Faits Divers

Trois pêcheurs mauriciens dérivent vers Madagascar - Alan Utile : «Nous avons frôlé la mort à deux reprises»

Une partie de pêche en haute mer vire à la catastrophe. Trois pêcheurs mauriciens se sont retrouvés en difficulté, avant de dériver vers Madagascar. 24 heures plus tard, alors qu’ils reprennent le large, leur pirogue coule. L’un d’eux témoigne de leur calvaire.

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« De fwa nu manke mor. » Tels sont les propos d’Alan Utile, maçon et aide-pêcheur. Ce Rosehillien de 34 ans avait organisé une partie de pêche en haute mer avec Simon Pierre-Louise (37 ans) et Jimmy Fidèle (30 ans), deux camarades. Ce dernier, domicilié à La Caverne, Vacoas, est cuisinier. Les trois hommes ont quitté Trou-aux-Biches, le vendredi 29 septembre, à bord d’une pirogue de 24 pieds de long pour une virée en haute mer pour trois à quatre jours.

Le dimanche 1er octobre, Simon Pierre-Louise, propriétaire du bateau, est pris d’un malaise. « Il ne se sentait pas bien. Il s’est évanoui. Jimmy et moi nous n’avons pas paniqué. Nous ne savons pas naviguer, mais nous savons ce qu’est un bateau et un moteur », raconte Alan Utile. Dimanche après-midi, les deux hommes ont cru être secourus. « Nous avons décidé de regagner la terre ferme pour soigner Simon. Nous avons aperçu un bateau plus loin. Nous avons décidé de le suivre, puis nous l’avons perdu par la suite. »

Quand le pêcheur Simon Pierre-Louise s’est réveillé, le lundi 2 octobre, ses deux amis lui racontent leur « folle journée de dimanche ». C’est alors qu’ils décident de laisser la pirogue dériver. « Simon a dit de laisser le courant nous porter. C’était risqué et nous avons failli chavirer. Finalement, le mardi 3 octobre, nous avons aperçu des villageois qui pêchaient. Nous leur avons raconté notre mésaventure, puis ils nous ont ramenés à terre. Nous nous sommes rendus à l’évidence que nous étions à Madagascar. » Les villageois de Vatomandry devaient aider les trois pêcheurs mauriciens à se ravitailler.

Pas de contact

Les trois Mauriciens décident de reprendre la mer le lendemain, soit le mercredi 4 octobre, après avoir passé la nuit dans le village. « Nous avons décidé de rentrer à Maurice. Quelques heures plus tard, notre embarcation a chaviré et coulé. Nous nous sommes retrouvés à l’eau. Heureusement que d’autres villageois pêchaient dans la zone. Ils nous ont lancés des bouées. Nous avons frôlé la mort pour la deuxième fois. C’est ainsi que nous avons regagné la terre malgache », poursuit Alan Utile.

Les trois Mauriciens ont été admis à l’hôpital de Vatomandry. C’est le samedi 7 octobre qu’ils ont été pris en charge par la police locale. « Nous sommes au poste de police, mais nous ne sommes pas en état d’arrestation. Les enquêteurs avaient ouvert une enquête et ont examiné notre  embarcation. Elle a alerté les autorités mauriciennes, mais à ce jour (NdlR : dimanche 8 octobre), nul n’a pris contact avec nous. Nous n’avons pas de passeport, aucun document et nous ne savons pas comment faire pour rentrer à Maurice. »

La police malgache enquête

Cette affaire intrigue tant les autorités mauriciennes que malgaches. La gendarmerie de Vatomandry tente de déterminer pourquoi les trois pêcheurs ont tenté de reprendre la mer après avoir échoué une première fois. Les Mauriciens ont raconté à la police malgache qu’ils avaient dérivé après que le pêcheur Simon Pierre-Louise s’est évanoui. Au quartier général de l’Anti-Drug and Smuggling Unit aux Casernes centrales, on tente de comprendre comment une embarcation de 24 pieds a-t-elle dérivé aussi vite vers la Grande-Ile.

Les officiers évoquent le cas de neuf pêcheurs mauriciens qui ont dérivé, le 20 septembre 2016, mais qui ont pris plus d’une semaine avant que leur embarcation n’arrive dans les eaux malgaches. La brigade antidrogue ne prend pas cette affaire à la légère, surtout après que trois Mauriciens aient été arrêtés à La Réunion, en novembre 2016, avec 42 kilos d’héroïne d’une valeur manchande de Rs 630 millions.

Les trois Mauriciens avaient récupéré de la drogue à Madagascar pour regagner Maurice. Une panne de moteur les a obligés à accoster au port de Sainte-Rose, à l’île de La Réunion.

 

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