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Bashir Taleb à propos de la PSSA : «On envisage une action légale»

La Fédération des managers des collèges privés et les syndicats protestent contre les amendements votés au Parlement, jeudi, excluant leurs représentants du conseil d’administration de la Private Secondary Schools Authority. Bashir Taleb, président de la Fédération, envisage une action en Cour.

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La Fédération des managers des collèges privés et les syndicats font bloc contre les amendements votés au Parlement jeudi. Avec ceux-ci, les représentants des managers des collèges privés et des syndicats sont désormais exclus du conseil d’administration de la Private Secondary Schools Authority (PSSA). Ils craignent qu’à travers ces amendements, la PSSA n’ait la mainmise sur les collèges privés.

Intervenant dans l’émission Au cœur de l’info, Bashir Taleb, président de la Fédération, affirme qu’une action en Cour suprême est envisagée pour contester cette décision. Il condamne le fait que les managers n’ont pas été consultés sur des amendements d’une telle importance. « Comment peut-on prendre la décision de nous exclure du conseil d’administration, où nous siégeons depuis 1976, sans nous consulter ou même nous envoyer une ébauche de ce projet de loi ? », s’insurge-t-il. Il s’élève aussi contre le fait qu’ils seront remplacés par des personnes qui, selon lui, n’auraient aucune expérience dans la gestion de collèges privés.

De plus, Bashir Taleb conteste le fait que la PSSA aura toute autorité pour imposer certains règlements aux collèges privés, notamment au niveau de la discipline. Il estime que cette décision est une ingérence dans l’administration interne de ces établissements. Il explique que chaque collège privé a sa propre politique interne en matière de discipline et c’est aux parents de choisir un collège qui corresponde à leurs attentes à ce niveau. Le président de la Fédération des managers des collèges privés estime qu’une uniformisation au niveau de la discipline est une atteinte à l’indépendance des établissements.

Enfin, Bashir Taleb estime que la façon de faire du gouvernement ne cadre pas avec les principes de bonne gouvernance. Il craint que cette action ne remette en question le partenariat entre l’état et les collèges privés. Il affirme aussi que d’anciens ministres de l’éducation soutiennent la démarche des représentants des collèges privés et des syndicats. 

Steven Obeegadoo : «On remet en question le partenariat état-collèges privés »

L’ancien ministre de l’éducation Steven Obeegadoo estime que l’actuelle ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun aurait dû se demander pourquoi il y a tant d’opposition à ces amendements. Pour lui, il s’agit d’un retour en arrière. Il a rappelé que depuis les années 60, les collèges privés ont beaucoup contribué au succès du système éducatif, car à cette époque l’état n’avait pas les moyens pour investir dans la construction de collèges dans tout le pays.

«Ainsi, le succès de l’éducation à Maurice repose sur un partenariat entre l’état et les collèges privés et aujourd’hui, quand on change la structure de la PSSA, on remet en question ce partenariat», a-t-il affirmé. Steven Obeegadoo a aussi fait ressortir que depuis 1983, tous les partenaires du secteur éducatif – représentants des managers, des syndicats et même des étudiants – sont représentés au sein du conseil d’administration de la PSSA. «Aucun ministre de l’éducation avant Leela Devi Dookun-Luchoomun n’y avait apporté de changements», a-t-il lancé. L’ancien ministre a enfin déclaré qu’il ne souhaite pas politiser le débat et estime que cela vaut la peine d’envisager une action en Cour suprême.   

Lysie Ribot : «Trois personnes décideront pour une centaine de collèges»

La représentante syndicale Lysie Ribot a fait ressortir que cinq personnes au sein du conseil d’administration de la PSSA, dont la majorité sont des représentants de l’état, vont prendre des décisions concernant plus d’une centaine de collèges privés. «Qui est ce représentant de l’état qui va oser contester une décision du directeur de la PSSA, quand il sait que le dossier va finir par atterrir au ministère de l’éducation ?», se demande-t-elle.

Elle a aussi relevé que le conseil d’administration a cinq membres et, comme les décisions seront prises à la majorité simple, il suffira de trois voix pour décider. « Donc, trois personnes décideront pour une centaine de collèges privés. » De plus, Lysie Ribot estime que le comité consultatif comprenant les managers et les syndicats ne serait qu’un « eye wash ». D’ailleurs, a-t-elle déclaré, c’est la direction de la PSSA qui décidera quand ce comité devra se réunir.

Leela Devi Dookun-Luchoomun : «Les principes de bonne gouvernance ont été respectés»

La ministre de l’éducation a expliqué que les amendements apportés sont en ligne avec les recommandations d’une étude menée en 2014 par l’Independent Commission against Corruption et l’Office of Public Sector Governance. Selon cette étude, la présence des représentants des collèges privés au conseil d’administration de la PSSA pourrait causer des conflits d’intérêts. «C’est vrai que, dans le passé, ils faisaient partie de ce conseil d’administration, mais on suit les principes de la bonne gouvernance», a-t-elle affirmé.

Elle a aussi fait ressortir que les opérateurs ne siègent pas au sein des conseils d’administration des autres régulateurs. Répondant aux allégations de conflit d’intérêts – le directeur de la PSSA, Mahesswarnath Luchoomun, n’étant autre que son époux –, Leela Devi Dookun-Luchoomun a argué que ce dernier occupait le poste de directeur bien avant qu’elle ne devienne ministre. « Je traite avec l’institution. Il ne faut pas mélanger les choses », a-t-elle répliqué.

Nominations politiques : La « médiocratisation » des institutions

Les nominations politiques au sein des organismes parapublics ont aussi fait débat, lors de l’émission. Pour Dan Maraye, ancien Gouverneur de la Banque de Maurice, il ne fait pas de doute que certains nominés politiques ont été à la hauteur. Cependant, a-t-il affirmé, ils sont une minorité. « Les autres ne peuvent assumer leurs responsabilités. Leur seul souci est de faire plaisir à leur ministre », a-t-il avancé. S’il ne voit aucun mal au fait d’être un nominé politique, il estime qu’une fois en place, celui-ci doit oublier la politique pour travailler dans l’intérêt de l’organisme. De plus, l’ancien Gouverneur de la Banque centrale est d’avis que la qualité des nominés politiques a nettement diminué ces 25 dernières années. Selon lui, la majorité d’entre eux ne maîtrisent pas leurs dossiers.

De son côté, Jean Claude de l’Estrac a fait ressortir qu’il n’y a, depuis longtemps, pas de culture de la méritocratie à Maurice. Il a expliqué que tout nouveau gouvernement rejette la moitié de la population qui n’a pas voté pour lui et nomme des proches. Ainsi, a déclaré l’ancien secrétaire général de la Commission de l’océan Indien, le gouvernement ne cherche pas les meilleurs candidats à un poste, car son principal critère est l’affiliation absolue. De ce fait, il y a une « médiocratisation » des institutions, a affirmé Jean Claude de l’Estrac.

 

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