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Trafic de drogue : une centaine de dealers ont moins de 13 ans 

Dans certaines régions, des enfants non scolarisés, âgés de seulement 10 ans, seraient déjà des trafiquants.

Un jeune, âgé de 19 ans à peine, a été arrêté la semaine dernière. Il est soupçonné d’être un dealer. Mais ce serait lui le plus âgé du réseau. La brigade antidrogue détient des informations selon lesquelles des mineurs de moins de 13 ans seraient recrutés comme dealers par des gros bonnets de la drogue. Une exploitation qui a pris de l’ampleur ces trois dernières années. 

La relève est assurée. Pas dans des secteurs-clés qui manquent cruellement de main-d’œuvre mais dans le trafic de drogue. Certains dealers sont très jeunes. Selon le département des statistiques d’un organisme, une centaine de mineurs de moins de 13 ans sont impliqués dans le trafic de drogue. Dans certaines régions, des enfants âgés de seulement 10 ans et qui ne sont pas scolarisés sont déjà des trafiquants de substances illicites. 

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Ces jeunes sont communément appelés « jockeys ». Ils sont facilement reconnaissables. Ils opèrent à pied ou à moto. Ils se postent habituellement au coin des rues, observant discrètement et attentivement leur environnement. Ils portent des tongs, un short et un T-shirt. Ils ne se séparent jamais de leur téléphone portable qui est leur outil de travail. 

Selon nos sources, ces jeunes trafiquants, également surnommés les « ti patrons », brasseraient au moins Rs 30 000 par jour pour le compte du réseau. Ce qui leur permettrait, d’après ces mêmes sources, de toucher des sommes pouvant aller jusqu’à Rs 1 500 voire Rs 2 000 pour eux. 

Mais qu’est-ce qui pousse les barons de la drogue à recruter les dealers pratiquement au berceau ? « Ena bann baron ladrog kinn deza fer prizon ek ki oule met zot a labri ki montre bann zenn trafikan ladrog kouma fer travay la », fait-on comprendre au niveau de la direction de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu). 

Une situation précaire, la pression des pairs, le manque de perspectives d’emploi, des problèmes familiaux, des difficultés financières et des problèmes de santé mentale sont autant de raisons qui poussent les mineurs à se lancer dans le trafic de stupéfiants. « Les jeunes sont de plus en plus dépendants des stupéfiants, tels que le cannabis mais surtout de la drogue synthétique laquelle se vend à Rs 75 la dose minimum. Mais ils sont souvent dépourvus de moyens financiers. Ils commencent alors à dealer soit pour obtenir leur dose quotidienne, soit pour se faire de l’argent afin de se la procurer », explique-t-on au niveau de l’Adsu. 

Protection 

Que dit la loi ? Du côté du ministère de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille, on indique que la Children’s Act 2020 stipule que l’arrestation ou la détention d’un mineur de moins de 12 ans est interdite. « Sauf si c’est nécessaire pour protéger la vie et la sécurité de l’enfant ou d’un autre individu. Pour les mineurs âgés de 12 à 16 ans, l’arrestation ou la détention n’est autorisée que pour des infractions graves, telles que les crimes violents », fait-on remarquer. 

Les gros bonnets, poursuit-on au niveau de l’Adsu, savent pertinemment que les mineurs sont protégés par la loi. « Ils contournent la législation à leur profit », déplore-t-on. 

Sensibilisation 

Un travailleur social explique, sous le couvert de l’anonymat, que le gouvernement a instauré des lois strictes pour lutter contre le trafic de drogue et la possession de drogue, mais il précise que la lutte contre ce fléau reste un défi. « Il est important de sensibiliser les jeunes aux dangers de la drogue. Il faut leur offrir des opportunités d’éducation, de formation professionnelle et d'emploi afin de les aider à sortir de la pauvreté et de la marginalisation. Ce sont souvent des facteurs qui contribuent au trafic de drogue », dit-il. 

Les jeunes commencent à dealer soit pour obtenir leur dose quotidienne, soit pour se faire de l’argent afin de se la procurer."

Il ajoute qu’il faut de toute urgence des initiatives pour fournir un traitement à ces jeunes et les remettre dans le droit chemin afin qu’ils deviennent des membres productifs de la société. « Mais cela ne peut se faire sans une collaboration entre le gouvernement, la société civile, les organisations non gouvernementales et les travailleurs sociaux de tous bords », insiste le travailleur social.

Il est d’avis que les établissements scolaires peuvent jouer un rôle-clé dans cette lutte en offrant une éducation à la prévention de la toxicomanie et en informant les jeunes des risques du trafic de drogue. Le travailleur social estime qu’il faut poursuivre les programmes de prévention. Il ajoute qu’il faut que les autorités redoublent de vigilance pour repérer les activités illicites impliquant des jeunes et les poursuivre en justice. Il estime également que la sévérité des peines infligées aux trafiquants de drogue doit être maintenue, voire renforcée, afin de dissuader les jeunes à sauter le pas. 

Danny Philippe, de DRIP : « La vulnérabilité des jeunes est exploitée à outrance » 

Danny PhilippeDanny Philippe, coordinateur de prévention et de plaidoyer au sein de l’entreprise sociale à but non lucratif DRIP (Développement Rassemblement Information et Prevention ; NdlR), s’inquiète de plus en plus du rajeunissement des trafiquants de drogue. Il indique que « la vulnérabilité des jeunes est exploitée à outrance » par les barons de la drogue. 

Pour Danny Philippe, cette situation est inacceptable et nécessite une réponse forte des autorités pour protéger les jeunes. « Cette exploitation est inacceptable. Les autorités doivent réagir », dit-il. Il propose la mise sur pied d’une structure commune destinée à revoir la politique de lutte contre la drogue et la pauvreté. 


José Ah-Choon, du Centre d’Accueil de Terre-Rouge : « Les parents sont impuissants » 

José Ah Choon« Je déplore le fait que certains barons de la drogue exploitent la vulnérabilité des mineurs », tonne José Ah-Choon, responsable du Centre d’accueil de Terre-Rouge, dans une déclaration téléphonique accordée au Défi Plus. Selon lui, c’est l’appât du gain est ce qui attire les mineurs vers ces activités illégales. « Les parents sont souvent impuissants face à cette situation », se désole-t-il.

 

 

 

 

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