Maurice n’a pas les moyens et les ressources humaines nécessaires pour séparer des siamois. Si le couple Papillon dont les jumelles sont nées vendredi décide de maintenir son intention de les faire opérer, il devra se rendre à l’étranger. Le ministère de la Santé sollicitera alors un des pays amis de Maurice pour cela.
Les siamoises nées à l’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle sont des jumelles thoracopages. Ce qui signifie qu’elles sont liées par le thorax. Ce type de cas est plus fréquent que ceux de jumeaux liés par le crâne (on parle alors de craniopage ; NdlR). Les jumelles du couple Papillon partagent un seul et même cœur.
Le Dr Kevin Teerovengadum, chirurgien pédiatrique, indique que les jumelles ne survivront pas toutes les deux à une intervention visant à les séparer. Car elles partagent le même cœur. « Si on doit les séparer, l’une devra malheureusement être sacrifiée », souligne-t-il.
Il ajoute que dans le cas du couple Papillon, ce sera très compliqué de séparer les bébés car il faudra déconnecter leurs gros vaisseaux cardiaques. « C’est impossible de mener ce type d’interventions à Maurice, car il n’y a pas de chirurgien cardiaque pour enfants au pays », précise-t-il. Si les jumelles étaient liées par le ventre avec deux cœurs séparés, l’intervention chirurgicale aurait pu se faire à Maurice.
Mais le plus important, selon le Dr Kevin Teeroovengadum, est de mûrement réfléchir avant de prendre une décision médicale, tout en tenant compte du souhait des parents. Selon lui, il n’y a pas d’âge limite pour une séparation de siamois. Tout dépendra, dit-il, de l’équipe médicale qui les prendra en charge.
Y a-t-il eu des cas où des bébés reliés par le thorax et le ventre ont vécu ainsi ? Oui, répond le Dr Teeroovengadum. Il dit que la grossesse de siamois ne représente qu’un cas pour 100 000 naissances. Les fœtus se forment séparément. Tôt dans leur développement, il y a une fusion par le ventre ou le thorax ou encore par le crâne.
Dans les pays développés, les femmes n’accouchent presque plus de bébés siamois, estime le Dr Teeroovengadum. Dès que l’anomalie est décelée, une interruption médicale de grossesse est pratiquée. « Quand je travaillais à l’hôpital Necker à Paris, j’ai participé à la séparation de plusieurs jumeaux siamois. Mais ils venaient tous de pays en voie de développement. »
Les différents types
- Siamois thoraco-omphalopages : deux organismes fusionnés du haut de la poitrine à la partie inférieure du thorax, généralement partageant un cœur et un foie ou une partie du système digestif.
- Siamois thoracopages : deux organismes fusionnés à partir de la partie supérieure du thorax jusqu’au bas-ventre. Le cœur est toujours impliqué dans ces cas.
- Siamois omphalopages : deux corps « soudés » à la partie inférieure du thorax et partageant un foie, le système digestif, le diaphragme et d’autres organes, sauf le cœur.
- Siamois craniopages : des jumeaux dont les deux crânes ont fusionné mais qui disposent de deux corps distincts. Ces jumeaux peuvent être conjoints à l’arrière de la tête, du front ou du côté de la tête, mais pas au niveau du visage ou de la nuque.
- Il y a d’autres types de siamois plus rares comme les « jumeaux parasitaires ». Un jumeau est plus petit et moins formé. Il dépend de son double, qui est plus grand, pour survivre.
- Il y a aussi les jumeaux céphalopages qui ont deux visages fusionnés en un seul et parfois la partie supérieure du corps liée tandis que les parties inférieures sont séparées.
- Les jumeaux xiphopages sont dotés de deux corps fusionnés entre le nombril et le sternum inférieur, qui ne peuvent toutefois partager que le foie.
- Siamois ischiopages ou omphalo-ischiopages : ils sont unis par la partie inférieure à un angle de 180° avec plusieurs bras ou jambes, mais un seul organe génital externe et un seul anus.
- Jumeaux parapages pygopages : ils sont souvent côte-à-côte avec un bassin partagé au niveau de l’abdomen et du pelvis. Ils ont chacun un visage et ils sont dotés de deux ou trois bras, voire quatre.
- Jumeaux rachipages : liés le long du dos avec une fusion des arcs vertébraux et les tissus mous de la tête aux fesses. Souvent, la séparation est envisagée immédiatement après leur naissance. Cela nécessite une opération chirurgicale délicate et très risquée.
Source : Internet
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