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Salaire minimal - Soodesh Callichurn: «Nous n’inventons rien»

Chaque samedi, l’équipe de l’émission « Au cœur de l’info » décortique l’actualité de la semaine. Les divers invités apportent, au micro de Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul, un nouvel éclairage aux débats en cours. Nous en reproduisons les extraits saillants. Est-ce vrai que les syndicalistes ont reçu une copie du National Wages Consultative Council  Bill quelques heures seulement avant sa présentation à l’Assemblée nationale ? Ce n’est pas vrai. Lorsque le projet de loi était en cours d’élaboration, j’avais informé les syndicalistes de certains éléments qui allaient y figurer. Il faut souligner que dès le début, ils étaient contre le principe d’un National Wages Consultative Council, arguant que c’était au gouvernement de fixer le salaire minimal. Cela était impossible. D’ailleurs, le rapport Eyraud, commandité par mon prédécesseur, recommande la mise sur pied d’une telle instance. Nous n’inventons rien. Plusieurs pays où le salaire minimal a été introduit ont procédé de cette façon. Le projet de loi a été finalisé la semaine dernière et, après son  examen par le Conseil des ministres, il a été circulé aux partenaires concernés. Il a une portée historique. Jusqu’ici, aucun gouvernement n’a eu le courage d’introduire le salaire minimal. C’était devenu une nécessité, car divers rapports de la Banque mondiale ont démontré qu’entre 2007 et 2012, plus de 120 000 personnes vivaient dans la misère. Selon le rapport Eyraud, 16 % des salariés vivent en-dessous du seuil de pauvreté et 30 % des travailleurs du privé ne sont pas régis par les Remuneration Orders du National Remuneration Board. Le salaire minimal national est un outil très important dans le combat contre la pauvreté et un moyen de promouvoir un salaire décent. Quels sont les critères pour fixer le salaire minimum ? Normalement, avant de faire des recommandations, le National Wages Consultative Council prend en considération le facteur social (les besoins personnels, la croissance économique, la situation de l’emploi, la compétitivité au niveau national…). Cela est en ligne avec la convention 131 de l’Organisation internationale du travail (OIT), ratifiée par Maurice. Il faut aussi mener des études pour évaluer l’impact de l’introduction d’un salaire minimal sur l’économie et le marché du travail. Il est aussi extrêmement important que nous prenions en considération le facteur économique dans le sillage de l’introduction d’un salaire minimal. Au cas contraire, au lieu de combattre la pauvreté, nous allons nous retrouver avec une hausse du chômage. Précisons que des pays comme l’Angleterre, l’Allemagne, la Malaisie, Hong Kong et bien d’autres ont adopté la même approche. Mais les syndicats déplorent que certains critères, comme le wage ratio et l’income distribution, ne seront pas pris en considération… C’est leur opinion. Je vous ai dit que les critères seront pris en considération. Les syndicats vont siéger au sein de ce conseil, ils auront l’occasion de s’exprimer. Est-il vrai que c’est le salaire horaire qui sera fixé ? Certains syndicalistes cherchent à faire croire que le gouvernement va complètement libéraliser les heures de travail. C’est-à-dire qu’un employeur va pouvoir employer une personne selon l’horaire de son choix. Le gouvernement n’a aucune intention d’amender les heures de travail et aucun employeur ne sera autorisé à modifier les horaires de travail à sa guise. Le salaire minimal a été fixé par heure de travail pour simplement faciliter le calcul entre les salariés permanents et ceux à temps partiel. D’ailleurs, il y aura des règlements dans les Remuneration Orders pour indiquer les augmentations salariales dues au salaire minimal. Le projet de loi mentionne les « young workers  ». Pourquoi ce terme ? Un jeune qui débute dans un emploi n’a pas nécessairement l’expérience requise. Le projet de loi fait donc provision pour un seuil minimal, c’est-à-dire qui sera légèrement inférieur que le salaire minimal. Le jeune pourra ainsi acquérir de l’expérience sur une année. Le but est de faciliter l’accès des jeunes au marché du travail. D’autres pays ont adopté le même principe. L’Angleterre, par exemple, a réussi à faire reculer le chômage des jeunes. La France ne l’a pas adopté et le taux de chômage parmi les jeunes est très élevé.  
 

Reeaz Chuttoo: « Une nouvelle forme d’exploitation »

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/div> Pour le syndicaliste, c’est une trahison de la part du gouvernement. « Le ministre s’était engagé devant les fédérations syndicales à leur donner une copie du projet de loi bien avant de le présenter au Parlement. Nous n’avons reçu la copie que lundi après-midi. Passons... Le plus grave, c’est que le gouvernement a utilisé le salaire minimal pour faire passer des éléments qui sont au détriment des travailleurs. Parmi, il y a le salaire horaire et le terme « young workers », qui va permettre à l’employeur de payer moins que le salaire minimal. À cela, il faut ajouter l’amende de Rs 50 000 pour non-respect de la clause de confidentialité. C’est une nouvelle forme d’exploitation. Le comble, c’est que le ministre aura le dernier mot. Il a le pouvoir d’accepter ou de rejeter les recommandations du conseil », dit-il. Les syndicats vont-ils siéger au conseil ? Il laisse planer le flou. « Siéger équivaut à cautionner le salaire horaire », dit Reeaz Chuttoo. [row custom_class=""][/row]  
 

La crainte des collèges privés

La nine-year Schooling était l’autre thème abordé. Pour Bashir Taleb, l’avenir des collèges privés est menacé, avec le niveau d’admission qui baisse d’année en année. Le président de la Fédération des managers des collèges privés prévoit la fermeture de certains établissements. Il explique que son organisme avait présenté un document au ministère de l’éducation, dans lequel on proposait un mapping de chaque région pour déterminer le nombre d’écoles primaires et de collèges secondaires publics et privés. « On aurait ainsi une idée du nombre d’élèves qui intégreront le secondaire dans quelques années. Permettant une certaine stabilité à ces collèges », affirme-t-il. S’appuyant sur les propos de la ministre de l’Éducation, qui affirmait qu’il y aurait 3 000 élèves en moins en 2018, Bashir Taleb soutient que cela représente « une menace pour une trentaine de collèges » sur un total de 88. Il demande à la ministre Leela-Devi Dookun-Luchoomun la tenue d’une table ronde afin d’évoquer tous les problèmes relatifs à l’introduction de la Nine-Year Schooling. Du côté de la Private Secondary School Authority, son directeur, Shiv Luchmun, explique qu’il n’y aura plus de recalés du CPE. « Tous les élèves seront promus au Grade 7. Ce qui va se traduire par une augmentation des élèves dans les collèges privés », dit-il. Intervenant dans l’émission, la ministre de l’Éducation a expliqué que les critères d’admission (choix des parents, résultats et proximité) dans les collèges restent inchangés. « Sauf qu’il y aura moins de compétition pour l’admission dans les collèges », dit-elle.
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