Avec la reprise économique, les Mauriciens peuvent-ils souffler ? Les invités de Florence Alexandre et de Prem Sewpaul ont livré une analyse de la situation dans l’émission Au cœur de l’info, le 23 février. Après deux années sévèrement marquées par les répercussions de la pandémie, l’économie mauricienne remonte la pente. La reprise se traduit notamment dans le tourisme et le secteur de l’exportation. Le premier nommé a engendré des recettes de Rs 64 milliards l’année dernière. Il a été boosté par les facteurs favorables : le taux de change, la hausse du nombre de nuitées et des dépenses touristiques selon Jocelyn Kwok, CEO de l’Association des hôteliers et des restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM).
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Il souligne que les recettes sont supérieures à 2019. Cependant, Ajay Jhurry, président de l’Association of Tourism Operators, a mis un point d’orgue sur la distribution des recettes touristiques. Pour lui, il convient de voir l’industrie dans son ensemble et de déterminer la direction à suivre pour une démocratisation des revenus. Selon l’AHRIM, les réservations pour les cinq premiers mois de cette année sont bonnes. En sus des sièges d’avion, le tourisme aura besoin de 2 000 à 3 000 employés supplémentaires cette année. Main-d’œuvre Selon Jocelyn Kwok, certains hôteliers améliorent les conditions de travail de leurs employés. C’est là un moyen d’être attractif auprès des demandeurs d’emploi. Le recours à la main-d’œuvre étrangère serait en partie une solution. Cette démarche de recrutement au-delà des frontières mauriciennes est également cruciale pour permettre au secteur de l’exportation de réaliser de meilleures performances. Les Export Oriented Enterprises avaient engendré Rs 50 milliards en 2022.
Or, François de Grivel, industriel et chef d’entreprise, avance que les dossiers pour recruter les travailleurs étrangers stagnent au niveau du Prime Minister’s Office. « Les commandes sont garanties jusqu’à juillet prochain. Nous devons être en mesure de les livrer, mais aussi de travailler pour augmenter les volumes de vente », a ajouté François de Grivel. Les procédures pour recruter la main-d’œuvre étrangère affectent également les opérations des PME. La réouverture de la Chine est un défi pour celles-ci. Elles sont dans l’obligation d’avoir recours aux travailleurs étrangers. Sans l’apport de ces derniers, certaines PME devront fermer, a fait comprendre Ajay Beedassy, viceprésident de la SME Chambers.
D’ailleurs, celui-ci est depuis quelque temps dans l’attente d’une réunion avec le ministère du Travail. « La mentalité des Mauriciens a changé, ce qui perturbe la livraison dans certains cas. Le manque de patience pour un meilleur salaire est un facteur qui pousse les jeunes à se tourner vers d’autres secteurs », concède Ajay Beedassy. Dans son analyse, l’économiste Éric Ng a évoqué la nécessité de développer une culture de travail qui valorise les métiers. « Pour l’heure, nous avons une culture où les gens cherchent un emploi au sein du gouvernement, afin de travailler de 9 à 16 heures. Le gouvernement doit arrêter de promettre aux gens qu’ils obtiendront un emploi dans le secteur public », a-t-il estimé.
Pour l’économiste, une révision des salaires et la proposition d’un plan de carrière, par exemple, dans l’hôtellerie, pourrait permettre de résoudre la problématique du manque de main-d’œuvre. La reprise fragmentée de l’économie via le tourisme va créer de l’emploi cette année. Ce qui aura un impact positif sur la vie des Mauriciens. Toutefois, Éric Ng est d’avis qu’il faudra une croissance plus équilibrée cette année.
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