
Alors que l’affaire du prêt de Rs 470 millions accordé par la SBM à Dhyanavartam Ltd, propriétaire de l’hôtel Maradiva, secoue les milieux financiers, la FCC resserre l’étau. Après l’arrestation de l’ex-CEO de la banque, Premchand Mungur, les enquêteurs cherchent à établir s’il existerait des liens entre lui et Kobita Jugnauth, Chairman et directrice de la société bénéficiaire.
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Deux mois après son ouverture, l’enquête de la Financial Crimes Commission (FCC) sur le prêt controversé de Rs 470 millions accordé par la State Bank of Mauritius (SBM) à Dhyanavartam Ltd, propriétaire du luxueux Maradiva Villas Resort & Spa à Wolmar, entre dans une nouvelle phase. Alors que Premchand Mungur, ex-Chief Executive Officer (CEO) et ancien Chairman du Management Credit Forum de la SBM, a été arrêté le mercredi 18 juin 2025, les limiers pourraient désormais s’intéresser à Kobita Jugnauth, Chairman et directrice de Dhyanavartam Ltd.
L’épouse de l’ancien Premier ministre ne fait l’objet ni d’une arrestation, ni d’une inculpation à ce stade. Mais elle pourrait éventuellement faire face à une séance d’interrogatoire de la FCC pour éclaircir son rôle présumé dans le processus de demande et d’obtention du prêt. La FCC cherche à établir s’il existerait des liens entre elle et Premchand Mungur qui auraient pu avoir un impact sur l’approbation du prêt. Selon une source proche du dossier, les enquêteurs souhaitent comprendre le niveau d’interaction entre les deux, notamment à travers les échanges documentés ou informels.
Le prêt accordé à Dhyanavartam Ltd – société dirigée par Kobita Jugnauth aux côtés de son frère Sanjiv Kailash Ramdanee et de leur mère Lady Ursule Jeanine Ramdanee – intrigue dès le départ. L’entreprise, autrefois connue sous le nom Mauriplage Beach Resort Ltd, est officiellement enregistrée comme une « Training Institution / (Education) n.e.c. / Small Hotels », une classification ambiguë au regard de la nature réelle de ses activités hôtelières.
La FCC soupçonne le dossier de prêt d’avoir été validé dans des conditions particulièrement souples en dépit des signaux d’alerte liés à la capacité de remboursement de l’entreprise. Au cœur de cette décision : Premchand Mungur, à l’époque président du Management Credit Forum de la SBM. Des instructions auraient-elles été données en coulisses ? La FCC étudie cette hypothèse. Premchand Mungur, lors de son audition, a nié toute pression extérieure, affirmant avoir suivi les procédures internes.
Il est reproché à l’ancien CEO d’avoir induit en erreur le conseil d’administration de la SBM pour justifier les critères ayant permis le décaissement des Rs 470 millions en faveur de Dhyanavartam Ltd, malgré les risques évidents pour la stabilité financière de la banque. Il est accusé d’avoir agi contre les intérêts de la SBM face à la situation financière de la société bénéficiaire et sur la capacité de celle-ci à honorer ses engagements de remboursement.
Perquisition nocturne
L’enquête sur ce prêt avait démarré début avril. Une perquisition nocturne avait été menée à la SBM Tower, à Port-Louis, par la FCC, qui était munie d’un ordre judiciaire. Les enquêteurs avaient procédé à la saisie de plusieurs documents relatifs aux prêts : contrats, procès-verbaux et rapports d’évaluation, entre autres. Deux mois plus tard, l’enquête avance avec l’interpellation de Premchand Mungur. Ce dernier a été placé en état d’arrestation après sa convocation au siège de la FCC, où des preuves matérielles lui ont été présentées. Lors de la comparution devant le tribunal de Port-Louis, il a été provisoirement inculpé de « fraud by abuse of position ». Il a été libéré après avoir payé deux cautions de Rs 450 000 chacune et signé une reconnaissance de dettes de Rs 5 millions.
Une toile plus large : la MIC et des milliards en jeu
L’affaire SBM/Dhyanavartam ne se limite pas à un prêt bancaire. En parallèle, la Mauritius Investment Corporation (MIC) – une entité sous l’égide de la Banque de Maurice – aurait également accordé un soutien financier de Rs 1,65 milliard à Dhyanavartam Ltd (Maradiva Villas Resort & Spa) à quelques mois des élections de 2024.

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