
La baisse des allocations sociales est effective : la CSG Income Allowance a chuté de 33 % en juin. Dès le mois prochain, la CSG Child Allowance, la CSG School Allowance et la Maternity Allowance seront aussi réduites. Quelles seront les répercussions de cette diminution sur le pouvoir d’achat des ménages ? Éléments de réponse.
Pour Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), cette réduction aura un impact direct sur les familles à faibles revenus, ainsi que sur certaines couches de la classe moyenne. « Ceux qui touchaient la CSG Income Allowance avaient déjà intégré ce revenu supplémentaire dans leur train de vie. Une baisse de 33 % représente un manque à gagner conséquent. Par exemple, pour une famille au bas de l’échelle, une diminution de Rs 1 000 pèse lourd sur le budget mensuel », indique-t-il.
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De son côté, l’économiste Azad Jeetun rappelle que ces allocations étaient initialement des mesures temporaires, d’où leur non-intégration dans le salaire de base. « Il fallait bien, tôt ou tard, réduire ou supprimer ces aides. Compte tenu de la situation économique du pays, il était temps d’y mettre de l’ordre », estime-t-il. Par ailleurs, il se montre favorable à une suppression progressive, qui laisse le temps aux bénéficiaires de s’adapter.
Selon lui, l’impact sur le pouvoir d’achat restera limité. « Une personne qui touche Rs 20 000 par mois perdra environ 5 % de son revenu si l’allocation diminue de Rs 1 000. Ce n’est pas dramatique », dit-il. Plus encore, il prévoit des effets positifs à long terme. « Moins de consommation signifie aussi une pression moindre sur les prix, ce qui contribuera à faire baisser l’inflation », fait-il remarquer.
Les prochaines réductions, qui prendront effet en août, inquiètent néanmoins certains bénéficiaires. Pour Suttyhudeo Tengur, elles risquent de provoquer un déséquilibre dans le budget familial, notamment chez les ménages vulnérables. « Les allocations pour enfants et pour l’école permettaient aux parents de subvenir à certains besoins essentiels : couches, lait infantile, fournitures scolaires. Désormais, ils devront faire des sacrifices supplémentaires », déplore-t-il.
Tensions financières
Par conséquent, il craint une montée des tensions financières au sein des foyers les plus modestes. En revanche, il reconnaît que les ménages aux revenus élevés ne seront pas affectés. « Ces familles n’utilisaient pas nécessairement ces allocations pour leurs dépenses courantes. Certaines les mettaient même de côté comme épargne », explique-t-il.
Azad Jeetun, pour sa part, estime qu’il est temps de revoir en profondeur la logique de distribution de ces aides. « On ne peut pas gouverner un pays en distribuant toutes sortes d’allocations à tout le monde. Il faut corriger les anomalies introduites par l’ancien gouvernement », dit-il. Selon lui, le véritable problème est que ces aides sont versées de manière universelle, sans distinction de revenus. « Même des personnes gagnant plus de Rs 100 000 par mois en bénéficient. Peut-on vraiment dire qu’elles en ont besoin ? », se demande-t-il.
L’économiste regrette ainsi que les allocations touchent indistinctement tous les bénéficiaires. « C’est dommage que ceux qui en ont réellement besoin soient aussi pénalisés. Avant d’introduire des mesures, il faut faire des études approfondies, organiser des consultations et proposer des solutions viables sur le long terme », recommande-t-il.
CSG Income Allowance : la baisse effective dès juillet, malgré le calendrier budgétaire
Alors que le discours budgétaire mentionnait que la baisse de la CSG Income Allowance prendrait effet à la fin du mois de juin, de nombreux employés ont constaté une réduction de cette allocation de juin, perçu en juillet. Logiquement, cette baisse aurait dû s’appliquer à partir de fin juillet.
Pour comprendre ce décalage, nous avons sollicité l’avis d’un expert-comptable. « En effet, cela dépend de la date à laquelle l’entreprise a déclaré les revenus de ses employés auprès de la MRA. Par exemple, si un salarié remarque une diminution de son allocation au mois de juillet, cela signifie que l’entreprise dans laquelle il travaille a soumis ses ‘returns’ avant le 20 juin », explique-t-il.

Témoignages
Christabelle Dorothée, 28 ans : « Chaque roupie compte, surtout pour mon fils »
Christabelle Dorothée traverse actuellement une période financièrement difficile. À 28 ans, elle se retrouve sans emploi après avoir été licenciée à la suite de la fermeture de l’usine Star Knitwear. Depuis, elle est activement à la recherche d’un nouveau travail, mais peine à trouver une opportunité. À cette situation déjà précaire s’ajoute une nouvelle épreuve : la réduction de l’allocation scolaire (CSG School Allowance) dont bénéficie son fils de huit ans. Celle-ci passe de Rs 2 000 à Rs 1 333.
« Cette allocation m’aide à subvenir aux besoins de mon fils. Je l’utilisais principalement pour lui acheter de la nourriture pour l’école ainsi que des fournitures scolaires », explique-t-elle. La baisse de cette aide sociale, combinée à l’absence de revenus fixes, vient aggraver sa situation. « Avec la suppression graduelle de cette allocation, je me retrouve une fois de plus dans une impasse », confie-t-elle.
De surcroît, elle doit faire face à des dettes qu’elle a du mal à rembourser. « Avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, je n’aurai d’autre choix que de faire des sacrifices », déplore-t-elle.
Sailesh, 42 ans : « Les allocations sont mises de côté pour mes enfants »
Sailesh, 42 ans, est comptable dans une entreprise privée. Père de deux enfants âgés de cinq ans et un an, il indique que l’aînée perçoit la CSG School Allowance, tandis que le plus jeune reçoit la CSG Child Allowance. « Ces allocations sont directement versées sur leurs comptes bancaires respectifs. Je ne les utilise pas pour les dépenses courantes. Cet argent est plutôt mis de côté en guise d’épargne pour leur avenir », explique-t-il.
Dans son cas, la réduction annoncée de ces aides n’aura donc pas d’impact immédiat sur son pouvoir d’achat. « Toutefois, avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, je ne sais pas si je pourrai continuer à épargner le même montant pour mes enfants à l’avenir », reconnaît-il. Quant à la CSG Income Allowance, Sailesh précise qu’il n’est pas concerné. « Mon salaire mensuel dépasse Rs 50 000, je ne bénéficie donc pas de cette allocation », dit-il.

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