Live News

Sécurité alimentaire : le Mauritius Food Standards Agency Bill a des limites

Pour certains la loi est essentielle mais une campagne auprès des marchands est importante.

Dans le sillage du Food Bill qui a été voté il y a une semaine, le Mauritius Food Standards Agency Bill devrait, dans la forme, révolutionner le secteur de la production alimentaire. Reste à voir dans quelle mesure cette nouvelle agence pourra faire respecter la sécurité alimentaire selon les normes établies.

Publicité

Assurer un degré élevé de confiance des consommateurs sur la sécurité et la qualité nutritionnelle des aliments produits, transformés, importés, vendus ou exportés, et assurer un cadre réglementaire efficace, transparent et responsable dans lequel l’industrie alimentaire peut travailler efficacement et fournir des informations appropriées aux entreprises alimentaires de différentes tailles. C’est ce que vise le Mauritius Food Standards Agency Bill qui sera présenté par le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal à l’Assemblée nationale ce mardi 12 juillet.

Le projet de loi devrait aussi promouvoir la cohérence entre les mesures de réglementation alimentaire aux niveaux national, international et régional, visant à promouvoir le commerce alimentaire. Cela, sans réduire les garanties en matière de santé publique et de protection des consommateurs. En outre, il devrait élaborer des normes et des procédures pour la certification de la nourriture végétarienne, la nourriture halal et toute autre nourriture.

Limitation

« Il était grand temps d’avoir une telle agence », fait ressortir la diététicienne Teenusha Soobrah. Elle se réjouit que bon nombre des objectifs du projet de loi visent à aligner les mesures sur les produits alimentaires locaux et importés sur les normes internationales. De plus, la transparence de l’approvisionnement alimentaire est une bonne chose, car elle donne aux clients des informations pour faire des choix éclairés. Elle oblige également les producteurs/importateurs à importer davantage de produits de qualité, dit-elle.

La diététicienne Lavanya Sunassy-Pather accueille favorablement le projet de loi, car il était nécessaire d’agir et d’avoir des contrôles stricts sur l’importation et la vente de produits alimentaires dans notre pays. Cela, face à la complexité des chaînes d’approvisionnements agro-alimentaires, la prolifération des produits alimentaires transformés et ultra-transformés et la forte prévalence de certaines maladies non-transmissibles qui touchent de plus en plus de jeunes.

Mais dans le fond, nos interlocutrices sont d’avis que la nouvelle loi a des contraintes. Lavanya Sunassy-Pather estime que les pouvoirs d’une telle agence devraient être plus élargis et que celle-ci devrait pouvoir agir avec plus d’indépendance. « Si on analyse le texte de loi sur lequel est fondée la ‘Food Safety Authority’ en Irlande, on observe que le périmètre de pouvoir et d’intervention de la Mauritius Food Standards Agency sera limitée, ce qui bridera son efficacité », avance-t-elle.

Un avis que partage également Teenusha Soobrah. Cela, face notamment aux opérateurs de ‘gato delwil’. « Dans l’état actuel du projet de loi, il sera difficile de faire respecter un standard. Mais il est possible de recommander des tailles standards pour une partie des aliments frits », indique-t-elle. La diététicienne préconise surtout des restrictions sur les types d’huiles utilisées. Pour elle, le projet de loi est joli sur le papier, mais sa mise en œuvre dans la pratique est une autre histoire. À ce propos, elle est d’avis qu’il sera important d’éduquer le public sur les choix nutritionnels de base.

Lavanya Sunassy-Pather abonde dans le même sens. Selon elle, ce sera difficile dans la pratique de s’assurer que tous ceux qui vendent des ‘gato delwil’ respectent certaines normes. Il faudra organiser des sessions de formation pour qu’ils comprennent bien les enjeux de ces normes. « Il faudra aussi procéder régulièrement à des analyses d’échantillons de ces produits et mettre à l’amende ceux qui ne respectent pas les normes », fait-elle ressortir.

Teenusha Soobrah préconise à cet effet la formation des opérateurs par les nutritionnistes du ministère de la Santé. Celle-ci viendra s’ajouter aux certificats qu’ils doivent disposer afin de pouvoir exercer.
Darwin Ramasawmy, ancien directeur de Santé publique et de l’hygiène sanitaire des aliments, plaide également pour une campagne d’éducation et de sensibilisation auprès des acteurs concernés.

Renforcer la Food Act

« Le Mauritius Food Standards Agency Bill va permettre à la nouvelle Food Act de subsister ». Tel est l’avis de Darwin Ramasawmy, ancien directeur de Santé publique et de l’hygiène sanitaire des aliments. Pour lui, la Food Act ne peut exister sans un système de contrôle. Ce qui va, de ce fait, la rendre plus efficace. Le nouveau projet de loi devrait permettre d’harmoniser et de standardiser les structures et procédures. La nouvelle agence devrait aussi instaurer plus de dialogue et de partage d’informations pour assurer la sécurité sanitaire des aliments. Cela, en regroupant tous les acteurs concernés sous une même plateforme. « Dans l’ensemble, ce projet de loi va apporter plus de solidité dans le système de contrôle, avec une approche plus globale », conclut-il.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !