
Alors que les prix des produits alimentaires et des carburants restent élevés, les cours du pétrole sur le marché international sont, eux, en baisse. Comment expliquer ce paradoxe ? C’est la question qu’a posée Patrick Hilbert à ses invités sur le plateau de l’émission « Au Cœur de l’Info » le lundi 14 avril 2025 sur Radio Plus.
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Pourquoi les prix des carburants restent-ils élevés malgré la chute du baril à l’international ? Pour répondre à cette question cruciale, le ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Michael Sik Yuen, était l’invité de l’émission « Au Cœur de l’Info » le lundi 14 avril 2025. Il a annoncé un audit complet de la State Trading Corporation (STC), dans le but de détecter d’éventuelles irrégularités.
La hausse des prix, la politique gouvernementale et les mécanismes de fixation des tarifs sont autant de thèmes abordés durant les deux heures qu’aura duré l’émission. En ouvrant le débat, Michael Sik Yuen a évoqué le système de calcul en vigueur depuis 2011 pour fixer les prix des carburants.
Selon lui, ce mécanisme prend en compte plusieurs facteurs, dont les données des mois de janvier, février et mars, ainsi que les projections pour avril, mai et juin. À partir de ces éléments, une moyenne est calculée par le Petroleum Pricing Committee (PPC), qui soumet ensuite une recommandation au ministère. « À aucun moment, le ministère n’intervient directement », a-t-il précisé.
Mais la marge de manœuvre reste étroite. Le Price Stabilisation Account (PSA) affiche actuellement un déficit de Rs 2,8 milliards, malgré un excédent de Rs 300 millions pour le Mogas. « À un moment donné, le déficit avait atteint Rs 5,2 milliards, qui est un record. Aujourd’hui, il nous faut rembourser cette dette », a insisté le ministre.
C’est alors qu’il a annoncé que le gouvernement mène actuellement un audit sur la STC. « Si jamais il y a eu maldonne, on saura », a-t-il dit en évoquant également le dossier MMG (Mercantile & Maritime Group).
Système de taxation
Pour Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), l’argument du déficit du PSA est recevable. Toutefois, il estime que ce sont les promesses électorales irréalistes qui nourrissent aujourd’hui la frustration du public. « Il ne faut pas faire une inflation de la parole en annonçant des baisses spectaculaires des prix des carburants. Il faut éviter les promesses excessives », a-t-il affirmé.
Il a aussi réitéré la position de l’Acim sur la fiscalité des produits pétroliers. Il appelle à une révision urgente du système actuel de taxation, qu’il juge trop lourd. « Les taxes appliquées sur ces produits sont beaucoup trop élevées », a-t-il dénoncé.
De son côté, l’activiste Nishal Joyram a interpellé le ministre du Commerce sur l’opacité du système de tarification. Il propose la publication, pour chaque cargaison, du prix exact du carburant ainsi que des détails du « Cost, Insurance, and Freight » (CIF). Selon lui, cette transparence permettrait aux citoyens de vérifier par eux-mêmes les prix réels.
« Il y a eu des dérives dans la réglementation sous l’ancienne administration. J’espère que le gouvernement actuel saura corriger ces anomalies, notamment au niveau de la STC », a-t-il déclaré.
Il a également montré du doigt les dérives réglementaires introduites en 2023 par la STC. Elles auraient, d’après lui, empêché le versement de quelque Rs 5 milliards dans le PSA entre 2022 et 2023. Il estime que ces clauses soulèvent des doutes sur la destination de ces fonds. « Si les prix pour chaque navire entrant à Maurice étaient rendus publics, cela garantirait une véritable transparence », a-t-il martelé.
Manque de devises
Durant l’émission, le débat a également porté sur le manque de devises sur le marché local et ses répercussions sur l’économie. Selon le ministre Michael Sik Yuen, la STC est directement confrontée à cette problématique. « Si la Banque de Maurice ou les autres banques fournissaient à la STC la totalité des devises dont elle a besoin, cela créerait un déséquilibre et poserait problème à l’ensemble des importateurs du pays. Cela risquerait de provoquer des pénuries de produits sur le marché », a-t-il expliqué.

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