Deux jours de partage et de discussions intenses. Les Assises de l’Environnement, tenues au Caudan Art Centre, les 16 et 17 décembre, ont apporté son lot de plaintes, de contestations et de propositions. Les yeux sont maintenant rivés sur le ministère de l’Environnement qui viendra avec un schéma-directeur.
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Or, avant même la mise sur pied de ce plan, des mesures révolutionnaires et concrètes ont été annoncées. Parmi, des mesures sur la gestion des déchets. Cela a été un des sujets traités lors des discussions. Maurice produit plus de 543 000 tonnes de déchets solides par an et le centre d’enfouissement de Mare-Chicose sera saturé en 2020.
Le taux de déchets solides augmente par 3,1% chaque année. En mai 2020, Mare-Chicose sera saturé. D’ailleurs, il faut trois hectares par année pour enfouir les déchets produits, à un coût de Rs 1,5 milliard par an. La gestion de ces déchets devient de plus en plus problématique. L’assistance a voulu connaître si le ministère rendra publique la Solid Waste Management Strategy. Selon le département des déchets solides du ministère de l’Environnement, cette stratégie viendra avec une mesure révolutionnaire pour le pays, mais qui ne date pas d’hier dans les pays avancés. Il s’agit de la déchetterie.
Ce point a été soulevé par le président de la Société royale des Arts et des Sciences, Pierre Baissac. Il affirme que la collecte de déchets ménagers est une chose, mais que faire de certains types de déchets qui sont souvent retrouvés dans la nature ? Il parle d’appareils électroniques, de vieux meubles et de débris végétaux, entre autres. Il a évoqué la possibilité d’installer des déchetteries régionales pour faciliter les Mauriciens.
Bhaguthsing Beerachee, directeur adjoint à la Solid Waste and Beach Management Division du ministère de l’Environnement, devait révéler que la Solid Waste Management Strategy qui est en préparation prévoit la mise sur pied de déchèteries dans les collectivités locales. Ces dépôts accueilleront un certain type de déchets et d’un certain volume. Le but est d’éviter que des individus ne jettent leurs déchets dans la nature, ou que ces déchets ne s’accumulent dans les rues. De plus, son département met en ce moment sur pied deux dépôts dans deux stations de transfert. Ces dépôts seront réservés aux débris de construction.
Ruben Munien, Chief Health Inspector au conseil de district de Grand-Port, a présenté une idée concernant les bouteilles en plastique. Ce sont les poubelles de collectes et de tri. Ces bouteilles sont, ensuite, renvoyées aux recycleurs. Il souligne que le système actuel est coûteux. Ruben Munien a souligné que la ségrégation des déchets doit passer par la distribution de poubelles, de la mise à la disposition des collectivités locales des véhicules.adaptés. « Le plus important, dit-il, c’est une loi sur la collecte des déchets électroniques et les déchets de construction». Il faudra distribuer 325 000 poubelles de tri, alors que le coût des collectes par ménage est de Rs 31 par semaine.
Micro-plastique : la nouvelle menace
Le Dr Yashvin Neehaul, chercheur au Mauritius Oceanography Institute (MOI), fait un état des lieux de la situation. Le MOI a une station d’observation permanente de micro-plastiques à Albion. En attendant les retombées de ces observations, il a révélé une partie des trouvailles d’une étude menée au large de Mahébourg. Il se trouve que la densité de micro-plastiques est plus forte en dehors du lagon. La thèse est que c’est le courant qui a transporté ces micro-plastiques ou que ces débris ne proviennent pas de Maurice. Selon le Dr Yashvin Neehaul, il est difficile de repérer ces débris dans la mer, car ils ressemblent à des vers de terre, à des crustacés ou à des planctons. Ils mesurent entre un micromètre et cinq millimètres. En parallèle, le MOI travaille sur la bioaccumulation – qui est l’accumulation de micro-plastiques dans les poissons et c’est le poisson cordonnier qui sera pris comme cas pour ces analyses.
Reboisement : utiliser les réserves
Une des observations de ces Assises, c’est le reboisement des réserves. Maurice possède environ 1000 kilomètres de rivières et celles-ci comportent des réserves sur leurs berges équivalent à 20 hectares. Ces réserves ne peuvent être bétonnées ni accueillir des constructions. Elles peuvent être reboisées. Idem pour les rangées de montagnes autour de Port-Louis qui peuvent devenir un vaste parc naturel du type Stellenbosch en Afrique-du-Sud. C’est ce qui est ressorti de la présentation de Pamela Bappoo Dundoo, de l’United Nations Development Programme (Global Environment Facility).
Déchets électroniques : riches débris
La gestion des déchets électroniques est proposée par un modèle mis sur pied par la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Maurice (MCCI). Depuis janvier dernier, la MCCI veut mettre en place la responsabilité élargie des producteurs. Les importateurs, revendeurs et autres sont appelés à prendre en charge la gestion de ces déchets.
Kavi Ramano : « Une transition écologique est importante »
Lors de la cérémonie de clôture, le ministre Kavi Ramano a évoqué les grandes lignes de sa politique énergétique. Il a souligné que les consultations ont eu les résultats escomptés avec des critiques et propositions innovantes.
La situation actuelle est grave et il y a urgence, souligne le ministre. Kavi Ramano fait appel à une nouvelle façon de penser et prône des approches contemporaines. « Une transition écologique est importante », dit-il.
Le ministre a souligné que ces Assises ont démontré plusieurs lacunes dans : le cadre législatif, l’application des lois, le manque de planification urbaine, le financement et la fiscalité environnementale, entre autres. « Les Assises ne sont pas une fin, mais durant les prochaines semaines, les techniciens travailleront sur les propositions. » « Je me rends à l’évidence que des choses ont été réalisées par mes prédécesseurs... mais il est temps de venir avec des mesures courageuses sur une base solide pour un schéma-directeur », a fait ressortir le ministre. Kavi Ramano annonce des amendements dans les cadres légaux tôt en 2020. « Je vais rendre compte au gouvernement sur une base régulière des progrès accomplis. »
« Je prends l’engagement, je ne veux pas être l’auteur d’un énième rapport, mon but c’est d’exécuter ce que nous avons discuté ». Dans une déclaration au Défi Media Group, Kavi Ramano a reconnu que chaque précédent ministre a apporté sa contribution. Il souligne, cependant, qu’il faut prendre en compte le débat sur le changement climatique et l’aspect visuel de l’environnement à Maurice. Le ministre a affirmé qu’il ne voulait pas faire de ‘damage control ‘ mais venir avec du concret. Il voulait venir avec un plan établi pour les prochains dix ans. D’où la tenue de ces Assises. Il explique qu’il a examiné les lois concernant son ministère et il a eu des consultations et constate qu’il y a des limites dans la politique environnementale.
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