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Agriculture, blanchisserie, nettoyage industriel… : ces secteurs d’activité frappés par la sécheresse 

La sécheresse vient à peine de commencer que certaines activités économiques subissent déjà les conséquences d’un manque d’eau. Si la situation persiste, des mesures extrêmes visant à contrôler la consommation d’eau devront être prises. Quels sont les secteurs concernés ? Le point.

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Agriculture : Une baisse allant jusqu’à 50 % de la production attendue 

Le premier secteur à être directement affecté par la sécheresse est certainement l’agriculture. Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters Association, avance, cependant, que l’irrigation demeure au bas de la liste des priorités de la Central Water Authority quand il s’agit de l’utilisation de l’eau dans les réserves. « Le pays compte en moyenne 3 500 hectares sous culture de légumes. Mais à cause de la période sèche, beaucoup de planteurs n’ont pas pris le risque d’investir dans l’agriculture. Du coup, il faut compter 25 % de terres en moins sous culture », explique-t-il. 

Il avance que la récolte sera, par conséquent, inférieure à celle de la même période l’année précédente. « Si le pays est frappé par d’autres calamités naturelles, en particulier par des cyclones, la production baissera encore. D’ailleurs, nous tablons déjà sur une baisse allant jusqu’à 50 % », prévoit Kreepalloo Sunghoon. 

Qui dit baisse de production, dit hausse des prix. Pour lui, il est grand temps de revoir le système d’approvisionnement en eau et le système d’irrigation. « En été, les planteurs sont toujours confrontés au même problème. Il faut commencer à chercher des moyens de capter l’eau des rivières. Il faut aussi privilégier l’irrigation goutte à goutte afin de ne pas faire de gaspillage », propose-t-il.


Nettoyage industriel : Plus de temps requis pour accomplir les travaux 

Les entreprises engagées dans le nettoyage industriel sont contraintes de revoir leur système de travail en cette période de sécheresse. C’est le cas de DynaPro Cleaning Service. « À la demande de nos clients, nous faisons le nettoyage manuellement avec des tuyaux d’arrosage au lieu d’utiliser la haute pression », explique Wendip Appaya, le directeur.  

Il dit avoir des contrats avec des entreprises pour le nettoyage sur une base quotidienne. « Ne pas pouvoir utiliser la haute pression est un casse-tête. Le nettoyage manuel prend plus de temps. Cela peut, par exemple, prendre plus d’une demi-journée pour nettoyer un bâtiment, alors qu’avec la haute pression, les mêmes travaux peuvent être achevés en deux heures », fait-il comprendre. 

Il avance que pour le nettoyage manuel implique davantage d’employés. « Et nous sommes déjà confrontés à un gros manque de main-d’œuvre », déplore Wendip Appaya. 

L’incapacité de faire le nettoyage en profondeur se fait également sentir chez Sotraclean Ltée. « Sur certains sites, on ne peut pas travailler comme il faut à cause du manque d’eau. À certains endroits, l’eau ne coule pas du tout pendant la journée », déplore Tony Ah Yu, le directeur. Il avance que c’est un véritable défi pour transporter l’eau. « Le recours à un camion-citerne coûte de plus en plus cher à cause du prix élevé du carburant. »

Blanchisserie : Certaines commandes doivent être refusées 

En cette fin d’année, la demande pour des services de blanchisserie est relativement plus élevée par rapport aux autres mois de l’année. Ménages, restaurants et hôtels, entre autres, se préparent pour le grand nettoyage. 

Mais à cause du manque d’eau, certaines blanchisseries ne sont pas en mesure de satisfaire la demande. « Tous les jours, je me retrouve dans l’obligation de refuser des commandes. Avec les coupures d’eau, je ne peux pas accepter de gros volumes », confie Heemanja Reetun, directrice de Dhruv Laundry à Quatre-Bornes. Cela l’a obligée à revoir le fonctionnement de l’entreprise. « Afin d’optimiser l’utilisation de l’eau, nous faisons deux rinçages au lieu de trois en temps normal », dit-elle.  

Chez Dry Cleaning Ltd toutefois, la sécheresse n’est pas vraiment un souci. « Notre entreprise a énormément investi dans différents domaines, tels que des tunnels de lavage et des stations de recyclage, entre autres, afin d’utiliser le moins d’eau possible durant le lavage. Le but étant de réduire notre impact sur l’environnement », explique Stéphane Chasteau de Balyon, le Chief Operating Officer. 

De ce fait, dit-il, bien moins d’eau est consommée qu’auparavant. Dry Cleaning Ltd utilise son propre forage qui évite le pompage d’eau sur le réseau de la Central Water Authority. « Cela vise encore une fois à limiter notre impact sur le réseau, les habitants et la population en général. Notre service ne devrait pas être affecté à ce stage, mais nous poursuivons constamment nos efforts afin de minimiser les risques », soutient-il. 


Station de lavage automobile : Le nombre de clients en chute libre 

De plus en plus conscients de l’importance de l’eau, les Mauriciens revoient leurs priorités. C’est ce qu’observent les propriétaires des stations de lavage automobile. À Terre-Rouge, le nombre de clients chez Lotus Car Wash Specialist ne cesse de baisser depuis quelques semaines. « En temps normal, je reçois entre 20 et 25 clients par jour pour des services de lavage. Mais le nombre ne dépasse même pas 10 clients par jour en ce moment », déplore Rouben Bhoban, le propriétaire. 

Il pense que les Mauriciens font preuve de prudence dans leurs dépenses. « En cette période de sécheresse, ils hésitent à dépenser dans le lavage à haute pression », constate-t-il. Avec les fréquentes coupures d’eau, il est obligé de faire appel à des camions-citernes. « Pour un camion, je dois débourser Rs 3 000 en moyenne, ce qui représente un coût supplémentaire », dit-il.  

Même son de cloche du côté de Wieberr Group Mauritius Ltd, qui compte quatre stations à Maurice et une à Rodrigues. « À cause des fréquentes coupures d’eau et du manque de pression, je dois faire appel à des camions-citernes deux fois par semaine. Pour 6 000 litres d’eau, je dois débourser environ Rs 3 500 », indique Chris Erriah, le directeur. 

Il dit enregistrer une baisse drastique du nombre de clients. « Normalement je reçois 16 voitures par jour, voire 25 pendant le week-end, pour le lavage. Actuellement, je n’en reçois que huit en moyenne par jour », déplore-t-il. Il avance qu’il lui arrive parfois de devoir refuser des clients à cause du manque d’eau. « C’est un manque à gagner énorme. Même si les revenus sont en baisse, je dois continuer à payer mes 14 travailleurs », explique le directeur.
 

 

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