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Abolition de l’esclavage, le 1er février : la femme esclave et son rôle-clé dans l’économie coloniale

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Il y a 186 ans, plus de 71 000 esclaves ont été «libérés » à Maurice. Parmi, 28 000 étaient des femmes, jeunes filles et nourrissons. Ces femmes ont
40 % de la population des esclaves étaient des femmes 

Plus de 13 000 étaient employées comme domestiques, baby-sitters, fermières, entre autres.
Plus de 13 000 étaient employées comme domestiques, baby-sitters, fermières, entre autres.

Selon Satyendra Peerthum, les femmes esclaves ont joué un rôle important dans l’économie coloniale entre les années 1640 et 1830, et encore plus pendant les années 1820 et 1830, ou durant les derniers jours de l’esclavage colonial dans notre pays.

« En 1835, les femmes, les jeunes filles et les nourrissons représentaient environ 40% de la population des esclaves ou plus de 28 000 individus, tandis que leurs homologues masculins comptaient plus de 43 000 individus. »

Le travail des femmes esclaves 

Plus de 13 000 étaient employées comme domestiques, baby-sitters ou ayahs, fermières, infirmières, cuisinières, blanchisseuses, jardinières, couturières, teinturières et autres commerçants.

Une femme esclave avec un enfant, punie pour marronnage dans les années 1770.
Une femme esclave avec un enfant, punie pour marronnage dans les années 1770.

« La majorité d’entre elles travaillaient comme domestiques ou dans les entreprises de leurs propriétaires ou employeurs à Port-Louis et dans les régions rurales. Elles avaient accès à la liberté, gagnait de l’argent pour élever leurs enfants »

Environ 7 000 femmes travaillaient dans les champs de canne à sucre ou autres. Elles étaient des ouvrières non qualifiées. 

7 500 femmes libérées entre 1829 et 1839

En 1829, le Bureau des Protecteurs des esclaves voit le jour. Le protecteur des esclaves permettait à ces derniers d’acheter leur liberté contre de l’argent, mais à condition que l’esclave se soit bien comporté. Entre 1829 et 1839, 10 000 esclaves ont été libérés, la plupart avaient acheté leur liberté et d’autres étaient libérés par leurs propriétaires volontairement.

Satyendra Peerthum est historien, chercheur et écrivain.
Satyendra Peerthum est historien, chercheur et écrivain. 

Des 10 000 libérés, 75 % étaient des femmes  

« Parmi, on retrouve Betsy Bon Enfant, une domestique qui a acheté sa liberté et celle de ses quatre enfants quelques jours avant l’abolition de l’esclavage », fait ressortir Satyendra Peerthum.

Les femmes marrons 

Le marronnage a existé entre les années 1640 et 1830. Il était courant pour les esclaves, hommes et femmes, en fuite, de s’organiser en petits ou grands groupes ou gangs. Ces bandes marrons vivaient dans les forêts, les montagnes, les ravins et près des rivières. Entre les années 1790 et 1830, certains de ces gangs d’esclaves fugitifs étaient bien organisés et armés, car ils étaient poursuivis sans relâche par les forces coloniales. 

« Les femmes marrons ont joué un rôle important dans la résistance des esclaves. C’était aussi une stratégie de survie pour elles afin de se tailler un espace de liberté dans une société esclavagiste hautement raciste et chauvine », indique notre interlocuteur. 

Depuis 1810 et le début des années 1830, des centaines de femmes et de jeunes filles étaient capturées comme marrons et certaines même comme grandes marrons.

10 000 femmes esclaves marrons capturées et incarcérées

Entre 1820 et 1826, plus de 50 000 marrons ont été capturés, dont environ 10 000 femmes, soit 20% de la population des marrons. 
« Ces femmes marrons étaient incarcérées au bagne de Port-Louis et, à de rares occasions, elles étaient également arrêtées avec leurs enfants. » 

Les noms des femmes marrons capturées  dans le district de Moka.
Les noms des femmes marrons capturées dans le district de Moka.

La résistance des femmes marrons

Selon notre interlocuteur, « cette pratique de marronnage des femmes esclaves était régulièrement mentionnée dans les journaux contrôlés par le gouvernement local. Leurs résistances étaient considérées comme un problème d’ordre public par les autorités coloniales locales et les propriétaires d’esclaves. »

L’esclavage à Maurice : les trois premiers esclaves 

L’esclavage colonial a existé à Maurice entre 1639 et 1835, pendant les administrations coloniales néerlandaise, française et britannique. Selon Satyendra Peerthum, les trois premiers esclaves, qui étaient Indiens et Omanais, ont été amenés par le gouverneur Adriaan Van Der Stel de Batavia, aujourd’hui Jakarta, de l’île de Java, pour travailler dans la colonie nouvellement établie de l’île Maurice néerlandaise.

D’où venaient-ils ? : « Selon les travaux récents du Dr Richard Allen, du Dr Vijaya Teelock et mes recherches, les esclaves venaient du Mozambique, d’autres régions d’Afrique de l’Est comme la Tanzanie, le Malawi, le Kenya et l’Éthiopie, de Madagascar, des Comores, de l’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal et la Gambie, de l’Inde, du Sri Lanka, de l’Asie du Sud-Est incluant la Malaisie, le Java, le Timor et même la Chine. Il y avait aussi des Mauriciens ou des esclaves créoles nés sur place, descendants d’Africains, de Malgaches, de Français, de Britanniques, de Malais et de Chinois. »

En chiffres 

  • Au milieu des années 1830, environ 45% de la population d’esclaves étaient d’origine mauricienne, 47% des Mozambicains et des Malgaches, 5% étaient des Indiens et 3% des Malais et autres. 
  • En 1835, 75% des esclaves étaient composés de la population libre et les 25% restants des Européens, des Indiens et autres. 
 

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