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Revenge porn et trafic de photos pédopornographiques : deux arrestations dans l’affaire Telegram 

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Depuis mars, une dizaine de plaintes a été enregistrée dans l’affaire de clips et d’images intimes échangés contre de l’argent sur Telegram. Deux hommes ont été arrêtés par la Cybercrime Unit du Central Criminal Investigation Department. Un troisième fait actuellement l’objet d’une enquête approfondie.  

C’est une enquête qui nécessite des preuves irréfutables. La Cybercrime Unit du Central Criminal Investigation Department (CCID) a arrêté deux suspects. Il y avait un millier qui échangeait depuis ces quatre dernières années des photos et des vidéos intimes dans des groupes privés. Ils utilisaient le service de messagerie Telegram.

Des photos d’enfants âgés de 6 à 11 ans étaient également partagées sur cette plateforme, au grand dam de l’Ombudsperson for Children. Elle a ordonné une enquête de la Cybercrime Unit. Les images des jeunes femmes étaient monnayées au moyen de forfaits. 45 clichés et 29 vidéos étaient proposés à Rs 1 000, par exemple.

Un troisième suspect fait actuellement l’objet d’une enquête serrée et son matériel informatique sera vérifié. Il pourrait éventuellement être inculpé. Ce scandale a été révélé par l’assistante juridique Jenssy Sabapathee, le lundi 15 mars. D’autres militantes féministes ont haussé le ton.

#ExpozToManiak

D’où la fronde avec l’appel à la divulgation de l’identité des administrateurs et des membres de ces groupes sur Facebook. Le hashtag #ExpozToManiak a été mis en avant. Cette page et les groupes sur Telegram ont alors été bloqués. Joanna Bérenger a été la première élue à avoir publiquement évoqué l’affaire Telegram. Elle a encouragé les victimes à porter plainte.

Face à l’attentisme des autorités, la députée mauve avait même mis des avocats, menés par Me Nabil Moolna, et des psychologues à la disposition des déclarantes. Elle avait invité les familles des jeunes femmes utilisées pour ce trafic de photos à ne pas leur jeter la pierre.
Cette attitude est aussi appréhendée par la protectrice des enfants, Rita Venkatasawmy, qui a discrètement ouvert une enquête sur les raisons derrière le suicide d’un certain nombre d’adolescentes durant les dernières quatre années. 

Mais, elle doit également faire face au silence des proches qui préfèrent se taire.

Le scandale avait éclaté, alors que le pays était confiné pour la deuxième fois. Seuls les salariés des services essentiels avaient un laissez-passer pour circuler. Les victimes étaient priées de se présenter au poste de police de leur localité. La Cybercrime Unit a alors réuni les dossiers et a procédé à l’identification des suspects.

Sa vitesse d’exécution a été vivement critiquée par les militantes féministes. 

Ce n’est pas Nafisa* qui dira le contraire. À 28 ans, elle vit un cauchemar avec l’affaire Telegram. Elle a porté plainte, sans succès, contre son ex et un harceleur, à plusieurs reprises auprès de la Cybercrime Unit, depuis 2019. 

Après avoir piraté ses comptes sur les réseaux sociaux, ils auraient créé de faux profils d’elle et envoyé des photos à ses proches. « Ils ont juré de me faire souffrir jusqu’à ce que je me suicide. Je suis hors réseaux. Je ne sors plus », indique-t-elle.

Jenssy Sabapathee, elle, a porté plainte contre un ex-membre de la Cybercrime Unit, le mercredi 24 mars et le jeudi 27 mai. Elle l’accuse d’avoir posté des clichés manipulés d’elle sur ces groupes. « Mon visage pris sur mon profil Facebook figurait à côté de trois corps nus différents », lance-t-elle. Dans ce cas précis, le dossier est traité par la Special Cell du CCID, l’Independent Police Complaints Commission.

Une troisième personne est dans le viseur des enquêteurs après l’arrestation de deux suspects récemment.
Une troisième personne est dans le viseur des enquêteurs après l’arrestation de deux suspects récemment. 

Éducation Sexuelle

La psychosociologue Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, qui milite contre la violence envers les enfants, réclame l’adoption de l’éducation sexuelle à l’école. Et elle fait observer qu’il y a eu 41 673 tentatives d’accès par mois à des sites pédopornographiques de janvier à juin 2020. Ce qui représente un bond de près d’un tiers par rapport à 2017.

Il est important, dit-elle, de parler de pédophilie, de pédocriminalité et de sexualité aux mineurs. Car ils se tournent souvent vers des sites adultes, ce qui engendre un cercle vicieux. D’autres militantes, comme elles, s’interrogent sur le manque de réactivité par rapport au mouvement #MeToo. Il a été lancé par de jeunes Mauriciennes sur les réseaux sociaux. Des dénonciations très précises ont été recueillies, mais il n’y a eu aucune suite.

Entretemps, la page MwaFam a aussi été lancée pour donner la parole aux victimes. Celles-ci ont trop longtemps été stigmatisées.

 

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