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VIH : hausse de nouveaux cas chez les hétérosexuels

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Un changement de paradigme s’est opéré dans la transmission du VIH, avec 68 % des nouveaux cas diagnostiqués parmi les hétérosexuels, ce qui oblige le ministère de la Santé et les ONG à réorienter leurs campagnes de prévention.

Dr Mungala
Dr Mungala Devi Soyjaudah

Un taux qui interpelle. 68 % des nouveaux cas de VIH ont été diagnostiqués chez les hétérosexuels en 2022, selon les chiffres du ministère de la Santé. Jusqu’en 1987, l’infection était plus répandue parmi les populations clés : les personnes qui s’injectaient des drogues, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les personnes transgenres et les travailleuses du sexe.
Une tendance que confirme également les organisations non gouvernementales (ONG). Pils notamment souligne que selon les chiffres officiels, la population en général est de plus en plus exposée aux infections, en particulier les jeunes et un nombre croissant de femmes. Le pourcentage de nouveaux cas de VIH chez les hétérosexuels, qui était de 52,3 % en 2015, est passé à 61,5 % en 2019, puis à 68 % en 2022. De plus, le nombre de cas de syphilis est passé de 2 915 en 2020 à 3 509 en 2021, mais a légèrement diminué l’année dernière, avec 3 380 cas confirmés en laboratoire.
« Cette tendance actuelle exige que le sujet soit remis au premier plan des conversations et de l’actualité au plus vite », insiste l’ONG, qui lutte depuis 25 ans contre le VIH à Maurice. Pour Pils, la tendance actuelle montre que le VIH profite une fois de plus de la méconnaissance et de l’ignorance au sein de la population. L’ONG déplore également l’absence d’une communication continue, ce qui réduit l’accès aux informations. C’est dans ce contexte que l’ONG a lancé une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux, qui a débuté le vendredi 13 octobre, avec la participation de diverses personnalités du monde culturel, artistique, médiatique, sportif, de la mode et de l’événementiel (voir encadré).

Avec la tendance à la hausse des nouveaux cas de VIH et de la syphilis, plusieurs questions se posent quant à l’efficacité des mesures mises en place. Quelles sont-elles, justement ? Selon le Dr Mungala Devi Soyjaudah, National AIDS Coordinator par intérim au National AIDS Secretariat, depuis 2006, la Harm Reduction Unit du ministère de la Santé a mis en place des programmes de réduction des risques en collaboration avec diverses ONG. Ces programmes se sont principalement concentrés sur les populations clés, qui ont bénéficié de programmes d’échange de seringues, de traitements de substitution à la méthadone, ainsi que de diverses autres campagnes de prévention. 

Ce n’est pas pour autant que la population en général a été négligée, précise-t-elle. « Des programmes de prévention et de distribution de préservatifs sont également en place », ajoute-t-elle.
Néanmoins, fait ressortir l’ONG Pils, les actions entreprises depuis 2006 pour contenir l’expansion du VIH parmi les populations clés ont conduit à une concentration des efforts sur les usagers de drogues par voie injectable, les travailleurs du sexe et d’autres groupes vulnérables. Au fil des années, cela a créé la perception que le VIH ne concernait que ces groupes, entraînant une baisse de la vigilance au sein de la population en général, au point qu’elle ne se sent plus concernée. Cela expliquerait en partie les comportements à risque à l’origine des nouvelles infections, selon Pils.
Le Dr Soyjaudah partage ce point de vue, estimant que les messages véhiculés, indiquant que le VIH n’est plus une maladie mortelle et que l’on peut mener une vie « normale » même en l’absence de guérison, ont contribué à l’impression que l’on est « à l’abri » de la maladie. « Cela a-t-il contribué à une baisse de la vigilance et au fait que les jeunes se sentent ‘protégés’ et ont moins peur de contracter la maladie ? » s’interroge-t-elle. 

Or, fait-elle ressortir, le VIH est une inflammation susceptible de provoquer d’autres complications de santé par le biais d’infections opportunistes, qui peuvent entraîner l’apparition de différentes tumeurs pouvant mener à un cancer. « On peut vieillir avec le VIH, mais il existe toujours un risque de développer des cancers. Même en cas de charge virale indétectable, une infection persiste dans le corps », souligne-t-elle.

L’augmentation des IST est un facteur qui augmente également le risque d’acquisition et de transmission du VIH, poursuit le Dr Soyjaudah. C’est pourquoi les autorités abordent non seulement la question du VIH, mais aussi celle des IST et des hépatites, entre autres. « Nous menons des campagnes sur la sexualité dans son ensemble et les comportements à risque », dit-elle. 
Le Dr Soyjaudah trouve également dommage que Maurice demeure une société généralement pudique où parler de sexualité demeure un sujet difficile pour certains parents à aborder avec leurs enfants. Elle note également la tendance croissante au changement de partenaires, en raison de l’évolution des normes sociales.

 

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