Live News

Stockage de produits chimiques dans les entrepôts : 435 sites à haut risque répertoriés à travers Maurice

Certains produits chimiques ne doivent pas être stockés au même endroit. Certains produits chimiques ne doivent pas être stockés au même endroit.

L’incendie de 21,6 tonnes de Sodium Hydrosulfite dans un conteneur situé dans l’entrepôt de l’usine CMT de La Tour Koenig, il y a trois semaines, remet en question le stockage de produits chimiques dans les entrepôts des usines. De 2015 à ce jour, le ministère du Travail a épinglé 611 employeurs qui ne respectaient pas les critères établis pour le stockage des produits chimiques. Enquête.

Publicité

Quels sont les endroits où ces produits sont stockés ? Quels sont les critères à respecter lors du stockage de ces substances hautement toxiques ? Autant de questions que le public se pose depuis l’explosion chez CMT.

La loi est claire concernant le stockage des produits chimiques. Aucune substance chimique considérée comme extrêmement dangereuse ne doit être stockée sans une autorisation délivrée par les autorités concernées. C’est le Dangerous Chemical Control Board (composé d’officiers des ministères de l’Environnement,  Santé, Travail et des Mauritius Fire and Rescue Services, entre autres) qui régularise l’importation et le stockage des produits chimiques dans le pays. Avant l’octroi d’une quelconque autorisation, dont la période est toujours définie, les autorités concernées doivent considérer les risques d’explosion et d’incendie des substances.

Une étude ou encore une « simple risk analysis » doit être effectué sur le site avant la construction d’un entrepôt destiné au stockage des produits chimiques. Les éléments qui doivent être pris en considération sont :

  • La position géographique et physique du lieu de stockage
  • Les distances de sécurité par rapport aux murs ou aux rideaux résistant aux flammes au cas où une réaction chimique se produirait
  • La possibilité de l’utilisation de bâtiments résistant au feu, compte tenu des rejets inattendus de poussières, vapeurs, gaz et flammes.
  • La sélection de matériaux et les méthodes de construction du bâtiment.
  • Eviter une conception architecturale pourvue d’emplacements souterrains et de fosses.
  • Accès, voies de transport routier, stands pour véhicules, eau et système d’égouts.
  • Eviter les obstacles et imposer des barrières de sécurité le long des routes ou autour des réservoirs, conteneurs ou des produits chimiques emballés.

Les spécificités de l’entrepôt

Le lieu de stockage doit avoir une surface permettant les opérations de transport et autres manutentions de voitures, chariots, grues etc. L’espace doit être pourvu d’un système de drainage adéquat permettant la séparation de l’eau propre et des déversements ou des produits chimiques dissous. Les conditions de sécurité doivent également satisfaire :

  • une surface impénétrable, facile à nettoyer et ne réagissant pas avec des produits chimiques qui ont été renversés
  • fondations fixes et solides en fonction du poids des conteneurs et de leurs contenus
  • confinement secondaire en cas de perte du confinement primaire sous forme de barrières, de réservoirs ou de fosses réservoirs avec un volume calculé en fonction de la possibilité d’un développement indésirable
  • des supports pour faciliter le levage et transport interne des marchandises
  • une installation électrique adaptée aux risques liés à la présence de gaz et autres produits chimiques
  • une installation inductive empêchant la formation de charges électrostatiques, paratonnerres
  • une installation de sorties de col de cygne à partir de tubes de ventilation
  • soupapes de sécurité, dispositifs de protection contre les explosions si nécessaire
  • L’espace doit être ceinturé d’une barrière cadenassée
  • Les produits chimiques ne doivent pas être stockés dans un endroit ouvert au grand public.

Les produits chimiques stockés séparément

Certains produits chimiques particulièrement puissants ou réactifs ne doivent pas être stockés au même endroit, ou dans le même compartiment. Les substances chimiques potentiellement réactives, comme, par exemple, les peroxides ou autres produits oxydants doivent être stockées séparément. Les produits inflammables ainsi que les agents oxydants, même si les substances sont placées dans des cylindres sous pression, les acides ou encore les bases doivent être placés ailleurs, ou si possible dans des compartiments contenant des cloisons d’une hauteur prescrite qui soit résistantes aux flammes.

Empaquetage

Etant donné qu’il n’y a aucune norme en vigueur, il convient de faire référence aux normes internationales, voire aux recommandations en vigueur sur le plan international. Les recommandations sont :

  • Des conteneurs atmosphériques ou des réservoirs pour liquides et poudres
  • Des réservoirs pressurisés pour du gaz compressé ou liquéfié
  • Réservoirs cryogéniques
  • Fûts, cuves ou flacons
  • Conteneurs palettisés pour certains liquides ou encore d’autres matériaux d’emballage

L’ouverture des conteneurs doit être effectuée avec le plus grand soin de sorte à ne pas répandre les produits chimiques. L’objet ayant été utilisé comme emballage doit être clos de telle sorte qu’il n’y ait pas de fuites.

Mesures préventives

  • Les entrepôts doivent être pourvus de panneaux expliquant les symboles de danger et de tableaux d’affichage contenant suffisamment d’informations en cas d’urgence, comme par exemple, l’enlèvement des cylindres sous pression.
  • L’utilisation de véhicules tels que des chariots élévateurs doivent être expliquée à travers des 'warning signs'.
  • Les moteurs électriques doivent être mis à l’écart des produits chimiques afin d’éviter toute réaction. Un inventaire de l’entrepôt doit être effectué sur une base systématique dans le but de déceler toute présence de substance chimique.
  • La quantité de produits chimiques doit être limitée par les autorités conformément à une réglementation spécifique basée sur une évaluation des risques.
  • Pour éviter les fuites lors de la manipulation des substances telles que le gaz, il est important d’utiliser des installations à tubes fixes raccordées aux appareils.
  • Une étude doit être menée pour savoir si les lieux de stockage doivent être classés comme zones d’explosion selon l’inflammabilité et l’énergie d’allumage requise.
  • Il faut empêcher l’apparition de décharges électrostatiques lors du transport et  du pompage des liquides et autres poudres inflammables.

Manipulation de produits chimiques

  • Pour éviter tout déversement dans les entrepôts, les produits chimiques doivent être manipulés avec des équipements adéquats.
  • Ces équipements comprennent des véhicules parmi lesquels des grues, chariots élévateurs, convoyeurs, véhicules pneumatiques, entre autres.

L’élimination des déchets

  • Le personnel opérant dans les entrepôts doit toujours avoir un plan B en tête au cas où la production génère des déchets chimiques.
  • Selon la loi, un plan couvrant le transport et l’acheminement des déchets doit toujours être préparé.
  • Par ailleurs, toute réaction imprévue doit également être prise en considération.
  • Les conteneurs utilisés pour les déchets doivent être clairement identifiés.
  • La capacité de chaque conteneur doit correspondre à la production projetée et le système de collecte de déchets doit prévoir un transport pour être traité au cas où il n’est pas traité par des réactions chimiques dans le plan.

Présence d’eau et d’extincteurs

  • Les responsables des entrepôts doivent s’assurer que les lieux de stockage des produits chimiques soient pourvus de robinets, de réservoirs à eau en l’absence de robinets, de conduits d’eau ou encore d’extincteurs qui s’actionnent rapidement.
  • Les lieux doivent également être pourvus d’équipements pouvant absorber, voire empêcher, tout déversement de produits chimiques.
  • Le personnel manipulant des substances chimiques doit porter suffisamment d’équipements tels que masques, gants, entre autres.

422 produits chimiques classés dangereux

A ce jour, 422 produits chimiques (Ndlr : d’Acetaldehyde au Zinc Add Compounds) sont classées comme dangereuses (dangerous chemicals) par la loi. 52 substances chimiques industrielles (Ndlr : d’Auramine allant jusqu’au Zinc) sont par ailleurs reconnues comme étant extrêmement dangereuses (extremely dangerous chemicals) par la loi. 112 autres produits chimiques (Ndlr : d’Albamectin au Zinc Phosphide ) sont toutefois utilisés dans le domaine de l’agriculture. Les produits chimiques dangereux  causent la perte de la vue, l’irritation de la peau, menacent la capacité respiratoire et la peau, sont cancérigènes et ont pour conséquences la mutation des cellules germinales, des effets néfastes sur la santé sexuelle et reproductive, entre autres. Les substances chimiques industrielles qui sont toutefois prohibées allant d’Asbestos Fibres Crocidolite à Tris-(1-arizidinyl) Phosphine Sulphide sont au nombre de 58. Celles qui sont interdites par la loi et qui sont destinées à l’agriculture sont au nombre de 73 (Ndlr : d’Aldrin à 2,4,5 Trichlorophenol).

Stockage de produits chimiques par endroit

Camp-de-Masque  (12 sites), Alma, GRNO (5 sites), Piton-du-Milieu, Plaine-Magnien, Montagne-Blanche  (3 sites), Castel, La Marie, Petite-Rivière  (4 sites), Rose-Hill  (4 sites), Arsenal (4 sites), Nouvelle-France, Grand-Bois, L’Escalier (3 sites), St-Julien d’Hotman (2 sites), Quatre-Bornes (2 sites), Plaine-Magnien, Forest-Side (3 sites), Petit-Raffray (2 sites) Quay D (Port-Louis), Queen Victoria (Flacq), Cnr Lord Kitchner et Caudan, Riche-Terre (10 sites), Belle-Terre, Plaine-Lauzun (5 sites), Terre-Rouge (4 sites), route Royale Mt-Desir (Vacoas), Taylor Smith House Quay D (Port-Louis), Old Quay D (Port-Louis), Nouvelle Découverte (5 sites), Nouvelle-France , Riambel, Bois-Cherie,  (3 sites), Quatre-Bornes (2 sites), Montagne-Longue (3 sites), Vacoas (22 sites), Mahébourg , Route côtière (Belle-Mare),Trianon, Vallée-Pitot, Triolet (3 sites), Mare Tabac, Phoenix (9 sites), Montée S, Petite-Rivière (2 sites), Zone industrielle de Riche-Terre (6 sites), Beau-Champ, Rivière-du-Rempart (3 sites), Trianon (deux sites), Floréal, Tranquebar, Lallmatie (3 sites), Port-Louis (41 sites), Plaine-Magnien, Fort-George, Port-Louis (5 sites), Roche-Bois (5 sites), Rivière-du-Poste, Forest-Side, Morcellement St-André, Pailles (22 sites), Midlands –Cluny, L’Escalier (2 sites), Grand-Baie (2 sites), Belle-Vue, Midlands, Ripailles, Plaine-des-Papayes (2 sites), La Tour Koenig, Pointe-aux-Sables (douze sites), Mt-Loisir, Galeries Evershine, Rose-Hill, Pont Bon Dieu, Belvédère, Grand-Sable, Brisée Verdière, Beau-Vallon, Flic-en-Flac, Rivière-du-Rempart (3 sites), Saint-Pierre (9 sites), Bon Accueil (2 sites), Pamplemousses (3 sites), Trois boutiques (2 sites), Camp Diable (3 sites), Labourdonnais, Mapou, Dubreuil, Piton (2 sites), Mer Rouge, Port-Louis, Bambous (6 sites), Sébastopol  (2 sites), Beau-Bassin (2 sites), Goodlands (7 sites), Roches-Brunes, Flacq (4 sites), Tamarin, Zone 14, Motorway M2, Arsenal, Beau-Bassin, Eau Coulée (5 sites), Pointe-aux-Cannoniers, Caroline, Sainte-Croix (2 sites), Coromandel (7 sites), Solitude (4 sites), Curepipe (8 sites), Le Val, Bell-Village, La Marie, Calebasses, Grand-Bois, New Grove, Union Park, Surinam (3 sites), L’Espérance Trébuchet, Lallmatie, Rose-Hill, Vallée-des-Prêtres, Tyack  (3 sites), Bagatelle, Camp Fouquereaux, La Nicolière, Bon Accueil (2 sites), Bel-Air, Rose-Belle, Forest-Side, Chemin-Grenier, Mer Rouge, Tamarin, Petit-Raffray, La Marie  (2 sites) et Phoenix (5 sites).

Catastrophes naturelles : les zones à risque

Inonation

Inondations, montée des eaux et glissement de terrain. Maurice subit les caprices du temps et les effets sont accentués par le changement climatique. Et il faut ajouter aux catastrophes naturels les dangers imminents des fûts, réservoirs ou des stocks de produits dangereux que côtoient au quotidien des milliers de Mauriciens.

Ces deux situations se sont produites il y a trois semaines avec les inondations dans le Nord et un incendie dans un stock de produits chimiques à Richelieu.

Le danger au naturel

Depuis 2005, les études et les rapports se suivent : la Japan International Cooperation Agency (JICA), la Banque Mondiale, l’United Nation Development Programme, le ministère de l’Environnement avec l’aide de plusieurs fonds d’aide, l’Université de Maurice, le Mauritius Research Council (MRC). Autant d’institutions qui ont pondu des rapports sur les zones à risque, les mesures préventives à adopter et les mesures d’adaptation à mettre en place.

En 2008, c’est la région de Pamplemousses qui avait été sévèrement touchée. D’autres accumulations d’eau avaient été enregistrés dans les régions de Phoenix, Flacq, Bel-Ombre. Moins d’une dizaine de zones à risque avaient été identifiées. En 2019, le nombre de zones à risque est passé à une soixantaine.

Où se trouvent ces zones ?

Dans une circulaire officielle du National Disaster Risk Reduction and Management Centre (NDRRMC), le gouvernement identifie 65 régions possiblement en proie aux inondations et accumulations d’eau.

Cependant, certaines zones sont plus à risque que d’autres car elles sont habitées et le risque de pertes humaines est d’autant plus grand.  

Catégorie Inondations 

  • Cottage – Cité CHA et rue John Kennedy
  • Fond-du-sac – Neuf rues touchées
  • Port-Louis – Centre-ville, Caudan, région de la gare, Champ de Mars
  • Canal-Dayot – Moins de 200 personnes en danger
  • Riche-Terre – Cité Roma (moins de 1000 personnes)
  • Terre-Rouge – La région autour du dépôt de la Road Development Authority
  • Cité La–Cure – Pont Marjolin et ses alentours
  • Bambou Virieux – Routes inondées
  • Anse-Jonchée – Route et pont inondés et impraticables
  • Souillac – Morcellement Brise-Mer
  • Bel-Ombre – Cité Bel-Ombre, Jumbo, Berry Lane et le pont St-Martin
  • Bambous – Cité La Ferme et deux autres zones résidentielles
  • Coromandel – Chapman View, Emmaus, Pavé d’Amour
  • Grand-Baie – Camp Carol
  • Argy – Cité Argy
  • Centre de Flacq – Cité Hibiscus
  • Mare-Tabac – NHDC et School Lane
  • Trois-Boutique – Six rues souvent affectées par les inondations
  • Montagne-Blanche – Morcellement Sans-Souci

Catégorie Glissement de terrain

  • Chitrakoot – Il existe un système d’alerte à distance en cas de glissement de terrain. Des capteurs détectent les mouvements du sol. De plus, une procédure d’évacuation des habitants avec l’aide de la NOEC a été établie.  
  • Vallée-Pitot/Tranquebar – Les autorités opèrent un système d’alerte et d’évacuation en cas d’éboulement. Le système d’alerte se fie aux patrouilles en cas de pluie et aux inspections dans les zones à risque.
  • Quatre-Sœurs - Le ministère des Infrastructures publiques, celui de l’Environnement et celui du Logement et des Terres travaillent sur la relocalisation de onze familles vers Camp-Ithier. De plus, la première phase d’un nouveau centre de refuge est en cours d’achèvement.

Catégorie Montée des eaux

Rivière-des-Galets -  300 personnes sont dans une situation à risque. Elles sont directement menacées par la montée des eaux de mer en cas de mauvais temps. Le gouvernement a prévu la construction d’un muret de 400 mètres de long pour les protéger et prévoit leur relocalisation sur un terrain de sept arpents appartenant à la compagnie St-Félix. En 2008, des travaux de réhabilitation d’un coût de Rs 19 M ont été effectués.

Les autorités sévissent

611 employeurs ont été épinglés par le ministère du Travail pour non-respect des règlements de sécurité conformément à l’Occupational Safety and Health concernant le stockage des produits chimiques dans des entrepôts depuis 2015. Ces personnes ont écopé d’amendes suite aux inspections des officiers de l’Occupational Safety and Health Division du ministère du Travail visant à s’assurer que les stockages des produits chimiques sont conformes à la loi.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !