Pour Pamela, la Neonatal Intensive Care Unit n’est pas qu’un lieu de travail. « Ce service, c’est mon sanctuaire. J’y ai trouvé ma vocation, et chaque bébé que je soigne me rappelle pourquoi je fais ce métier », confie-t-elle avec une émotion à peine contenue.

Ces vies minuscules qu’elle berce entre ses mains expertes sont devenues sa raison d’être. Chaque souffle fragile, chaque petit poing qui se referme sur son doigt est une victoire arrachée à la fragilité du monde.

Mariée, mère d’un fils de 18 ans, Pamela jongle depuis toujours entre sa vie à Palma, Quatre-Bornes, et son engagement sans faille auprès de ses patients. Une vie bien remplie, équilibrée. Jusqu’à ce jour de 2023 où tout bascule.

« Et si tu essayais ? »

Autour de la machine à café, des collègues partagent leur projet : s’inscrire au BSc Nursing. Ils l’encouragent à les suivre. Pamela hésite. « Reprendre les études à mon âge, avec un emploi à temps plein et une famille à gérer, me semblait insurmontable », se souvient-elle.

Pourtant, une petite voix intérieure murmure. Une voix qui refuse la résignation, qui croit encore aux possibles. Elle s’inscrit.

Le choc est brutal. Les cours en ligne, les plateformes numériques, les devoirs soumis dans le cloud... « J’avais l’impression d’avoir été projetée dans un monde parallèle », dit-elle en riant, d’un rire qui masque mal l’angoisse de ces premiers jours.

Mais elle n’est pas seule. Son fils devient son professeur d’informatique improvisé. Son mari, son pilier logistique. Ensemble, ils forment une équipe. Elle commence à trouver son rythme.

Décembre 2023. Le monde s’effondre. Une tumeur à la jambe récidive. Le diagnostic tombe comme un couperet. « J’étais anéantie. J’ai pensé tout arrêter. La peur, le doute, la douleur… tout s’est abattu sur moi. »

Dans ce gouffre, une main se tend. M. Reesaul, coordinateur du programme BSc, refuse de la laisser sombrer. Par ses mots justes, son soutien sans faille, il rallume l’étincelle. « Il m’a dit que je pouvais y arriver, même dans la souffrance, même dans la dépression. Et je l’ai cru. »

Janvier 2024. Direction Chennai, en Inde. L’opération. Puis les longues semaines de convalescence, alitée, dépendante. Le corps meurtri, l’esprit à l’épreuve. Mais Pamela a une arme secrète : son refus d’abandonner.

Un lit d’hôpital devenu salle de classe

Dans sa chambre d’hôpital, puis chez elle, immobilisée, Pamela transforme sa souffrance en détermination. « J’ai transformé mon lit d’hôpital en salle de classe. Chaque devoir terminé était une victoire sur la douleur. »

Chaque ligne lue est un pas vers la guérison. Chaque exercice complété, une revanche sur le destin. Son mental transcende les limites de son corps brisé. Les mois passent. La douleur reflue. La force revient.

Aujourd’hui, Pamela est diplômée. Première de sa promotion. Mais ne cherchez pas chez elle la fierté arrogante ou l’ambition carriériste. « Je n’ai jamais entrepris ce BSc pour gravir les échelons. Je l’ai fait pour devenir meilleure, pour offrir le meilleur à mes petits patients. »

Perfectionniste dans l’âme, elle voulait affiner chaque geste, chaque décision, chaque mot adressé aux familles épuisées qui confient leur trésor le plus précieux à ses mains expertes.

Cette formation a transformé sa pratique. Elle comprend mieux les besoins émotionnels des nourrissons, affine ses compétences cliniques, développe un leadership empreint d’empathie. Mais surtout, elle incarne désormais une vérité universelle : les obstacles ne sont jamais une fatalité.

Pamela tient à le dire : elle n’a pas gagné seule. Elle cite ses collègues de la NICU, l’équipe pédagogique de Polytechnics Mauritius à Pamplemousses, et surtout, son mari et son fils. « Leur soutien a été mon carburant. Sans eux, je n’aurais pas tenu. »

Son fils, en pleine préparation de son baccalauréat et de ses études à l’étranger, l’a regardée se battre. Il a vu sa mère se relever. Cette image vaut tous les discours sur la persévérance. « J’ai terminé première de ma promotion. Après tout ce que j’ai traversé, cette réussite a une saveur particulière. Elle incarne ma foi, ma détermination, et mon refus d’abandonner », confie-t-elle avec pudeur, les yeux brillants.

Dans le service de néonatologie de l’hôpital Victoria, Pamela Cunniappen continue de veiller sur les plus fragiles. Mais désormais, elle est aussi la preuve vivante que l’âge, la maladie ou les tempêtes de la vie ne peuvent éteindre une flamme qui refuse de s’éteindre.

Elle n’est pas qu’une infirmière. Elle est une héroïne du quotidien, une femme de cœur et de courage, une lumière dans l’obscurité des soins intensifs. Et chaque matin, quand elle pousse la porte de la NICU, elle porte en elle cette vérité : la vie peut défier, briser, faire tomber. Mais certains se relèvent. Toujours.

 

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