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Accidents : les erreurs les plus courantes sur la route

L’incivisme au volant augmente sur nos routes.
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Soyons francs : pour bon nombre de conducteurs, les cours de conduite ne sont plus qu’un vague souvenir. C’est une des raisons susceptibles d’expliquer le nombre d’accidents en hausse à Maurice. D’autres erreurs sont montrées du doigt par des experts de sécurité et des moniteurs. Le point.

Le terme « usagers de la route » englobe non seulement les motocyclistes et les automobilistes, mais aussi les piétons. Bien que ces derniers soient protégés par le Road Traffic Act et qu’ils aient le droit de circuler sur la route, les conducteurs ont très peu de respect pour eux. Tel est le constat de Barlen Munusami, expert en sécurité routière. Comptant plus de 32 ans de service au sein de la police, dont 27 ans passés à la Traffic Branch, il se consacre désormais entièrement à son domaine de prédilection, après avoir pris sa retraite. L’ancien sergent explique les erreurs les plus fréquentes des usagers de la route pouvant provoquer un accident, mortel dans certains cas.

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L’insouciance des motards

À ce jour, Maurice a enregistré 83 victimes d’accidents mortels. La majorité, soit 35 victimes, sont des motocyclistes. Selon Barlen Munusami, qui est aussi l’auteur du manuscrit Le guide du motocycliste, « l’une des causes d’accidents chez les motocyclistes est la vitesse. Dans la majorité des cas, lorsque vous analysez l’impact et le résultat d’un accident mortel chez un motocycliste, pa bizin enn exper pour vinn dir ki li ti pe roul vit. Malheureusement, cette adrénaline est présente chez certains amoureux des deux-roues. Ils vont même jusqu’à modifier leur engin pour en augmenter la vitesse, sans se rendre compte du danger. » 

Il soutient que le port d’un bon casque de protection (crash helmet) est primordial. « Certains motocyclistes utilisent un crash helmet juste pour avoir l’air branché et n’attachent même pas la jugulaire. D’autres achètent un casque à petit prix et de très mauvaise qualité, n’assurant aucune sécurité. Or il est essentiel de connaître l’importance d’un casque professionnel », insiste Barlen Munusami.

Ensuite, bien que la loi oblige le port du gilet fluorescent durant la nuit, bon nombre d’utilisateurs des deux-roues ne le font pas, déplore-t-il. « Il y a aussi cette mauvaise attitude chez un bon nombre de motocyclistes qui circulent à tort ou à travers. Ils se faufilent entre les véhicules et doublent les voitures sur le côté gauche, faisant fi du code de la route », constate l’expert en sécurité routière.

Le manque d’attention des piétons

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Barlen Munusami.

« Souvent, nous remarquons qu’il existe un abus de ce privilège qui a été accordé aux piétons par le Road Traffic Act. Ils doivent comprendre qu’ils sont responsables de leur propre sécurité », explique Barlen Munusami. 

Il cite en exemple les piétons qui traversent les passages cloutés sans vérifier. « Certes, un conducteur doit impérativement s’arrêter devant un passage piéton. Malheureusement, tous les conducteurs ne respectent pas le code de la route. » 

D’autre part, il parle de ces piétons qui choisissent de traverser l’autoroute ou à une jonction pour parcourir une plus courte distance. « En ce faisant, ils mettent leur vie en danger. »

Ensuite, un grand nombre de piétons circulent dans le mauvais sens de la route, fait remarquer Barlen Munusami. Or il leur est conseillé de circuler sur le côté droit de la route pour pouvoir faire face aux automobilistes et que les deux parties puissent anticiper un quelconque accident. 

Il y a aussi des parents qui marchent avec leurs enfants au bord de la route, alors que c’est extrêmement dangereux, fait-il remarquer. C’est mieux que les enfants soient placés à l’intérieur, car un adulte a de meilleurs réflexes pour réagir en cas de danger. 

Il fait aussi ressortir que les piétons font preuve d’un manque de réflexion évident la nuit. « Certaines personnes portent des vêtements sombres dans l’obscurité et cela réduit drastiquement la visibilité de leur présence sur la route », dit-il. Avant d’ajouter : « Certains préfèrent la facilité au lieu de la sécurité. » 

La persécution au volant

« Bon nombre de conducteurs de voiture, camion, bus ou autres conduisent par habitude et non par observation. C’est flagrant de voir comment certains ne suivent pas les règles de priorité sur les intersections. Ils brûlent carrément les feux de signalisation ou doublent sur une ligne blanche », indique Barlen Munusami.

Il montre également du doigt le manque de courtoisie, voire l’inexistence de la civilité chez beaucoup de conducteurs. C’est particulièrement vrai « chez ceux qui sont au volant de gros véhicules tels que les SUV, les tout-terrain et autres… ». Une attitude qu’il qualifie de « persécution au volant ». Selon lui, les conducteurs doivent revoir leur mentalité et leur attitude sur la route, car ils sont nombreux à prôner l’égoïsme. 

Ensuite, Barlen Munusami parle de l’alcool au volant, « tout comme la vitesse ».

83 morts sur nos routes 

Du début de l’année au samedi 22 octobre, 78 accidents mortels pour 83 victimes de la route ont été enregistrés.

Tranches d’âge des victimes
15 à 25 ans  17 morts
26 à 50 ans 34 morts
51 à 59 ans 9 morts
60 ans à monter 23 morts
Catégorie :
Piétons 24 morts
Conducteurs 5 morts
Motocyclistes 35 morts
Passagers de voiture 10 morts
Cyclistes 4 morts
Passagers de moto 5 morts

 

Sécurité routière : un nouveau système d’apprentissage préconisé

Iqbal Aubdool, moniteur d’auto-école depuis plus de 25 ans, indique que « les accidents surgissent à la suite de la négligence des conducteurs ». Afin de diminuer le nombre d’accidents et de morts sur nos routes, les autorités doivent mettre en place un nouveau système d’éducation sur la sécurité routière, suggère-t-il. 

« Avant que quelqu’un ne commence à apprendre à conduire, il doit suivre impérativement 3 à 4 heures de sessions théoriques. Cela va aider l’aspirant conducteur à prendre conscience des dangers qui le guettent sur la route. Ce sera comme une formule de sensibilisation chez les novices », explique-t-il. 

Le moniteur d’auto-école confie qu’un tel procédé est d’actualité dans son institution. Cependant, « 95 % des élèves refusent la session théorique et préfèrent passer directement au volant ».

Iqbal Aubdool déplore l’attitude hautaine, égoïste et « fout-pas-maliste » de certains conducteurs. « Il m’est arrivé, en tant que moniteur d’auto-école, de notifier un conducteur sur le danger d’utiliser le téléphone portable au volant. Il m’a répondu ‘ki to ete twa ? Lapolis ? Ki to pou kapav fer ?’ J’étais choqué », raconte-t-il. 

Le moniteur relate une autre anecdote. « Récemment, j’étais sur le siège passager, à côté d’une demoiselle qui apprenait à conduire. Nous étions à la rue D’Entrecasteaux, Port-Louis. Soudain, une BMW avec une femme d’une trentaine d’années au volant nous a doublés sur la gauche avant de faire un virage pour s’arrêter devant les feux de signalisation plus loin. J’ai dû intervenir afin d’éviter un accident. Comme par hasard, mon élève s’est arrêtée à côté d’elle et je lui ai expliqué gentiment son erreur, mais elle m’a répondu de manière vulgaire : ‘Al roul dan kann, pa enn plas pou apran sa’. Cet incident me fait dire que de nombreux conducteurs oublient qu’ils ont débuté comme élèves avant d’obtenir leur permis. »

Iqbal Aubdool déplore la montée de l’incivisme sur la route. « Il faut toujours conduire avec un niveau extrême de vigilance. »

Quelques erreurs de conduite fréquentes 

  1. Conduire trop près de la voiture devant soi
  2. Ne pas vérifier les angles morts
  3. Ne pas regarder dans ses rétroviseurs extérieurs
  4. Avoir la rage au volant
  5. Ne pas utiliser ses clignotants
  6. Ne pas respecter les règles d’un arrêt à quatre sens
  7. Tourner dans la mauvaise voie
  8. Conduire trop lentement
  9. Trop freiner
  10. Surcharger sa voiture
  11. Oublier d’allumer ses feux la nuit
  12. Ralentir sur une voie de dépassement
  13. Rouler dans les flaques d’eau

Témoignages de jeunes conducteurs

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Dickshay Mooloo

Dickshay Mooloo, 22 ans, de Surinam, note un certain laxisme chez des conducteurs mauriciens quant au respect du code de la route. « Vous seriez surpris du nombre de conducteurs qui se contentent de changer de voie sans regarder dans les rétroviseurs, surtout sur l’autoroute », déplore l’habitant de Surinam. 

Il s’insurge également contre ceux qui utilisent le clignotant à tort et à travers. « Certains pensent que cela leur donne le permis de tout faire. Ils l’utilisent à souhait au détriment de la sécurité des autres conducteurs. »

Le jeune homme n’en démord pas : être au volant engage une certaine responsabilité. « Les conducteurs doivent mettre l’accent sur une conduite préventive en adoptant une attitude positive envers les autres usagers de la route. »

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Ghristee Kareemun

Ghristee Kareemun, 21 ans, s’appesantit, elle, sur la vitesse au volant. « Si une personne sort de chez elle 10 minutes en retard, elle doit être consciente qu’en essayant de rattraper le retard, elle risque de mettre la vie d’autres personnes en péril. Malheureusement, parfois gagnés par le stress sur la route, les conducteurs ne prennent pas les bonnes décisions. Nous devons faire appel à notre pleine conscience et garder notre calme », conseille l’habitante de Centre-de-Flacq. 

Non-respect du code de la route

Autre « erreur » qu’elle dit observer fréquemment, le non-respect du code de la route, en particulier durant les heures de pointe. « Les conducteurs doivent maintenir une limite de vitesse raisonnable et respecter la distance de sécurité entre les véhicules pour permettre aux autres de dépasser en cas de besoin, sans provoquer d’accident de la circulation. »

Yashna Joypaul, 26 ans, évoque, de son côté, l’utilisation du téléphone au volant. « Malgré le renforcement des sanctions, ce délit reste au cœur de nombreux accidents de la route. C’est malheureusement un comportement presque addictif à l’ère numérique », observe l’habitante de St-Paul. 

La jeune femme parle également du non-respect des consignes pour les sièges auto pour bébé. « Les enfants en voiture sont tout aussi vulnérables qu’un piéton ou un cycliste. Il est malheureux de constater que la mauvaise utilisation des sièges auto, voire leur absence, est fréquent. »

Cela a pour conséquence que la personne au volant se retrouve avec des enfants hors de contrôle en voiture. « En sus de les exposer à des risques d’accident, le conducteur lui-même devient vulnérable, car il est susceptible d’avoir un moment d’inattention lors de la surveillance de l’enfant. C’est un cas de figure à éviter absolument. »

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Yovan Umrit

Yovan Umrit, 25 ans, de Fond-du-Sac, dénonce lui aussi la mentalité et le comportement de certains conducteurs. « La mauvaise mentalité et le comportement qui l’accompagne sont les premiers facteurs à blâmer pour les accidents mortels sur la route. Ce ‘je-m’en-foutisme’ doit absolument être éradiqué afin de laisser place à des conducteurs plus attentifs et compatissants vis-à-vis de la vie des autres usagers de la route », sensibilise-t-il.   

Il attire également l’attention sur les conducteurs qui font fi des lois concernant l’alcool au volant. « Certains consomment des boissons alcoolisées et se permettent de prendre le volant sans aucune considération pour leur vie ou celle des autres. Et cela, alors que c’est l’une des causes principales des accidents mortels. »

Les erreurs sur la route sont nombreuses, poursuit Yovan Umrit. « Toutefois, il est de notre devoir, en tant que conducteurs, de faire preuve de vigilance et de suivre le code de la route à la lettre pour une meilleure conduite. »

 

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