À Résidence La Cure, un quartier pleure la mort d’un enfant de trois ans, percuté par une voiture alors qu’il marchait avec son père. Le conducteur, testé positif à la drogue, a été inculpé.
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Son rire s’est tu, mercredi après-midi. Keyan Alfred n’avait que trois ans. Trois années de rires, d’énergie et d’innocence qui ont suffi à remplir le cœur de sa famille et de tout un quartier. En un instant, ce bonheur s’est brisé.
À Résidence La Cure, une voiture lancée à vive allure a fauché la vie de ce petit garçon. Il marchait main dans la main avec son père, Ryan Simon, après avoir acheté des rotis, lorsqu’un conducteur les a percutés de plein fouet par l’arrière. L’enfant n’a pas survécu. L’autopsie a conclu à une lacération du foie, causée par la violence de l’impact. Son père, blessé, a dû recevoir des soins avant d’être autorisé à rentrer. Un troisième piéton a été admis en observation.
Devant la maison familiale, un petit kiosque en bois attire toujours les regards. C’était son coin, le repère du petit Keyan. « Toulezour li ti kontan zwe dan sa ti kiosk-la », raconte Marianne Alfred, son arrière-grand-mère, les yeux rougis par les larmes. « Li ti vini toulezour, li finn fer nou riye. »
Le petit garçon venait aussi de devenir grand frère. « Le bébé a seulement deux mois », lâche Marianne, la voix nouée par l’émotion. Souriant, espiègle, débordant d’énergie et posant souvent pour une photo, Keyan était très attaché à ses parents.
Ce mercredi-là, rien ne laissait présager la tragédie. Keyan passait l’après-midi chez son arrière-grand-mère. « Li ti pe manze, li ti anvi mo portab pou get YouTube », se souvient Marianne. « Li ti res enn kwiyer kan enn kout li finn larg portab-la. Li ti trouv so papa vini. Li ti koumans apel li : ‘Simon, Simon !’ »
Ryan était venu chercher son fils pour une simple balade. Ils sont partis à pied acheter des rotis. Un peu plus tard, la maman du garçonnet est arrivée chez l’arrière-grand-mère. « Elle cherchait Keyan. Je lui ai dit qu’il était avec son père », relate Marianne. Mais voyant qu’ils tardaient à revenir, l’inquiétude a commencé à monter.
« Mo finn sorti pou get kot zot ete. Se la ki mo finn aprann ki finn ena enn aksidan », confie-t-elle, encore bouleversée. Le père a indiqué à la police que la voiture qui les a percutés doublait un bus.
Depuis ce jour, Résidence La Cure ne résonne plus des rires du petit garçon. Le silence a remplacé la vie. Devant la maison, des proches, des voisins, des amis déposent des fleurs, des bougies. Tous veulent témoigner leur amour et leur colère. « Enn dimounn iresponsab finn detrir enn lavi. E li enn dimounn ki res dan landrwa mem sa », lâche un habitant. Le conducteur, Kenny Steven Lowtun, 33 ans, testé positif à la drogue, a été arrêté. Il a été inculpé provisoirement devant le tribunal de Port-Louis, jeudi.
Dans la maison endeuillée, les pleurs se mêlent à la prière. La mère, effondrée, n’a plus la force de parler. C’est jeudi queaprès-midi se sont tenues les funérailles du petit Keyan. Son arrière-grand-mère, serrant sa photo dans ses bras, tente de rester forte. Ils étaient inséparables.
Le petit Keyan laisse derrière lui des souvenirs qui ne s’effaceront jamais : ses éclats de rire, ses petits pas dans le jardin, sa curiosité sans fin. « Ti enn zanfan gayar », murmure un proche. Dans ce quartier où il apportait tant de vie, son absence pèse lourd. Mais pour sa famille, son souvenir restera une lumière. Une lumière née d’un petit garçon parti trop tôt, emporté par l’irresponsabilité d’un adulte.
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