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Tournée des seniors en Inde - Geet Gawai : des Mauriciennes de Plaine-Magnien à Bénarès

Hooshila Devi Reesaul ornée de guirlandes en Inde.
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Dimanche 8 mars, une troupe Geet Gawai composée de 15 femmes, soit du Premi Senior Women Group de Plaine Magnien, a mis le cap sur Mumbai, avant de rejoindre Bénarès, pour y donner quatre spectacles. C’est une première dans le monde du Geet Gawai à Maurice, où ce spectacle sera célébré en Inde.

Véritable cheville ouvrière de cette initiative, Hooshila Devi Reesaul, docteur en Beaux-Arts et présidente du R.D Reesaul Group, a longtemps réfléchi avant de répondre à l’invitation de Roopesh Gupta, un directeur de films indiens, qui souhaitait monter en Inde un spectacle de Geet Gawai dans la tradition mauricienne. « À chaque fois que je le rencontrais, se souvient Hooshila Devi Reesaul, il me renouvelait cette invitation, mais moi je voulais réunir un groupe de haut niveau pour représenter cette tradition en Inde, compte tenu que celle-ci existe toujours là-bas et qu’il fallait être à la hauteur ».

Chanteuse et auteure-compositrice, Hooshila Devi Reesaul connaît bien la Grande Péninsule pour y avoir d’une part joué dans des clips auxquels a collaboré le célèbre compositeur Ravindra Jain, et d’autre part tourné un long métrage retraçant la vie des émigrés indiens. « C’est durant mes différents séjours en Inde que j’ai parlé des soirées ‘Geet Gawai’. Je voulais démontrer que cette tradition apportée par les travailleurs engagés indiens se perpétuait », confie-t-elle.

Premi Senior Women Group

Après avoir fait la tournée des troupes de ‘Geet Gawai’ un peu partout à Maurice, son choix s’est porté sur les femmes engagées dans une troupe du Premi Senior Women Group que dirige Subamah Nullatamby, couturière de talent et dont font partie Sila Dookhy, Lalita Burnah, Sobha Bissonee, Sati Aubeeluck et Indranee Maghoo, entre autres. Chez elles, la tradition du ‘Geet Gawai’ est ancrée depuis des générations, comme le raconte Lalita Burnah qui, toute gamine, suivait ses tantes pour participer à ces soirées. « À l’époque, se souvient-elle, pour nous payer, les invitées mettaient des roupies dans une ‘lota’ (Ndlr : pot en cuivre) et les hommes étaient strictement interdits. Aujourd’hui, les groupes négocient les cachets pour leurs prestations et pour le transport, dont se charge la famille qui organise le mariage. En plus, on a pris des libertés avec ce spectacle. Les hommes peuvent y assister. »

Depuis que l’accord a été finalisé en Inde pour l’organisation des concerts, la troupe Geet Gawai s’est immédiatement mise au travail en perfectionnant ses morceaux et synchronisant ses danses durant ses répétitions au centre social de Plaine Magnien. « Bien sûr, nous maîtrisons les bases de cette tradition, explique Sila Dookhy, mais peut-être que cela ne suffira pas en Inde. Il faudra être très professionnel afin de faire honneur à notre pays. » Pour relever le défi et parer à toute défaillance, elles ont décidé d’enrôler Indranee Maghoo qui,  à 46 ans, fait figure de ‘jeune’ parmi ces seniors.

Rencontres avec la presse

À Bénarès, où personne n’a jamais mis les pieds, elles savent que le spectacle n’a rien à voir avec les soirées auxquelles elles sont familières à Maurice. « Ce sera un public de spécialistes. On va nous juger sur les critères de langue, les costumes et les danses. Nous avons un peu le trac », concède Sobha Bissonee qui, comme ses amies, est consciente qu’il ne s’agira pas que de ‘Geet Gawai’, mais aussi des rencontres avec la presse.

« Il faut nous préparer à répondre aux questions qui se rapportent aux traditions culturelles qui remontent à l’époque, soit à l’arrivée de nos grands-parents. Certes, beaucoup d’Indiens connaissent notre histoire, mais beaucoup veulent savoir comment nous avons fait pour survivre durant ces temps difficiles », explique Sila Dookhy.

L’authenticité de cette tournée indienne, c’est sans doute la présence de ces figures de femmes qui ont traversé le temps, dont parmi des laboureurs qui peuvent encore restituer la réalité d’une époque disparue avec ses instants de bonheur et ses peines. 

Cette semaine, elles ont mis au point les derniers détails de leur séjour. Le ticket d’avion provient de leurs économies, tandis qu’en Inde, les frais seront pris en charge par les organisateurs de la tournée. « C’est un immense bonheur pour nous. Après Rodrigues, où nous avons pu démontrer nos talents, nous allons à la conquête de Bénarès. C’est un évènement », se réjouit Subamah Nullatamby.

Hooshila Devi Reesaul : Woman of substance

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Sur une plage à Maurice, Hooshila Devi Reesaul tourne pour un clip.

Native de Rose-Hill, Hooshila Devi Reesaul a le feu sacré. Qu’elle danse, chante ou joue de la comédie, c’est toujours la même passion qui l’anime. Sur la plage, à Rodrigues ou en Inde, aucune place ne lui apparaît un obstacle pour donner libre cours à ses talents innés. Son groupe, R.D Reesaul Group, qu’elle a créé dans les années 80, fait partie du Premi Senior Women Group de Plaine Magnien. C’est à son entregent en Inde et aussi avec le soutien du Senior Citizen Council, qu’on doit ces 20 jours de tournée. Mais avant, elle a chanté avec Manoj Tiwari, le maître de la chanson bhojpuri en Inde, contribué à la reconnaissance de cette langue et donné des concerts à Bénarès durant une tournée de prières dans cent endroits. Une performance qui lui a valu des trophées et des guirlandes. C’est elle qui a réglé les derniers détails liés au bhojpuri et aux danses durant les répétitions cette semaine. « La prononciation est pareille sauf que le bhojpuri mauricien contient des mots de kreol », précise cette femme pétillante qui danse le sega, le bhojpuri et la valse, avec la même aisance.

 

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