Leela Devi Dookun-Luchoomun, vice-Premier ministre et ministre de l’Éducation, ne veut pas agir dans la précipitation. Elle affirme qu’il a cependant un retard à rattraper. Une décision sur la rentrée scolaire du deuxième trimestre, sera prise ce vendredi.
Le deuxième trimestre démarre le 13 septembre. Quelle formule sera adoptée pour combler le retard pédagogique ?
Notre objectif a toujours été que les enfants puissent compléter leur programme d’étude. On sera toujours motivé par le même raisonnement. Nous devons nous assurer que l’élève arrive à compléter son année scolaire. Toutes les mesures que nous allons prendre sont pour nous assurer qu’il puisse se présenter en toute sérénité aux évaluations.
Quelles sont vos priorités pour cette reprise ?
Nous avons une équipe qui travaille dessus. Nous étudions plusieurs scénarios. Nous irons par étape. Nous présenterons nos possibilités au High Level Committee. Nous allons choisir l’option la plus efficace pour assurer que les jeunes soient protégés. Ensuite, nous ferons approuver l’option par le conseil des ministres ce vendredi avant de le rendre public. La priorité demeure la continuité pédagogique et la sécurité des élèves. Tout dépendra des conseils du ministère de la Santé.
Parmi vos formules, un retour à l’ancien calendrier scolaire est-il prévu ?
Je ne veux pas parler à ce stade en émettant des hypothèses. Nous sommes dans une situation exceptionnelle. Tout se fait dans l’intérêt de l’enfant. Nous sommes à la fin du premier trimestre. Nous allons voir comment évolue la situation.
La priorité demeure la continuité pédagogique et la sécurité des élèves.»
Quelles sont les mesures qui seront prises pour combler le retard pédagogique de 26 jours, parfois plus dans certains cas ?
Nous sommes en train d’évaluer la situation et il va falloir rattraper le retard. Il y a plein de choses en ce moment. Je ne veux pas parler de formule, avant que nous soyons clairs dans notre tête. Il nous faut d’abord avoir l’aval du ministère de la Santé.
La 9 year Continuous Basic Education a été introduite en 2014. Est-ce toujours d’actualité avec la Covid-19 ?
La réforme éducative est bien plus large. Elle comprend la réforme que nous avons apportée au niveau du primaire et du Lower secondary. Ce qu’on appelle 9 year Continuous Basic Education touche aussi la formation technique et technologique ainsi que l’enseignement supérieur. Il y a d’autres facettes que nous prenons en considération comme les Special Education Needs. Nous allons aussi nous concentrer sur le préscolaire durant la prochaine année scolaire. Nous sommes allés vers les examens du National Certificate of Education et des élèves sont admis dans les académies qui accueillent les filles et les garçons.
Au primaire, nous avons introduit la holistic education et les élèves ont appris à s’exprimer avec les communication skills introduits dans toutes les langues. Il y a la natation scolaire qu’on a pu réaliser dans toutes nos écoles pour les enfants de Grade 4.
Vous évoquez souvent la section du Health and Wellness de votre ministère. Comment fonctionne-t-elle ?
Quand on parle de Health and Wellness, on parle de la santé de l’enfant, mais aussi de son bien-être. On l’apprend à gérer ses émotions, à se comporter en société et à travailler avec les autres. Ce sont les compétences que nous avons besoin pour vivre dans l’ère nouvelle.
Durant la pandémie, les élèves ont eu le soutien de nos psychologues. Actuellement, nous avons 34, mais nous aurons 34 autres, dans les prochains jours.
L’option sera approuvée par le conseil des ministres ce vendredi.»
Comment vont-ils fonctionner ?
Ils seront répartis dans les quatre zones éducatives. Quand le besoin se fait sentir, ils iront dans les écoles pour donner l’encadrement nécessaire. Nous augmentons l’effectif pour mieux encadrer nos jeunes, parce qu’ils ont besoin de ce soutien. Il nous faut nous assurer qu’ils puissent évoluer comme des citoyens responsables. Les parents et les élèves peuvent aussi nous demander de l’aide. Nous allons aussi demander aux Educational Social Workers de voir où ils peuvent aider.
Avec la Covid-19, est-ce qu’il y a des élèves des écoles privées payantes qui se sont tournés vers les écoles publiques ?
Nous avons remarqué que depuis 2017, un bon nombre de parents font transférer leurs enfants vers les institutions publiques. Nous avons vu que les transferts tournent autour de 450 par an, pour le primaire et le secondaire, pour des raisons multiples et pas nécessairement à cause de la Covid-19.
Quelles sont les dispositions prises pour les enfants qui n’ont pas de connexion d’Internet ?
Nous avons donné toutes les informations au ministère concerné. À travers le Mauritius Telecom, les familles enregistrées sur le registre social et qui sont dans une région où la connexion est possible sont connectées. Les enfants des Grades 10 à 13 dont les parents sont enregistrés ont reçu une tablette.
Pendant le premier trimestre, plusieurs enfants ont boudé les cours, malgré les dispositions prises par les autorités. Comment les faire s’intéresser aux études ?
Nous ne vivons pas dans une situation facile. Nous sommes conscients qu’il y a beaucoup de difficultés et que les gens ont des craintes. Nous avons mis en place un système pour protéger les enfants. Le gouvernement fait beaucoup pour assurer que les classes peuvent se faire. Les gens doivent être responsables. Il y a des classes avec des enseignants et les élèves doivent suivre.
Comptez-vous revoir le protocole de fermeture d’école de deux jours en cas de contamination ?
Au ministère de l’Éducation, nous avions demandé que ce soit une fermeture d’un jour. Il y a eu quelques cas où les élèves se sont plaints de brûlures, le lendemain. C’est pour cette raison que nous sommes allés vers la fermeture du lendemain pour aérer les salles de classe. Je pense qu’il va falloir qu’on bouge.
Si le ministère de la Santé nous conseille d’aller vers un jour de fermeture, nous le ferons. Il nous faut nous assurer que l’élève puisse regagner l’école et s’adapter à la nouvelle normalité.
Si le ministère de la Santé nous conseille d’aller vers un jour de fermeture, nous le ferons.»
Pourquoi ne pas fermer que la classe où un élève est infecté ?
Tout dépend de l’état d’esprit des gens. Nous sommes conscients qu’on aurait pu le faire, mais il y a des craintes. Lorsque l’école est fermée un jour pour la désinfection et le lendemain pour l’aération, certains parents n’envoient pas leurs enfants à l’école le troisième jour. Nous allons trouver la formule et toujours être guidés par le ministère de la Santé. Il faut aussi se dire qu’une partie de la population est déjà vaccinée. Nous attendons les vaccins Pfizer pour les élèves. Le gouvernement a déjà dit que ce vaccin est réservé pour les élèves de 12 à 17 ans.
Pouvez-vous nous donner une indication sur la date d’arrivée de ces vaccins ?
Nous savons qu’une cargaison va arriver. Quant à la date, c’est au ministère de la Santé de l’indiquer. Ils ont tous les jours des nouvelles à ce sujet et la situation évolue.
Quelle est la politique du ministère de l’Éducation concernant l’éducation supérieure ?
Nous avons notre projet pour nos enfants. Nous voulons que nos jeunes soient bien équipés pour faire face aux défis qui surgiront devant eux. En même temps, nous ouvrons nos portes et nous permettons aux étudiants de la région de profiter du système que nous avons ici. Nous recevons 50 boursiers du continent africain qui entrent au pays graduellement. Cependant, ils doivent être vaccinés et attendre les 14 jours requis. Avec les institutions tertiaires qui ouvrent leurs portes en octobre, ceux qui souhaitent venir doivent faire leur demande dans ce sens.
Est-ce faire de Maurice un Education hub ?
Il nous faut mettre l’accent sur la qualité de l’éducation. Nous travaillons avec la Higher Education Commission (HEC), la Quality Assurance Authority (QAA) et des partenaires étrangers. L’Université de Maurice (UoM) bouge vite pour devenir une Entrepreneurial University. L’Open University est en train d’élargir sa panoplie de cours, l’Université des Mascareignes en collaboration avec l’Université de Limoges offrent des possibilités de Masters tout comme l’University of Technology Mauritius, (UTM). Polytechnics Mtius Ltd, qui est devenu un autre fleuron dans notre paysage éducatif, offre beaucoup de cours intéressants aux jeunes Tout cela est possible parce que nous vivons dans un monde nouveau et avec de nouvelles perspectives.
Ces derniers jours, nous avons beaucoup parlé du critère des cinq Credits, mais aussi encouragé ceux qui ne l’ont pas obtenu à se tourner vers les centres du MITD (Mauritius Institute of Training and Development) ou le Polytechnics Mtius Ltd. Quels en sont les avantages ?
Les élèves qui n’ont pas obtenu les cinq Credits peuvent se tourner vers d’autres centres de formation. Toutefois, il est important de croire dans l’élève. Je suis confiante que les élèves qui ont obtenu trois ou quatre Credits peuvent continuer leur formation à travers différentes filières, dont la technologie, académique, technique, artistique, entre autres.
Toute cette panoplie de cours permet au jeune de bouger vers le Life-Long Learning. À travers le monde, il y a des jeunes qui, après leur scolarité, choisissent d’entrer dans le monde du travail et continuer leurs études en parallèle.
Quels en sont les avantages ?
Il y a beaucoup de jeunes qui peuvent aller au Fashion and Design Institute (FDI) ou à l’École hôtelière, au Lycée Polytechnique de Flacq ou dans d’autres centres et continuer leurs études tout en travaillant. Il existe également des jeunes qui ont fait leurs études dans ces centres et complètent leurs études à l’Université de Maurice, à l’Université de Technologie ou ailleurs. Il y a plusieurs opportunités qui permettent à quelqu’un de continuer à étudier. C’est possible pour tout le monde. Il faut croire dans nos jeunes et croire qu’ils puissent pleinement contribuer dans la société et à l’économie du pays. Par ailleurs, l’élève ayant obtenu ses cinq Credits au niveau du School Certificate (SC) ou qui a un Higher School Certificate (HSC) peut se tourner vers ces formations. Il faut un changement dans la façon de voir les choses.
Ces centres ont-ils revu leurs programmes d’études en fonction du marché du travail ?
Certainement. Lorsque nous sommes arrivés en 2014, nous sommes arrivés avec la vision 2030. On a parlé d’une économie qui allait bouger vers une autre étape. Avec une vision pareille, il nous faut préparer les personnes pour ce type d’économie que nous aspirons à avoir. C’est donc la formation qui doit être revue. Depuis 2014 à ce jour, nous nous sommes attelés à revoir l’éducation dans son ensemble, que ce soit dans nos écoles, nos académies, nos universités, nos polytechniques.
Le monde du travail évolue si rapidement qu’il faut préparer nos jeunes à s’adapter à cette évolution. Toutes les instances internationales affirment que vous ne pouvez pas rester dans un domaine pour le restant de vos jours, vous devez changer plusieurs fois. Pour pouvoir le faire, nous devons préparer nos jeunes à acquérir les compétences voulues pour qu’ils puissent s’adapter à de nouvelles choses. Ils doivent pouvoir se réinventer et être des Life Long Learners. Que ce soit dans la filière académique, technique ou technologique, les gens devraient pouvoir revoir leurs compétences.
Il faut surtout comprendre que ce n’est pas une fin en soi d’avoir moins de cinq Credits. Nous avons ouvert de nouvelles possibilités. Nous donnons la possibilité à nos jeunes de s’épanouir, peu importe leurs intérêts et compétences. Nous croyons dans les intelligences multiples.
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