Rachats des actions détenues dans l’hôtel Ambre : la demande ferme de Rs 48 M d’Armand Apavou intéresse la FCC

Comment le deal pour le rachat des actions du groupe hôtelier Apavou est passé de Rs 2,1 milliards à Rs 2,4 milliards ? La FCC s’attelle à approfondir son enquête pour déterminer s’il existe des liens privilégiés entre Renganaden Padayachy et Armand Apavou, patron du groupe Apavou.

Armand L. Apavou, qui figure parmi les personnes les plus riches de La Réunion, est l’un des principaux protagonistes du deal entre la Mauritius Investment Corporation Ltd (MIC) et Eastcoast Hotel Investment Ltd / Hôtel Ambre. Il intéresse fortement la Financial Crimes Commission (FCC), chargée d’enquêter sur une présumée malversation de Rs 300 millions au détriment de la MIC dans ce rachat d’un montant de Rs 2,4 milliards.

À la tête d’Apavou Holding Ltd, Armand Apavou devrait également être entendu par la FCC afin de faire la lumière sur les circonstances ayant mené à une révision du montant initial du rachat de 1 596 actions de classe B par la MIC d’Eastcoast Hotel Investment Ltd (propriétaire de l’hôtel Ambre, situé à Belle-Mare), passant de Rs 2,1 milliards à Rs 2,4 milliards – soit une différence de Rs 300 millions. C’est en décembre 2022 qu’Armand Apavou avait proposé à la MIC de racheter ses parts au sein d’Eastcoast Hotel Investment Ltd, société propriétaire de l’hôtel Ambre du groupe Apavou.

Au sein du Réduit Triangle, les enquêteurs de la FCC se sont déjà saisis des « Documentary Evidences » portant sur des échanges de correspondance entre le groupe Apavou et la MIC. Notamment un accord écrit d’Armand L. Apavou adressé à l’Officer in Charge de la MIC, en date du 9 janvier 2024, où Armand Apavou réclame que la cession de 70 % de ses actions au sein d’Eastcoast Hotel Investment Ltd soit effectuée au prix ferme et exceptionnel de 48 millions d’euros.   

Les enquêteurs souhaitent désormais remonter jusqu’à Armand Apavou pour mieux comprendre les dessous de cette transaction, dans laquelle la société Verde Frontier Solutions, appartenant au couple Dirish et Veena Noonaram, considéré très proche de Renganaden Padayachy, aurait agi en tant qu’intermédiaire, soit en tant que « Transaction Advisor ». 

L’interrogatoire éventuel d’Armand Apavou et de ses collaborateurs devrait permettre à la FCC de comprendre de quelle manière leur groupe hôtelier, présent dans le secteur touristique à Maurice depuis 25 ans, a eu recours aux services du prestataire Verde Frontier Solutions. Les enquêteurs devront établir si ce dernier a été imposé au groupe Apavou en tant que Transaction Advisor, afin de faciliter la répartition de l’excédent de Rs 300 millions. La FCC a d’ores et déjà lancé une opération de money trail pour retracer cette somme. La FCC soupçonne fortement que Verde Frontier Solutions aurait joué un rôle central dans la redistribution des Rs 300 millions – montant qui reste l’élément-clé de cette affaire.

À ce jour, la FCC n’a pas encore défini le timing pour l’interrogatoire d’Armand Apavou, propriétaire du groupe qui est installé à l’île sœur (La Réunion), où il gère également plusieurs affaires. Dès cette semaine, les enquêteurs approfondiront leurs investigations afin de déterminer s’il existe des liens privilégiés entre Renganaden Padayachy et Armand L. Apavou, et si ces liens auraient permis des faveurs dans le cadre de ce deal, à la suite de pressions alléguées du ministre sortant. Ce dernier est accusé par le quatuor Harvesh Seegolam / Jitendra Bissessur / Mardayah Kona Yerukunondu / Ken Poonoosamy d’avoir exercé des pressions concernant ce deal.

Cependant, lors de sa séance d’interrogatoire samedi, Renganaden Padayachy a rejeté ces accusations, affirmant que la Banque de Maurice est une institution indépendante par la loi, et qu’en sa qualité de ministre des Finances, il ne pouvait s’ingérer dans les décisions de la Mauritius Investment Corporation, entité détenue par la Banque de Maurice.

Renganaden Padayachy face à la justice ce lundi

Les enquêteurs de la FCC devront faire le point sur l’avancement de l’enquête concernant Renganaden Padayachy au tribunal de Port-Louis ce lundi. Le ministre sera également présent en Cour.

À ce jour, la séance d’interrogatoire du ministre sortant a considérablement progressé, comme l’a confirmé Me Raouf Gulbul samedi, à l’issue d’un interrogatoire de près de huit heures. Accusé du délit de « Fraud by abuse of position », Renganaden Padayachy a fermement rejeté les accusations portées contre lui.