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Au Cœur de l’Info – Eric Ng, économiste : «Il faut que les entreprises puissent se restructurer»

Il est mieux de perdre quelques emplois que de laisser les entreprises aller vers la fermeture. C’est l’avis d’Eric Ng. Pour l’économiste, le maître-mot doit être la flexibilité et il recommande, au passage, une ouverture « plus grande » de nos frontières. Il intervenait lors de l’émission Au Cœur de l’Info, ayant pour thème « Consommation et flambée des prix en 2021 : quelle évolution ? ». Une émission animée par Eshan Dinally et Jane Lutchmaya, le mercredi 13 janvier 2020, sur Radio Plus. Zoom sur les points forts. 

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  • Situation économique : « L’économie est une continuité. Si l’année change, cela ne veut pas dire que la situation va changer aussi. On sera toujours dans une contraction de 7 % jusqu’en juillet 2021 », dit l’économiste Eric Ng. Pour lui, la reprise de la consommation ne se fera pas de sitôt. « Les six premiers mois de 2021 seront toujours difficiles », ajoute-t-il.  
  • Entreprises et emplois : La situation des entreprises va toujours être difficile. Par ailleurs, dit Eric Ng,  la nouvelle vague de la pandémie en Europe, aux États-Unis et en Asie va compliquer davantage les choses. Ainsi, il soutient que le prochain Budget en juin doit favoriser la relance des entreprises. 

Le gouvernement, dit-il, a déjà déboursé gros en faveur des entreprises. « Maintenant, il faut les laisser se débrouiller. L’État doit permettre aux entreprises de se restructurer même s’il y aura des pertes d’emploi. Il est mieux de perdre quelques emplois que de laisser les entreprises aller vers la fermeture », avance Eric Ng. 

Pour l’économiste, le maître-mot est la flexibilité. Il faut donner aux entreprises plus de flexibilité pour se restructurer. «Un soutien ponctuel ne peut devenir un soutien durable », est-il d’avis. En outre, Eric Ng dira qu’on ne peut vivre au-delà de nos moyens, que ce soit au niveau des ménages, des entreprises et de l’économie. « L’État ne peut soutenir éternellement les entreprises au détriment de l’économie », dit-il. 

  •  Tourisme et ouverture des frontières : Si la Mauritius Investment Corporation (MIC) accorde de l’argent aux hôteliers, soutient Eric Ng, encore faut-il que ces groupes puissent rembourser cet argent. « Si ces groupes n’arrivent pas à honorer leurs engagements, l’État deviendra, certes, actionnaire. Mais quelle sera la valeur de ces actions ? » s’interroge-t-il. 

L’économiste est d’avis que les hôteliers auraient dû utiliser une partie de leurs réserves «  pour soutenir l’emploi et non dépendre totalement du gouvernement ». Pour lui, il est très important que le pays ouvre plus grandement ses frontières avec toutes les précautions sanitaires. Cela dit, il ne faut pas imposer des conditions qui décourageront les touristes. « Prenons l’exemple de nos voisins. Malgré les risques, les Maldives et les Seychelles ont rouvert leurs frontières. D’ailleurs, les Maldives ont accueilli 500 000 touristes l’an dernier », souligne-t-il. Et d’ajouter : « Gérer la Covid-19 ne concerne pas uniquement des mesures sanitaires mais aussi des mesures économiques. Un gouvernement qui gère un pays, c’est un gouvernement qui gère les risques. On ne peut gérer la santé publique tout en asphyxiant l’économie ou un secteur entier de l’économie ». 

  • Hausse des prix : Les prix de nombreux produits de consommation ont pris l’ascenseur ces derniers mois.  Une tendance qui, selon Eric Ng, devrait se poursuivre dans les mois à venir.  « Il est bon de faire ressortir que 70 à 75 % des produits de consommation sont importés.  Ainsi, la hausse des prix est expliquée par la hausse du coût du fret et par la dépréciation de la roupie vis-à-vis d’autres devises étrangères », explique l’économiste.  
  • Production locale : Eric Ng est d’avis que si les prix des produits importés vont continuer à grimper,  les Mauriciens doivent commencer à privilégier les produits locaux. Cependant, il concède qu’en raison de la hausse du coût des matières premières et d’autres coûts de production, les prix des produits locaux sont aussi assez élevés. « Dans ce cas, il faut laisser la concurrence jouer son rôle. D’ailleurs, c’est le devoir de la Competition Commission of Mauritius de s’assurer que les prix soient déterminés par la force du marché et que les consommateurs n’en soient pas pénalisés », dit-il.  

Mosadeq Sahebdin, président de la CAP : «Privilégier les produits les plus économiques»

Le président de la Consumer Advocacy Platform (CAP) est catégorique. Pour lui, la tendance à la hausse des prix va se poursuivre durant les prochains mois. Il faut rester vigilant dans les dépenses, dit-il. « Les consommateurs doivent privilégier les produits les plus économiques », soutient-il.  Mosadeq Sahebdin dit d’ailleurs observer que pendant les fêtes, les consommateurs en général ont fait leurs achats avec beaucoup plus de précaution. « Il paraît qu’un planning a été fait  avant les achats », dit-il. 

Claude Canabady, secrétaire  de la CEA : «Se tourner vers les produits locaux» 

Le secrétaire de la Consumer’s Eye Association (CEA) estime que, dans la conjoncture actuelle où les prix des produits de consommation ne cessent d’augmenter, les consommateurs doivent « acheter malin ». « Par ailleurs, il faut commencer à se tourner vers les produits locaux », conseille Claude Canabady.  

Kavi Doolub, porte-parole des supermarchés King Savers : «Hausse de 7 à 8 % des prix»

Le porte-parole des supermarchés King Savers fait ressortir que, ces derniers mois, les prix des produits de consommation en général ont augmenté de l’ordre de 7 à 8 %.  « La pandémie de la Covid-19 a certes chamboulé l’approvisionnement des produits de consommation ces derniers mois. Cependant en décembre, nos quatre magasins étaient en mesure de fournir 90 % des références de produits », dit Kavi Doolub. Par ailleurs, il affirme que la chaîne de supermarchés a pu atteindre une croissance à deux chiffres par rapport à la période de fin d’année de 2019. Kavi Doolub soutient également qu’il y a une tendance auprès des Mauriciens d’acheter des produits locaux.

 

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