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Au Coeur de l’Info - Ally Lazer : «Rajeunissement et féminisation de la toxicomanie»

Ally Lazer, travailleur social, Edley Maurer de l’ONG Safire et Rattan Jhoree de la CDU, étaient les invités de Radio Plus lundi.

L’émission « Au cœur de l’info » de lundi a mis en lumière la question préoccupante du rajeunissement et la féminisation des consommateurs de drogue. Ally Lazer, travailleur social, a indiqué que les plus jeunes consommateurs qu’il ait rencontrés étaient un garçon de 10 ans et une fille de 12 ans. 

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Le comportement des jeunes est au cœur des préoccupations. Le rajeunissement des consommateurs de drogue est un des aspects abordés dans l’émission « Au cœur de l’info » du lundi 18 mars 2024. Sur le plateau de Radio Plus, Mélanie Duval a accueilli Ally Lazer, travailleur social, Edley Maurer, travailleur social au sein de l’ONG Safire, et Rattan Jhoree, Child Welfare Officer à la Child Development Unit (CDU) du ministère de l’Égalité des genres. 

Le constat est flagrant, selon Ally Lazer qui tire la sonnette d’alarme depuis quelque temps. « Je suis dans la conscientisation et la sensibilisation depuis quarante ans. Cela fait un bout de temps que j’alerte sur le rajeunissement mais aussi une féminisation des consommateurs de drogue », a-t-il expliqué. 

Il a raconté que les plus jeunes consommateurs qu’il a rencontrés était un garçon de 10 ans et une fille de 12 ans. « À chaque fois que je questionne un jeune usager de drogue sur la raison qui l’a poussé à se droguer, on voit que c’est dû à la pression des pairs. Ils sont souvent encouragés par des amis », a-t-il fait ressortir. Il a insisté sur la gravité de la situation en précisant que sur tous les dix parents qui accompagnent leurs enfants, sept ont moins de 18 ans.

Même constat pour Rattan Jhoree, Child Welfare Officer à la CDU du ministère de l’Égalité des genres. Il a expliqué que les parents représentent la solution pour résoudre le problème de comportement des jeunes. « Tout commence par eux. Il faut que l’enfant soit content de rentrer chez lui après l’école et qu’il n’ère pas dans la rue avec les amis. Le problème de la drogue ne concerne pas uniquement les autorités mais également les parents », a-t-il indiqué. 

D’un point de vue global, plusieurs facteurs pourraient expliquer le rajeunissement des consommateurs de drogue à Maurice et pour Edley Maurer, travailleur social au sein de l’ONG Safire, il y a un surtout un déphasage entre le développement économique et social du pays. « Le pays se développe rapidement. Mais qu’en est-il du secteur éducatif ? Combien d’enfants sont toujours déscolarisés ? Comment peut-on expliquer le nombre d’enfants qui n’arrivent pas à suivre le système éducatif et qui se retrouvent livrés à eux-mêmes ? », a demandé Edley Maurer.

Pour ce qui est de l’aspect médical, le Dr Luxmi Tauckoor, addictologue à la Harm Reduction Unit du ministère de la Santé, a fait comprendre que l’addiction comprend plusieurs facteurs de vulnérabilité. Selon lui, à l’adolescence, les jeunes en passe de devenir adultes ont une vulnérabilité car il y a le manque de maturité cérébrale, laquelle n’arrivera que lorsqu’ils auront environ 25 ans.

« Quand un jeune consomme une substance psychoactive, son cerveau subit des complications neurologiques assez tôt. Du coup, il se retrouve avec des lésions cérébrales », a-t-il expliqué lors de son intervention au téléphone. Il devient aussi plus difficile pour un jeune de sortir de la jeune comparativement à un adulte. Il a précisé que les complications sont beaucoup plus graves, surtout au niveau psychiatrique et psychique.

La méthadone à 15 ans

La distribution de la méthadone, dès l’âge de 15 ans, fait débat. Mais pour le Dr Luxmi Tauckoor, ce projet s’aligne avec les recommandations internationales. « Le rajeunissement des usagers de drogue est un phénomène mondial. Aux États-Unis et au Canada, la situation est similaire avec des jeunes usagers d’opiacés. Ils ont commencé avec les traitements de substitution et cela a fait ses preuves. Il y a eu une diminution de cas d’overdose. Plusieurs études ont été publiées sur le sujet. Nous, à Maurice, nous faisons face à ce problème maintenant et c’est pourquoi nous voulons prendre les devants et traiter les patients le plus tôt possible », a précisé l’addictologue.

 

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