C’est dans le plus grand anonymat qu’a commencé le combat des Chagossiens. Vijay Makhan, ancien secrétaire aux Affaires étrangères, se souvient du combat mené par Charlesia Alexis.
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« C’était en 1981 à Londres. Elle faisait partie d’une délégation mauricienne, menée par l’ancien ministre de la Sécurité sociale, Kailash Purryag. Elle était aux avant-postes et n’hésitait jamais à se faire entendre. C’était une guerrière », déclare-t-il. C’est en 1967 que Charlesia Alexis et sa famille débarquent à Maurice, car son époux devait venir y suivre un traitement médical. C’est là que les membres de cette famille apprennent qu’ils ne pourront plus regagner Diégo Garcia et s’installent alors dans les bidonvilles de Port-Louis. Pour Vijay Makhan, « cette lutte était méconnue de tous. Le drame qu’a vécu ces milliers de Chagossiens déracinés n’était pas médiatisé et ils étaient pratiquement seuls contre la superpuissance britannique ».
Cette lutte ne peut être dissociée des Chagossiennes. Lisette Talatte, Rita David, Rita Elisée, Jenny Bidot, Rosemay Alexis, Véronique Elfezia sont des exemples qui peuvent témoigner de l’implication de la femme chagossienne dans ce combat. Cette forte présence féminine n’a rien de surprenant pour Vijay Makhan, qui est d’avis que les archipels des Chagos ont développé une culture matriarcale.
Décédée en janvier 2012, Marie Lisette Talatte est ce qu’on peut considérer comme un monument de la lutte chagossienne. Lors d’une émouvante intervention aux funérailles de Lisette Talatte en l’église du St-Sacrement à Cassis, Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos (GRC), l’avait décrite comme étant son guide et sa source d’inspiration. Décédée à l’âge de 70 ans, elle était à la base du premier mouvement de revendications dans les années 70 et était parmi les grévistes de la faim à avoir jeûné pendant 18 jours au Jardin de la Compagnie en 1978.
Iline Talatte, fille de Marie Lisette, peut difficilement dissimuler son émotion lorsqu’elle parle de sa mère. « Étant petite, j’ai vu ma mère se sacrifier au nom de ce combat. Je n’étais qu’une enfant et j’ai vu ma mère faire des grèves de la faim et mener des manifestations », affirme-t-elle. « J’ai fait partie de la délégation qui s’était rendue au siège des Nations Unies l’année dernière où j’ai pu témoigner de cette belle victoire et lorsque je vois le soutien de la communauté internationale, je me dis que le combat mené par ma mère n’a pas été vain », dit-elle.
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