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Baisse des marges sur les médicaments : des pharmaciens craignent des licenciements et des fermetures

Actuellement, la loi impose un « mark-up » de 35 % sur chaque médicament

Si le gouvernement implémente sa décision d’introduire une marge régressive sur une série de médicaments, ce sera la fin pour beaucoup de pharmacies, avec des pertes d’emploi à la clef, soutient la Pharmaceutical Association of Mauritius. Ses membres ci veulent rencontrer le Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour lui faire changer d’avis.

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La Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM) s’exprime fermement contre l’introduction du « Regressive mark-up » sur huit des 11 types de produits pharmaceutiques - incluant plus de 550 articles dont les inhalateurs, les vaccins et les produits antiacides, les produits biologiques, anticancéreux, cardiovasculaires, antidiabétiques, médicaments contre l’hypertension -, et un maximum mark-up de 30 % sur les autres produits pharmaceutiques, comme décidé par le Conseil des ministres le 3 mars.

La PAM soutient que si cette mesure est introduite, « ce sera la fin pour beaucoup de pharmacies » et qu’il y a un risque important que « certains médicaments ne seront plus disponibles sur le marché » et que « des dizaines, voire des centaines de personnes perdront leur emploi ». Les pharmaciens s’en remettent au Premier ministre pour ne pas aller de l’avant et l’ont fait savoir vendredi.

L’association sollicite une réunion avec l’ensemble des opérateurs du domaine pour « expliquer les difficultés de ce secteur, le service et la valeur ajoutée offerte, l’impact de la réduction du mark-up, des mesures d’accompagnement, et pour trouver une solution globale pour la prise en charge des patients dans le privé ». La PAM soutient qu’aujourd’hui, 4 000 familles « ont leur gagne-pain dans ce secteur ».

Avec le « Regressive mark-up », beaucoup de ces emplois sont en danger direct. Actuellement, la loi impose un « mark-up » de 35 % sur chaque médicament. Par mark-up, il faut comprendre la marge totale faite par tous les acteurs à partir de l’importation jusqu’à la vente... Or, soutient la PAM, cela « comprend la marge de l’importateur, du distributeur, du grossiste et du détaillant ». Plus précisément, 11 % de la marge sont pour l’importation et la distribution, alors que 21,6 % de la marge vont au détaillant.

Certes, concède la PAM, le prix des médicaments a pris l’ascenseur dans le sillage de la pandémie de COVID-19. Mais les facteurs qui sont à l’origine du phénomène sont, selon elle, en dehors de son contrôle. Les pharmaciens pointent du doigt la dépréciation de la roupie qui est, selon l’association, de 24 %, 20 % et 17 % par rapport respectivement au dollar américain, à l’euro et au rand sud-africain pour la période de début 2020 à ce jour. À cela, il faut ajouter le coût du fret qui a « augmenté de 50 à 6 0% par rapport à la pre-COVID-19 et une hausse de 140 % des matières premières sur le marché international ».

En sus des facteurs internationaux, il y en a qui sont d’ordre national. La PAM met en avant la hausse des tarifs d’électricité, mise en place par le Central Electricity Board depuis le 1er février, la hausse du coût de la main-d’œuvre, les charges bancaires, les frais de location, le coût du carburant qui est de 50 % plus cher par rapport à la période d’avant-COVID-19. « Les pharmaciens se retrouvent, après les coûts d’opération, avec une marge nette de 1,5 à 2 %. Pour survivre et offrir un service de qualité au public, le business doit attirer une marge décente », laisse entendre la direction de la PAM.

C’est quoi le « Regressive Mark-up » ?

Depuis environ deux ans, la question de la fixation des prix des médicaments fait débat à Maurice. Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a été l’un des premiers à dénoncer le système de « fixed mark-up », qui, selon lui, favorise les médicaments les plus chers au détriment des alternatives plus abordables.En effet, comme l’explique un rapport de la Competition Commission datant de juin 2021, la politique actuelle de fixation des prix des médicaments à Maurice repose sur un système de taux de marge fixe imposé aux clients. Les prix sont établis en appliquant une marge maximum de 35 % sur le prix d’un médicament, incluant l’assurance et le fret, ainsi qu’une allocation spéciale de 2 % pour les frais de débarquement. Cette politique a pour effet de favoriser les médicaments les plus chers, car plus le prix du médicament est élevé, plus la marge de profit l’est également.

Selon la Competition Commission, cette politique de marge de profit fixe peut inciter les distributeurs et revendeurs à privilégier les médicaments les plus chers, au détriment des alternatives plus abordables à valeur thérapeutique égale. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les médicaments sont globalement plus chers à Maurice que dans d’autres pays, constate la Commission.

Face à cette situation, la Competition Commission conseille l’introduction d’un système de « Regressive mark-up », c’est-à-dire un système dégressif, qui permettrait de limiter la marge de profit des médicaments les plus chers. Selon ce système, plus un médicament est cher, moins la marge de profit est élevée.

Le 3 mars dernier, le Conseil des ministres a décidé de mettre en œuvre cette proposition qui est soutenue par Xavier-Luc Duval, qui estime que « les prix des médicaments doivent être revus à la baisse ». Il pense également que les importateurs doivent être encouragés à proposer des alternatives plus abordables, afin de mieux répondre aux besoins de la population.

 

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