Assembblée nationale : les Standing Orders remis en cause

Les Standing Orders, qui régissent la vie parlementaire, méritent un bon dépoussiérage. C’est ce que l’on soutient au sein de la majorité comme dans l’opposition. L’ancien Speaker de l’Assemblée nationale, Razack Peeroo, penche dans la même direction.

Si l’opposition se montre extrêmement critique envers l’attitude du Speaker Sooroojdev Phokeer à son égard, Naveena Ramyad, Government Chief Whip, affirme que celui-ci fonctionne selon les paramètres imposés par les Standing Orders  (SO). Ceux-ci sont restés inchangés depuis l’Indépendance de Maurice en 1968.

« Le Speaker a fonctionné d’après ses prérogatives et le cadre des Standing Orders. Ceux-ci sont très clairs, mais peut-être un peu rigides », affirme-t-elle. « Je me demande d’ailleurs pourquoi ces Standing Orders n’ont pas été revus pendant toutes ces années. Ils ont été formulés d’après la House of Lords. Peut-être que dans certains endroits, les réalités mauriciennes n’ont pas été prises en compte. Ceux qui visent le Speaker se trompent de cible. Il faudrait plutôt demander d’amender les Standing Orders pour insuffler un peu plus de souplesse », ajoute-t-elle.

Le leader de l’opposition, Arvin Boolell, ne trouve pas d’excuses au comportement du Speaker à l’égard de l’opposition parlementaire. D’ailleurs, il a saisi en justice après avoir déposé une motion de censure contre lui. Motion qui n’a pas eu la majorité des votes et a donc été rejetée.

Par contre, il est amplement temps de « revoir les Standing Orders du Parlement après 52 ans d’existence », car non seulement, il faudrait revoir le fonctionnement des comités parlementaires, mais aussi « renforcer la séparation des pouvoirs ».

Selon Arvin Boolell, « le fondement même de la Constitution est remise en cause ». Cette année, avoue-t-il, a été une année difficile. « Malgré des choses que nous n’avions jamais vues avant, l’opposition a pu faire un travail magnifique. Mais, beaucoup de questions restent sans réponses ».
Un bon toilettage des SO permettrait donc de redéfinir les rôles et de changer ce qui doit l’être pour permettre un fonctionnement plus moderne du Parlement.

Speaker du 24 juillet 2012 au 8 novembre 2014, Razack Peeroo, abonde dans le même sens. « Tout comme les lois, les SO devraient évoluer ensemble avec les réalités du présent. Une société est dynamique tout comme la démocratie et, par extension, la démocratie parlementaire. Il serait dont tout à fait raisonnable de revoir les SO dans leur ensemble afin qu’ils reflètent les nouvelles réalités tout en consolidant et renforçant la démocratie », est-il d’avis, en ajoutant que la Constitution devrait elle aussi subir le même sort.

« Il n’y a rien de mal de mettre sur pied un comité interpartis comprenant des gens qui ont une grande expérience de la chose parlementaire pour voir ce qui doit changer et dans quel sens cela doit changer », précise encore Me Peeroo.