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Bilan - Construction : le secteur vacille sous le poids des coûts d’opération

Les contrats à prix fixe qui ne tiennent compte de la hausse des coûts influencent les opérateurs.

Le secteur de la construction a été grandement secoué par la hausse des coûts d’opération en 2024. Entre l’augmentation des prix des matériaux, la flambée des salaires et les contraintes des contrats à prix fixe, les entreprises se trouvent prises au piège. Les opérateurs se battent pour maintenir leur rentabilité, mais les marges sont de plus en plus serrées. 

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Le secteur de la construction a été durement affecté par la hausse des coûts en 2024, une réalité qui a mis plusieurs opérateurs dans une situation délicate. Le rapport « State of the Economy » récemment publié a revu à la baisse les prévisions de croissance du secteur. Alors que les chiffres de septembre 2024 tablaient sur une progression de 37,4 % en 2023 et de 38,8 % pour 2024, les révisions portent désormais ces prévisions à 21,3 % et 25 % respectivement. 

Dans le milieu de la construction, on ne s’étonne pas de ces projections révisées vu que le secteur a été impacté par la pandémie de COVID-19, des conflits géopolitiques et l’augmentation des coûts des matières premières (fret et taux de change). L’inflation salariale a également pesé lourdement sur les marges de l’industrie. 

Un opérateur fait comprendre que les entreprises opèrent avec des marges de bénéfices relativement faibles (de 2 % à 5 %) particulièrement vulnérables aux fluctuations des coûts. La composante salariale représente environ 25 % du coût total d’un projet de construction. 

Avec une augmentation moyenne de 27 % des coûts de main-d’œuvre entre décembre 2023 et décembre 2024, les entreprises se retrouvent face à une hausse considérable de leur masse salariale. « Pour une entreprise réalisant un chiffre d’affaires de Rs 500 millions, cela représente une hausse de sa masse salariale de l’ordre de Rs 32 millions annuellement, soit environ Rs 2,5 millions par mois, sans possibilité de récupération pour les contrats à prix fixe, ce qui est substantiel et pas soutenable », explique un opérateur. 

Contrats à prix fixe 

Vidianand Toofanny admet que de nombreux membres de l’Association of Contractors, dont il est le président, luttent pour rester rentables. « Le plus grand défi de 2024 a été l’augmentation des prix. Les contrats n’ont pas indistinctement tenu compte de la hausse des prix. Nous avons dû supporter les coûts », argue-t-il. 

Il faut noter que la majorité des contrats publics et privés à Maurice sont à prix fixe, ce qui signifie que les augmentations de coûts indépendantes de la volonté des entrepreneurs et imprévues ne sont pas prises en compte. La PPO Circular n° 1 de 2020, par exemple, établit que les contrats publics d’une durée inférieure à un an sont généralement fixés à prix fixe, sans possibilité de réajustement.

Autre défi majeur en 2024 et pas des moindres : la disponibilité des matériaux. Cette question a été exacerbée par les projets publics, notamment la construction de maisons de la National Housing Development Company. Selon Vidianand Toofanny, cela a entraîné une pénurie de matériaux sur le marché, ce qui a retardé certains projets de construction. 

En conséquence, certaines constructions n’ont pu être livrées dans les temps. Des dommages-intérêts forfaitaires ont été appliqués pour les retards. « Cela a créé un effet boomerang sur les opérateurs du secteur », ajoute le président de l’Association of Contractors.

Risques de fermeture

Dans le passé, certains opérateurs ont été contraints de mettre la clé sous le paillasson. Pad & Co et Building & Civil Engineering Co. Ltd en sont des exemples concrets. Super Construction avait, pour sa part, opté pour une administration volontaire. La situation actuelle a fragilisé la solidité financière de certaines entreprises de construction. 

« Les entreprises se trouvent dans une situation où les charges salariales exceptionnelles, cumulées aux contrats à prix fixe, étouffent leur trésorerie. Sans mesures de soutien immédiates, beaucoup d’entre elles risquent de fermer leurs portes, compromettant des milliers d’emplois », déplore un opérateur.

Rs 1,5 milliard pour financer le 14e mois 

Environ Rs 1,5 milliard seront nécessaires pour payer le 14e mois dans le secteur de la construction. Cette somme a été calculée sur le salaire de base pour l’ensemble de l’industrie. Toutefois, cette dépense n’avait pas été prévue dans le budget pour l’exercice financier 2024, contrairement au bonus statutaire de fin d’année. 

Ravi Gutty, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association, souligne que ce paiement supplémentaire a un impact direct sur les profits et pertes des entreprises de construction. « C’est la première fois que le secteur doit gérer des augmentations salariales de 35 % en une seule année, y compris le 14e mois. Cette prime exceptionnelle représente une charge salariale supplémentaire importante, surtout pour les entreprises employant une large main-d’œuvre », indique-t-il.

Les propositions pour atténuer les conséquences financières 

  • Subventions : Offrir une aide financière directe aux entreprises 
  • Crédits fiscaux temporaires : Réduire les taxes ou cotisations pour les employeurs du secteur de la construction 
  • Révision des contrats à prix fixe : Introduire des clauses d’ajustement pour permettre la prise en compte des augmentations exceptionnelles

En chiffres

Contribution du secteur au PIB

  • 2023 : 6,6 % 

Emplois dans le secteur

  • 45 650 travailleurs (selon le rapport Labour Force, Employment and Unemployment de septembre 2024)

La position de la BACECA

La Building and Civil Engineering Contractors Association (BACECA) a attiré l’attention des ministères concernés sur les défis auxquels sont confrontées les entreprises de construction, en soulignant l’impact significatif des augmentations salariales en 2024 et du paiement du 14e mois. 

Du côté de l’association, on dit comprendre et respecter l’importance d’honorer l’engagement au sujet du 14e mois et la signification de cette mesure. Mais elle estime qu’il est nécessaire que cette mesure soit financièrement viable pour les entreprises de construction. 

La BACECA se dit prête à engager un dialogue ouvert et à collaborer avec les parties prenantes pour développer des solutions durables assurant la santé à long terme du secteur de la construction à Maurice.

  • defimoteur

     

 

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