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Progression du variant Delta : comment les PME font face à la pandémie

Plus fragilisées de par leurs structures, les PME sont particulièrement affectées par les absences d’employés et autres inconvénients causés par la pandémie. Comment s’en sortent-elles alors que la variant Delta étend ses tentacules à travers le pays ? Quelles sont leurs craintes ? Que recommandent-elles ? Le point.

Les cas de contamination gagnent les familles mauriciennes, mais aussi les entreprises. Dans certaines compagnies, les absences dues aux cas positifs au virus sont devenues récurrentes. Pour Sanjay Mungur, CEO d’Empretec, les PME sont plus affectées que les grandes entreprises par la progression du variant Delta. Et cela à divers niveaux. « Une petite entreprise emploie bien souvent une seule personne pour une fonction en particulier alors que dans une entreprise de plus grande taille, on retrouve cinq voire plus de personnes à faire la même tâche. Or, si cette personne est testée positive et doit s’isoler, ce poste est en panne et l’entreprise peut accuser des retards », explique-t-il. 

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De même, si c’est un employé chargé de la distribution qui se retrouve en isolation, c’est la livraison qui est affectée et cela entraîne un problème de cash-flow. « C’est tout un engrenage qui est bloqué », fait ressortir notre interlocuteur.  Dev Santchurn, directeur de Julien R, abonde dans le même sens. « La pandémie a un impact plus important sur les PME, car celles-ci ont des structures plus faibles et elles ont peu d’employés », soutient-il. 

A contrario, dans les grandes entreprises, l’environnement du travail est plus propice, soutient Sanjay Mungur.  « Elles s’y connaissent en protocole contre la pandémie et arrivent à faire la sensibilisation des employés. En cas d’absences ou d’autres inconvénients liés à la pandémie, les grandes entreprises, dépendant de la nature de leurs activités, sont plus aptes à pratiquer le télétravail », conclut le CEO d’Empretec. 

Dans la crainte d’un troisième confinement

Au sein des PME, on craint qu’il y ait un troisième confinement. Pour les opérateurs, une telle mesure fera plus de tort que du bien. « Un nouveau confinement ne sera pas approprié pour le moment, ni pour les entreprises, ni pour les employés et encore moins pour l’économie du pays. Je ne crois pas que le gouvernement et les entreprises auront les moyens de soutenir un troisième confinement. Les magasins ont souffert du confinement et de la fermeture des frontières. Les touristes reviennent et les affaires reprennent peu à peu. Nous devons nous inspirer de la Chine dont l’économie continue de tourner malgré tout », souligne Hans Bhowaneedin. Pour lui, la solution c’est de suivre le protocole et d’adopter sans compromis les précautions d’usage. Quant à Dev Santchurn, il est d’avis que la décision d’imposer un troisième confinement est une mesure très difficile à prendre. « D’un côté, il faut protéger la santé et sauver des vies. Et de l’autre côté, il faut bien vivre. Et pour vivre, il faut travailler. Il faut trouver le juste milieu. Il faut prendre les précautions et continuer à travailler », soutient-il. De son côté, Kalyanee Hurry insiste que chacun doit assumer ses responsabilités et prendre les précautions d’usage. « Un confinement nous fera reculer et causera un tort terrible à l’économie. Cette pandémie affecte tous les pays indistinctement. Nous devons apprendre à vivre avec », conclut-elle.


Kalyanee HurryKalyanee Hurry, directrice de Flavours of Mauritius 

La contamination à la Covid-19, Kalyanee Hurry, directrice de ‘Flavours of Mauritius’, en sait quelque chose. Tout commence vers mi-octobre, la compagnie, qui est spécialisée dans la confection de snacks et qui compte huit employés incluant trois à temps partiel, a vu un de ses employés être contaminé par le virus. Deux jours plus tard, ce sont deux autres employés qui sont testés positifs. La compagnie ferme alors ses portes pour quelques jours et les employés malades se retrouvent, eux, en isolement. 

Quand ‘Flavours of Mauritius’ rouvre ses portes, la pandémie sévit de nouveau et frappe un autre employé, suivi de deux autres. Kalyanee Hurry se retrouve, elle aussi, positive à la Covid-19. L’entreprise restera alors fermer pour dix jours. Une situation qui n’est pas sans effet. « Définitivement, le travail a été affecté. Il n’y a pas eu de production. Nous essayons aujourd’hui de rattraper petit à petit le retard sur nos commandes », explique-t-elle. Et d’ajouter : « En temps normal, nous constituons un stock en novembre. Mais là, nous devons rattraper notre retard avant de le faire ». Et pour ne pas arranger les choses, Kalyanee Hurry fait face à un manque de certaines matières premières sur le marché, comme le fromage en bloc, l’huile de table, entre autres. « Quand nous arrivons à en procurer, les prix de ces produits ont grimpé », déplore-t-elle. Kalyanee Hurry ne baisse pas pour autant les bras. « Nous avons traversé le plus dur », soutient-elle, tout en gardant son optimisme.


Sita SaminadenSita Saminaden, directeur de Stephen Business School

« La transition du présentiel au travail en ligne s’est faite en un jour » 

Qui dit propagation de la pandémie, dit adaptation ! Chez Stephen Business School - une école privée qui dispense des formations pour des ‘Advanced diploma in business’, ‘Advance diploma in hospitality’ ainsi que des cours d’ACCA -, on a su faire la transition. « Nous nous sommes inspirés des formations que nous avons suivies avec le National Productivity and Competitiveness Council (NPCC) pour mettre en place un Business Continuity Plan. Ainsi, dès que le ministère de l’Éducation a annoncé la fin des cours en présentiel, nous avons mis en place les paramètres nécessaires et nous sommes passés en mode classe en ligne en l’espace d’un seul jour », indique Sita Saminaden, directrice de Stephen Business School. Tous les élèves ont été contactés. Les lecturers, qui travaillent désormais à domicile, savaient comment procéder. Et l’administration, qui fonctionne toujours en présentiel à travers d’un système en rotation, a mis en place toutes les dispositions veillant à faciliter la transition en ligne. Si l’école privée a pu s’adapter au contexte, elle fait face cependant à un autre défi. « Nous sommes affectés au niveau du recrutement des étudiants. Depuis la pandémie, un certain nombre de parents ont perdu leur emploi ou ont vu leurs salaires être réduits. Nous avons donc moins de recrutement d’étudiants car les parents ne peuvent se permettre de payer les formations de leurs enfants », explique Sita Saminaden.


Dev SantchurnDev Santchurn, directeur de Julien R 

« La productivité et le business en général ont pâti » 

Dev Santchurn, directeur de Julien R, est inquiet. « Avec le variant Delta qui gagne du terrain et chaque jour un de plus, la situation devient grave », soutient-il. L’entrepreneur se dit rassuré qu’il n’y a pas eu de cas positif au sein de sa compagnie, à l’exception d’un cas suspect (Ndlr ; l’employé en question a été en isolement par mesure de précaution). Il faut dire que la compagnie s’assure quotidiennement que tout le protocole soit suivi à la lettre. « Tous les jours, nous avons une réunion avec nos employés pour les sensibiliser, les soutenir et nous leur recommandons aussi de nous faire savoir s’ils sont malades. Car il suffit qu’un seul employé soit contaminé pour que d’autres membres du personnel le soient aussi. Tout se fait en équipe. Nous sommes une usine de fabrication et nous ne pouvons pas travailler à la maison », fait ressortir l’entrepreneur. 

Pour Dev Santchurn, la pandémie a aussi créé un traumatisme. « Les employés ont peur de voyager et de venir travailler. Quand ils travaillent, ils ont l’esprit ailleurs. Ils pensent à la pandémie et à leurs familles », constate-t-il. Ce qui a entamé la productivité, explique-t-il. La progression du variant a également impacté la vente. « La productivité et le business en général ont pâti. Il y a une certaine psychose dans le pays. Les gens n’achètent pas comme avant. Ils sortent moins et n’achètent que les produits essentiels. L’incertitude qui règne sur ce qui peut se passer à l’avenir affecte aussi les achats. La crainte est là et les gens ne prévoient rien. La vraie crise, nous la vivons maintenant », soutient Dev Santchurn qui observe une baisse de l’ordre de 80 % en termes de vente.


Hans BhowaneedinHans Bhowaneedin, directeur de Fairy Group 

« Nous rattrapons le retard encouru »

S’il y a bien une chose que les employés de Fairy Group, au nombre de 125 et avec une majorité de Bangladais, ont retenu c’est qu’il faut à tout prix respecter les consignes sanitaires.  Une prise de conscience qui vient aussi du fait qu’une trentaine d’entre eux ont été testés positifs à la Covid-19 un peu avant la réouverture des frontières. « On tournait l’usine qu’avec la moitié des effectifs. Heureusement que tous nos employés étaient déjà vaccinés et que tous ont guéris. Depuis, nous n’avons pas de cas positifs et nous croisons les doigts pour que la situation reste ainsi. Nos employés sont très conscients du danger de la pandémie et ils prennent toutes les précautions d’usage pour éviter la contamination. Nos travailleurs étrangers ont même fait leur ‘booster’ dose », soutient Hans Bhowaneedin, directeur de Fairy Group. La compagnie est spécialisée dans la fabrication de vêtements destinés au marché local et à l’exportation. Il faut dire que depuis ce mois de novembre l’usine fonctionne à plein régime, de lundi à samedi. « Le travail a enfin repris. Nos commandes ont doublé en cette fin d’année. C’est la période où nous travaillons le plus, mais aussi celle où nous avons plus de dépenses, notamment avec le paiement du boni de fin d’année et le remboursement des congés en janvier. Nous rattrapons le retard encouru. Nous ne pouvons-nous permettre d’être affectés de nouveau par le virus », fait-il ressortir. 


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