
Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a levé le voile, le mardi 6 mai, sur les rémunérations perçues par Sattar Hajee Abdoula et sur ses fonctions de 2015 à 2024 dans des entités liées à l’État.
Publicité
Il a apporté des précisions chiffrées et documentées sur les fonctions exercées et les revenus perçus par Sattar Hajee Abdoula dans divers organismes publics et semi-publics depuis 2015. En réponse à une question parlementaire du député Roshan Jhummun, élu de Rivière-des-Anguilles/Souillac, le chef du gouvernement a affirmé vouloir rompre avec le silence de son prédécesseur, Pravind Jugnauth, sur ce dossier jugé d’« intérêt national ».
Rs 37,3 millions comme président de SBM Holdings Ltd
Sattar Hajee Abdoula n’a pas siégé au sein d’organismes parapublics en tant que président ou membre de conseil de 2015 à 2024. Il a toutefois occupé des fonctions de premier plan au sein du secteur bancaire. Il a été président du conseil d’administration de SBM Holdings Ltd à partir du 11 mars 2020. Il a également siégé dans plusieurs comités internes ainsi qu’au sein du conseil d’administration des filiales du groupe bancaire. Il a quitté ses fonctions en novembre 2024. Pour cette période couvrant quatre années, le groupe SBM lui a versé un total de Rs 37,3 M. Il a touché Rs 16,6 millions en tant que président et membre de comités de SBM Holdings Ltd et 20,7 millions en tant qu’administrateur au sein de ses filiales.
Professionnel de l’insolvabilité
La deuxième partie de la réponse du Premier ministre a concerné les activités de Sattar Hajee Abdoula dans le domaine de l’insolvabilité, exercées via la société Grant Thornton (Advisory Services) Ltd, dont il est un des directeurs. Sous ce chapeau, il a été choisi par la MauBank Ltd pour offrir ses services pour s’occuper de treize compagnies. Navin Ramgoolam a dénoncé ce qu’il a qualifié de « conflit d’intérêts manifeste » et de potentiel « malpractice ». Car des paiements pour des services d’administration ou de liquidation avaient dans ces treize cas été effectués à une Grant Thornton (Advisory Services) Ltd dans laquelle l’intéressé occupe la fonction de Senior Director. « Ce dossier sera confié aux autorités concernées pour enquête », souligne Navin Ramgoolam.
De 2015 à 2024, Sattar Hajee Abdoula a perçu : Rs 10,9 millions en tant que Receiver pour sept sociétés et Rs 600 000 en tant que Joint Receiver pour trois sociétés. Il a touché Rs 6 millions en tant que liquidateur d’une société, Rs 2,3 millions en tant que coliquidateur d’une autre et Rs 1,9 million comme administrateur.
D’avril 2020 à septembre 2021, il a été nommé coadministrateur d’Air Mauritius Ltd, alors sous administration volontaire. Cette mission a généré un paiement global de Rs 141 millions à Grant Thornton (Advisory Services) Ltd. Une somme supplémentaire de Rs 5 millions a été versée pour son rôle d’administrateur d’Airmate Ltd, filiale d’Airport Holdings Ltd.
D’autres fonctions et un total de Rs 287,2 millions
Le Premier ministre a également rappelé que Sattar Hajee Abdoula avait été nommé assesseur au sein de la commission d’enquête sur la cession des actions de BAI Co. (Mauritius) Ltd dans Britam Holdings Ltd (Kenya). La commission avait été créée en 2017 par le gouvernement d’alors. Une rémunération de Rs 2,2 millions lui avait été accordée pour cette fonction.
Enfin, les paiements effectués par des organismes publics, des entités parapubliques et des entreprises utilisant des fonds publics à Grant Thornton Ltd et Grant Thornton (Advisory Services) Ltd — sociétés où Sattar Hajee Abdoula détient un intérêt direct — s’élèveraient à Rs 79,6 millions, Rs 28 millions provenant du groupe SBM.
Au total, Rs 287,2 millions auraient ainsi transité en faveur de Sattar Hajee Abdoula ou d’entités auxquelles il est directement lié, durant une période de neuf ans.
Une enquête en perspective
« C’est une indication de la sorte de relation incestueuse entre certaines personnes et ceux qui étaient au pouvoir sous le précédent régime », a lancé Navin Ramgoolam. Il a également annoncé qu’une enquête approfondie est en cours pour examiner les ramifications potentielles, les conflits d’intérêts et d’éventuelles pratiques fautives.
Navin Ramgoolam précise de plus que l’information donnée le mardi 6 mai à la Chambre n’est pas « exhaustive ».

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !