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70% des candidats n’accèdent pas au Lower 6 - 5 Credits : un critère qui révèle plusieurs failles

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L’ancien ministre de l’Éducation Vasant Bunwaree a pris la décision d’introduire le critère de 3 credits pour la School Certificate en 2012 afin de permettre à une grande majorité d’élèves de faire le Higher School Certificate (HSC) et ne pas causer d’injustice aux élèves en difficulté. Huit ans plus tard, la nouvelle ministre de l’Éducation Leela Devi Dookun-Luchoomun réintroduit le critère des 5 credits pour le SC et compte maintenir cette mesure.

Om Nath Varma : «Nous devons viser à un pourcentage plus élevé de résultats de qualité» 

omÀ votre avis pourquoi 13,141 élèves n’ont-ils pas obtenu les 5 credits ?
Justement, c’est un sujet de grande préoccupation. D’autant plus que nous savons que pour avoir un crédit pour le School Certificate (SC), un élève doit avoir environ 50 % de points par sujet. Le pourcentage de points pour avoir une distinction pour le SC est également devenu une inquiétude par rapport aux pays qui se situent dans la fourchette des meilleurs résultats d’après l’évaluation internationale. À Maurice, nous n’en sommes pas encore là. Néanmoins, nous devons désormais viser à atteindre un pourcentage plus élevé de résultats de qualité en termes de credits. De plus, nous avons aussi tendance à nous détendre, mais encore à attendre que les règles soient adaptées à nos intérêts. Comme le monde a changé, nous sommes tous obligés de faire des efforts supplémentaires et il arrive fréquemment que nous soyons attirés par des débats qui donnent de faux espoirs. Moi, j’estime que nous devons être vigilants et prendre nous-mêmes des mesures correctives en temps opportun.

Les générations d’élèves précédentes ont connu la règle des 5 credits pour aller en HSC. En 2012, le gouvernement d’alors avait fait des concessions en laissant les élèves faire le HSC avec 3 ou 4 credits. Vos commentaires ?
Après cette décision politique, des concessions ont été faites afin de permettre à davantage d’élèves mauriciens de poursuivre leurs études à l’université. Cependant, nous devons être conscients que les règlements pour un emploi privilégient toujours les candidats mieux qualifiés. Il est évident que ceux qui ne possèdent pas la qualification de base seront gravement désavantagés. Il y a, notamment la frustration de ne pas être diplômé et de ne pas accéder à des emplois dans le service civil où les 5 crédits sont obligatoires. Les règlements n’ont pas été modifiés. L’augmentation du nombre de personnes n’ayant pas la qualification de base appropriée aurait pu convenir à la représentation statistique des nombres, mais pas aux emplois et à l’accès à certaines professions qui nécessitent une qualification appropriée avec 5 crédits.

En quoi revêt l’importance des 5 crédits ? 
L’exigence de 5 crédits incitera certainement les élèves à faire plus d’efforts s’ils souhaitent faire leur entrée dans la filière académique. Néanmoins, il existe de nombreuses opportunités pour d’autres emplois où les 5 credits ne sont pas requis et qui s’adressent aux personnes qui ont d’autres aptitudes. Elles les permettent de suivre une formation technique et professionnelle, notamment pour avoir un travail tout aussi bon ou meilleur. Cependant, nous avons besoin d’un état d’esprit différent et d’une capacité à voir le succès de différentes manières plutôt que de 5 crédits restreints pour les emplois col blanc qui ne sont pas et ne seront pas disponibles pour tous.

Quel est l’impact de cette décision sur la main-d’œuvre de demain ? 
Avec ce règlement pour le SC, la main-d’œuvre requise sera très diversifiée. La possibilité d’entrer dans les nouveaux secteurs qui nécessitent une qualification alternative existera de ce fait. La tendance à nous limiter à quelques emplois traditionnels conduit également à l’impasse pour beaucoup. Le gouvernement devrait informer les citoyens sur les emplois futurs à Maurice. De leur côté, les employeurs devraient également faire leur part au niveau de l’autonomisation des personnes, tout en les aidant à voir dans des directions différentes.

Les « apprenants tardifs » seront-ils pénalisés ? 
Les apprenants tardifs, qui souhaitent rester dans le secteur, ont également la possibilité de refaire leurs examens, maintenant qu’ils ont été confrontés à cette situation. Cela les aidera certainement à faire plus d’efforts s’ils souhaitent rester et persévérer dans le domaine qu’ils ont choisi de faire leurs études.

Vos recommandations ?
Quand vous êtes jeune, un petit effort à cet âge paie toute une vie. Il vaut mieux consolider la qualification de base. Si l’enfant est clair sur ses objectifs et ce qu’il veut atteindre, il est inutile de le lui rappeler. Même les personnes très performantes recommencent lorsqu’elles souhaitent concourir pour une bourse. C’est parfois difficile et frustrant, mais cela paie pour ceux qui sont prêts à faire l’effort.


Vikash Ramdonee : «Il y a un déclin depuis 2012»

Recteur du Beekrumsingh Ramlallah State Secondary School, Vikash Ramdonee qui enseignait autrefois les langues, indique qu’il approuve la décision du gouvernement en ce qui concerne l’application du règlement des 5 credits aux élèves du SC pour accéder en Grade 12. En tant que secrétaire de l’Union of Rectors and Deputy Rectors of State Secondary School, il dira aussi que cette prise de conscience était nécessaire pour avoir un niveau d’éducation de qualité à Maurice. « Désormais, les élèves devront travailler dur pour faire le Higher School Certificate. Depuis la décision du gouvernement d’alors, en 2012, permettant aux élèves ayant moins de 5 credits de faire le HSC, il y a eu une détérioration dans le niveau d’éducation », fait-il ressortir. 

Selon Vikash Ramdonee, plusieurs facteurs expliquent cette baisse conséquente dans la performance des élèves du SC. Parmi, il y a l’indiscipline des élèves dans leur apprentissage à l’école. Ensuite, certains parents ne suivent pas le travail de  leur enfant à l’école. De surcroît, quand la technologie n’est pas utilisée à bon escient, cela a une incidence grave sur la concentration des élèves en classe. « Nous avons constaté qu’au lieu de se concentrer, un bon nombre d’élèves attend patiemment la fin des cours pour sortir leur téléphone afin, entre autres, de consulter leurs messages ou encore voir la quantité de likes obtenue sur les réseaux sociaux », énonce-t-il. Pour Vikash Ramdonee, il y a aussi un manque de valeurs familiales et de communication entre les parents et les enfants. Ces derniers, esseulés, se renferment souvent dans un monde virtuel, dit-il.


L’Éducatrice Preety Ramjuttun : «Garbage in, garbage out» 

preetyCommentant l’entrée en vigueur du critère des 5 credits pour la cuvée SC 2019, Preety Ramjuttun, l’éducatrice en Business Studies et Entrepreuneurship au collège Adolphe de Plévitz à Goodlands, indique que c’est effectivement une bonne mesure initiée par le gouvernement pour avoir une éducation de qualité à Maurice. Toutefois, elle partage son constat du Grade Threshold de Cambridge pour les matières examinées.

« Nous avons 13,141 élèves qui n’ont pas réussi. Cependant, nous devons aussi prendre en considération l’attribution des credits et des distinctions par rapport aux points obtenus par les élèves pour les examens du SC. Le niveau de performance a drastiquement baissé », fait ressortir Preety Ramjuttun.

Cette dernière ajoute que la qualité des résultats indique que, de nos jours, les élèves n’ont pas une culture de la pensée critique, ce qui est essentiel pour l’apprentissage à l’école. Elle est d’avis que certains élèves ont tendance à se cantonner uniquement à leurs centres d’intérêt. « Prenons l’exemple du sujet que j’enseigne en classe, le Human Ressource Management. J’ai constaté que les élèves ne suivent pas l’actualité locale. Pourtant, s’ils s’intéressaient à ce qui se passe dans le pays, cela pourrait les aider à, non seulement mieux comprendre les sujets qu’ils étudient en classe, mais les permettre aussi à développer la pensée critique », renchérit Preety Ramjuttun.  

Cette dernière insiste sur le fait que la culture d’apprendre doit être réinstauré pour aider les élèves à mieux réussir leur apprentissage à l’école. « C’est une responsabilité parent-école-enfant. Dès le PSAC et les examens de la Grade 9, il faudrait déjà canaliser les élèves ayant des difficultés scolaires vers la formation et les autres vers les filières d’études dans lesquelles ils se sentent à l’aise », souligne l’éducatrice. Au cas contraire, on se dirige inéluctablement vers un  « garbage in, garbage out. »


Royal College de Port-Louis : un seul élève échoue au SC 

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Venou Payneeandy, assistant-recteur du collège.

Dans l’après-midi du jeudi 16 janvier, pas de breakdown pour le nombre d’élèves qui ont eu trois, quatre, cinq ou plus de credits pour les examens du School Certificate au Royal College de Port-Louis (RCPL). Mais on apprend qu’un élève a échoué à cette épreuve et qu’il devra refaire la Grade 11. 

Pour l’assistant-recteur du collège, Venou Payneeandy, la décision du gouvernement d’imposer cinq Credits pour accéder en Grade 12 n’aura que peu d’incidence sur le RCPL. 

Toutefois, il estime que cela aura une incidence plus conséquente dans certains collèges privés qui accueillent des « Late Learners. » Comme le recteur du DMC, Soondress Sawmynaden, il dit que ce sont les distractions qui obstruent l’apprentissage des élèves à l’école. 

Il évoque aussi le refus de certains parents d’assumer leur responsabilité, en ce qu’il s’agit des études de leurs enfants. Pour lui, c’est en travaillant ensemble que de meilleurs résultats seront obtenus. 


Curepipe College : 18 sur 253 élèves accèdent en Grade 12

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Neetesh Sewpal, le recteur.

À la publication en ligne des résultats de School Certificate 2019, vers les 10 heures, le jeudi 16 janvier, le Curepipe College note la remarquable performance de son élève Ah-Teck Ronald Ho-Koon qui a eu quatorze unités. Cette année, ce collège privé affiche un taux de réussite de 55 % pour les examens du SC. 

Sur 253 candidats, 79 d’entre-eux ont réussi cette épreuve. Au Curepipe College, le breakdown : 41 élèves (trois Credits), vingt élèves (quatre Credits), cinq élèves (cinq Credits), trois élèves (six Credits) et deux élèves (sept Credits.) Donc uniquement dix-huit élèves de ce collège passeront en Grade 12 (Lower Six). Tandis que les 235 autres, eux, retournent en Grade 11. 

Neetesh Sewpal, le recteur du Curepipe College, qui est aussi le président de la Managers of Private Secondary Schools Union (MPSSU), indique : « Nous ne sommes pas contre la décision du gouvernement en ce qu’il s’agit du règlement des cinq Credits en SC pour accéder en Grade 12. C’est une initiative louable pour répondre aux besoins de la fonction publique à l’avenir. Mais quid de l’avenir des élèves qui ont eu trois ou quatre credits ? Pourquoi les pénaliser par rapport à la demande d’emploi dans la fonction publique ? », s’interroge-t-il. 

Selon lui, ces élèves avec leurs trois ou quatre credits arrivent à maturité en Lower Six et Upper Six. « Beaucoup d’entre eux franchissent le cap du HSC et décrochent, par la suite, une place à l’université pour poursuivre des études supérieures. »

C’est pour cela que la MPSSU demande une rencontre avec le Premier ministre, en présence de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation pour discuter des possibilités d’études pour ces élèves au lieu de les faire refaire le SC. 

« Ils ne connaissent pas la réalité dans les Grant-Aided Private Secondary Schools qui sont une trentaine à accueillir des élèves inférieurs chaque année en grade 7. Pour pallier cette injustice envers ceux qui n’ont que trois ou quatre credits, le gouvernement pourrait les laisser faire le General Certificate of Education (GCE) Advanced Level. Ce qui les permettrait de poursuivre leurs études et de décrocher un emploi dans le secteur privé, entre autres », suggère-t-il. 

Il ajoute que les enseignants de ce type de collège privé ne pourront pas faire de miracle avec les élèves pour les faire décrocher cinq Credits. « Le premier souci c’est le niveau des élèves que nous recevons en admission pour la Grade 7 et d’autre part, il y a aussi un problème du zoning, car nous recevons des élèves qui habitent le sud et l’ouest du pays, issus de familles avec des difficultés. » Et de conclure que, toutefois, le Curepipe College, qui fête son 58e anniversaire, fait de son mieux pour offrir un environnement moderne à ses élèves et l’encadrement nécessaire pour leur apprentissage à l’école. « Nous sommes très pessimistes en ce qu’il s’agit de l’avenir de nos élèves et des Grant-Aided Private Secondary Schools. »


Dr Maurice Curé State College : 100 % des élèves franchissent la barre des cinq credits 

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Soondress Sawmynaden, le recteur.

Trois élèves du Dr Maurice Curé (DMC) State College à Vacoas ont eu que des A* dans les huit matières qu’elles ont prises pour les examens du School Certificate. Affichant cette année un taux de réussite de 100 %, le collège compte dix-huit élèves avec six unités. Cinq élèves avec sept unités, huit élèves avec huit unités, huit élèves avec neuf unités et douze élèves avec dix à douze unités, suivi des 64 % des élèves qui ont réussi haut la main leurs examens de SC. 

Cette remarquable performance est le résultat d’un travail d’équipe pour atteindre l’objectif du collège : un taux de réussite de 100 %, indique Soondress Sawmynaden, le recteur du DMC. « Nous sommes très satisfaits de la performance de la cuvée 2019. Avoir cinq credits en SC n’est pas la mer à boire. Si parents, élèves et enseignants y mettent du sien, le niveau d’excellence sera atteint à l’avenir », dit-il. 

Ce dernier qui est également le président de l’Association des recteurs et des assistants-recteurs des collèges d’État partage toutefois son constat de deux problèmes majeurs qui affectent actuellement l’apprentissage des élèves du secondaire.

« Scotchés sur leurs portables, les élèves passent au minimum deux heures par jour sur les réseaux sociaux. Se sentant esseulées, elles ont aussi tendance à s’isoler dans un monde virtuel. Distraites, elles ne donnent pas le meilleur dans leurs études. Je pense que les parents doivent assumer leurs responsabilités et communiquer avec l’enfant. Si parents, élèves et enseignants y mettent des leurs, il n’y a pas de raison pour que le taux de réussite ne soit pas 100 % », estime-t-il. 

Soondress Sawmynaden fait aussi ressortir la rigidité des options à laquelle fait face les élèves en ce qu’il s’agit du choix de matières pour le SC et le HSC. « Au Dr Maurice-Curé bien que c’est un exercice qui prend du temps, nous essayons de proposer le plus de combinaisons possibles à nos élèves. Nous estimons que si elles sont à l’aise dans leur choix de matières, leurs performances seront meilleures. Nous sommes un exemple à suivre. » 

Il est d’avis que si d’autres collèges suivent cette pratique, ils pourront aussi franchir la barre des cinq Credits et parvenir à un taux de réussite de 100 %. Il suggère également d’élargir le choix de matières pour SC et HSC. Notamment en introduisant de nouvelles (Thinking Skills Subjects).


Islamic Cultural College : appréhension d’une baisse d’admission en Grade 12

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Rashid Baganee, le recteur.

En tant que Form VI College, l’Islamic Cultural College à Vallée-des-Prêtres accueille chaque année des élèves pour la Grade 12, après la proclamation des résultats du School Certificate. Le recteur Rashid Baganee ne cache pas son appréhension, en ce qu’il s’agit du nombre des élèves avec cinq credits qui y seront admis en 2020. « Depuis ce matin, j’ai reçu une quinzaine de parents dont les enfants ont eu quatre credits ou moins. Malheureusement avec le nouveau règlement des cinq credits pour accéder en Lower Six, nous ne pouvons rien faire pour eux », explique-t-il. 

Il relate le cas d’une fille qui a eu quatre credits. « Elle était dans tous ses états, car elle ne pouvait pas accéder en Grade 12. Je lui ai montré que sur ses résultats, c’est écrit SC Results Pass. Je pense que le gouvernement doit aussi prendre en considération le côté humain de la situation. La décision du gouvernement peut aussi avoir une incidence psychologique sur les élèves qui n’ont pas atteint le critère requis pour la Grade 12. Mais qui ont toutefois passé leurs examens de SC. »  

Et de dire que ce règlement de cinq credits viendra bouleverser le taux d’admission des élèves dans les Form VI Private Schools. « L’an dernier, nous avons eu 30 à 40 % d’admission. Cette année, nous nous attendons à avoir un chiffre encore plus bas. Nous pouvons accommoder environ 550 élèves. Avec ce nouveau règlement, je me demande si nous pourrons atteindre les 200 élèves ? » 

Et de faire ressortir qu’il faudra que le gouvernement trouve le moyen de donner la chance aux élèves qui ont eu trois ou quatre credits de poursuivre leurs études, au lieu de les faire refaire le SC. « Il y a une centaine des cas chez nous où les élèves ayant eu moins de cinq credits ont réussi leur parcours académique. Je pense qu’il faut aussi reconsidérer l’option du GCE A level », conclut-il.

 

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