Interview

Yogesh Singh: «Plus de dix entreprises mauriciennes ont délocalisé leurs activités à Madagascar»

L’industrie textile mauricienne veut être un ‘Textile and Apparel Hub’ en travaillant en collaboration avec Madagascar. Le président de la Mexa affirme qu’entre 10 et 15 entreprises textiles locales sont présentes dans la Grande île.

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Floréal Knitwear a annoncé une délocalisation de sa production à Madagascar. Dans quelle mesure l’industrie textile sera t-elle  affectée à Maurice?
La délocalisation de nos entreprises textiles et habillements a commencé depuis longtemps. D’ailleurs, Floréal Knitwear a commencé son processus de délocalisation depuis les années 1990. Ce n’est que maintenant qu’elle l’a officiellement annoncé. Il est également bon de noter que l’ensemble du Groupe CIEL a une stratégie internationale. Il a établi des succursales non seulement à Maurice, mais aussi à Madagascar, au Bangladesh et en Inde. C’est une tendance normale. Il n’y aura donc pas d’impacts négatifs conséquents sur l’économie.

Qu’en est-il des pertes d’emplois ?
Les travailleurs étrangers sont la principale composante des effectifs de Floréal Knitwear. Certains seront renvoyés dans leur pays, d’autres seront réaffectés dans des entreprises manufacturières. L’entreprise met tout en œuvre pour compenser les salariés  mauriciens ou les replacera dans ses opérations à Madagascar ou au sein de ses compagnies sœurs.

Pourquoi une entreprise se délocalise-t-elle ?
Normalement, c’est le coût de production. L’objectif des entreprises est de faire des profits. Si le coût de production est trop élevé dans un pays, elles ne pourront pas rester compétitives sur le marché. Ainsi, elles chercheront d’autres environnements où elles pourront réduire leurs coûts de production. Concernant les entreprises du secteur textile et de l’habillement, c’est surtout le coût de la main-d’œuvre qui en est la raison principale. La délocalisation leur permet de demeurer concurrentielles et efficaces.

En termes de coûts de production, quelle est la différence entre Maurice et ses concurrents ?
Le coût de la main-d’œuvre est un élément majeur du coût total de production. À Madagascar, le coût de la main-d’œuvre, en termes de salaire de base, est presqu’un tiers de ce qu’il est à Maurice. Dans le cas de la Grande île, nous ne dirons pas que les entreprises malgaches sont nos concurrentes. Nous travaillons plutôt en complémentarité. Si nous comparons avec nos concurrents, à savoir le Bangladesh, le Vietnam et l’Éthiopie, le coût de la main-d’œuvre à Maurice est plus élevé.

D’autres entreprises ont-elles l’intention de délocaliser leurs activités dans un proche avenir ?
La délocalisation de nos entreprises textiles a commencé dans les années 1990. Aujourd’hui, dix à quinze sociétés mauriciennes engagées dans le secteur textile et de l’habillement sont présentes à la fois à Maurice et à Madagascar. 80 % des exportations textiles de Madagascar sont fabriquées par les entreprises mauriciennes. Nous travaillons sur une stratégie régionale pour devenir un Textile and Apparel Hub. La production haut de gamme est faite à Maurice et la production bas de gamme à Madagascar. Par conséquent, Madagascar et Maurice ne sont pas des concurrents. Nous partageons plutôt une relation complémentaire.

Comment peut-on retenir les entreprises textiles à Maurice ?
Il importe de lutter pour un environnement d’affaires concurrentiel, non seulement pour nos entreprises textiles, mais aussi pour les firmes engagées dans d’autres secteurs. Pour le faire, il importe d’attirer de nouveaux investissements dans le pays.

 

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